FUI BANQUERO (J’étais Banquier)

Film réalisé par Émilie Grandperret, Patrick Grandperret

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Ce film est dans la sélection du Festival du Film français qui se déroule actuellement à Cuba
Ci-après le programme complet qui en atteste la richesse et la diversité :

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"Fui banquero", un conte sur la filiation dans une île en pleine mutation.

SYNOPSIS

Olivier débarque à La Havane pour affaires… Mais la banque qui l’emploie change de mains et le voilà tenu de repartir à Paris. Bizarrement, il ne veut pas rentrer en France, où l’attend pourtant sa compagne, enceinte. Il veut rester à Cuba, même en clandestin. Mais ce n’est pas pour les filles, non, (ni pour les garçons), c’est pour une histoire qui le touche de près, une histoire de famille qui remonte à presque 200 ans mais qui pourrait tout changer pour lui aujourd’hui.

En effet, il aurait des ancêtres marins susceptibles d’avoir séjourné dans la région.
C’est une histoire que lui a racontée son père, ce père qui n’a jamais quitté la ville où il est né mais qui voulait, cette fois, et cela aurait été une première, voyager avec son fils. Seulement voilà, il est mort juste avant le départ, laissant quelques papiers qui posent plus de questions qu’ils ne donnent de réponses.
Olivier pense que c’est à Cuba qu’il trouvera la clé.
Le problème est que même si l’île n’est pas immense, c’est quand même grand !

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 13/04/2016

Un Chef d’oeuvre

Dialogue entre Olivier et Pablo :

Olivier : Moi j’avais entendu que les cubains ils pleuraient pour partir...
Pablo : Oui. Mais une fois qu’ils ont connu le monstre, ils pleurent pour revenir.

Le soleil persiste jusque dans la salle , CUBA !!!! Émile et Patrick Grandperret me promènent dans ce voyage à travers leurs regards dans ces ruelles de la Havane , je me laisse emporté dans cette histoire qui nous plonge dans une aventure magnifique et rocambolesque tel un conte , une épopée fantastique , une histoire qui parle d’amour , de l’enfance , de la vie , qui nous interroge avec délicatesse sur une introspection . Je sors de cette séance pleine d’émotion , sur des notes de musique cubaine avec une envie de rhum et de cigare . Le Voyage est réussi . Alors MERCI à Émilie et Patrick Grandperret et à toute leur équipe . À voir absolument !!!!
Bonnie B.

Alors qu’il vient de perdre son père et s’apprête à devenir papa, un banquier débarque à La Havane pour « faire de Cuba un Zurich des Caraïbes ». Mais ce personnage en apesanteur n’a pas un profil de requin. Séduit par l’île, il décide d’abandonner son poste pour partir sur les traces d’un vague aïeul pirate et de son trésor enfoui... Le charme de ce récit de filiation un peu languide vient autant des moues enfantines de Robinson Stévenin que de la chronique d’une disparition programmée : celle du Cuba d’avant l’ouverture. — M.Bl.
Mathilde Blottière

À la recherche du père, par Clément Graminiès
C’est un bien drôle de film, bancal, maladroit mais pas antipathique pour autant, que nous proposent Patrick Grandperret et sa fille Émilie.
Fui Banquero (j’étais banquier) raconte l’histoire d’un jeune homme (joué par Robinson Stévenin) travaillant dans le secteur bancaire et contraint de se rendre à La Havane pour conclure un marché alors que son père vient tout juste de décéder. L’accord économique étant annulé pour des raisons aussi obscures que hasardeuses, notre jeune loup n’a donc plus aucune raison de rester sur le territoire cubain. Sauf qu’une intuition – celle d’y retrouver le fantôme de son père avec qui il avait projeté de faire ce voyage – l’empêche de repartir. Défiant les autorités et ses supérieurs hiérarchiques, il refuse de prendre l’avion et commence une vie clandestine à la recherche de lui-même.

La première partie du film entendrait rendre compte du magnétisme qui se dégage de l’île de Cuba sur ce personnage en quête de repères, prêt à tout plaquer pour trouver sa propre vérité. L’idée pourrait être intéressante tant l’île symbolise une sorte de paradis extraterrestre et que l’amour des deux réalisateurs pour le pays ne fait aucun doute.

Seulement, en se limitant à faire un ou deux pauvres panoramas sur les ruines de la capitale ou à capter la chaleur sensuelle qui se dégage des concerts de musique, le père et la fille ne donnent rien d’autre à voir qu’un Cuba se voulant authentique mais qui ne relève finalement que de la carte postale.

Il faut dire que l’île, qui offre pourtant un potentiel cinématographique hallucinant, est mal filmée et tout particulièrement ses habitants qui ne semblent là que pour servir le cheminement intérieur du jeune banquier en pleine crise existentielle. La naïveté très occidentale avec laquelle les expatriés se mettent à vanter le modèle économique sclérosé cubain peut faire grincer des dents, surtout lorsque ce discours est tenu par un Français installé confortablement dans un bel appartement de la ville.

La chasse aux trésors

Heureusement, le film gagne un peu en légèreté dans sa dernière partie, notamment lorsque notre jeune clandestin se met en tête de retrouver la trace de ses ancêtres pirates qui auraient accosté sur l’île au début du 19e siècle.

Si l’élément déclencheur d’une telle quête est trop téléphoné et trahit les gros problèmes d’écriture du scénario, on peut se laisser attendrir par l’invraisemblance fantaisiste assumée par le récit, loin des discours maladroits et empesés du début sur la situation économique de l’île.

Au gré de rencontres improbables avec des intellectuels cubains (qui n’ont pas l’air de tous être des acteurs et se prêtent au jeu avec une certaine malice), c’est toute la mythologie de l’île qui se dévoile et qui fait de Fui Banquero (j’étais banquier) un conte naïf : à coup de légendes, notre héros expatrié se transforme alors en chercheur d’or aux confins du pays, s’appuyant sur des messages cryptés censés l’informer de l’endroit où serait enterré un trésor.

Il est dommage que le virage ludique engagé par le film dans sa conclusion et l’implication de certains acteurs (Antoine Chappey, attachant et roublard à chacune de ses apparitions) ne soient pas davantage soutenus par de vrais partis-pris esthétiques.
Malheureusement, les grandes faiblesses de mise en scène – sans saveur du début à la fin et lourdement symbolique, notamment lors des apparitions du père décédé – et de montage – multipliant d’affreux faux raccords en dépit d’une appréhension logique des espaces – ne permettent jamais au film de s’élever au-delà de ses trop modestes prétentions.

Sympathique par son humilité revendiquée, Fui Banquero (j’étais banquier) ne se déleste néanmoins jamais de son image de film amateur beaucoup trop anecdotique pour marquer les esprits.