Un geste altruiste et solidaire

Tchernobyl, trente ans après la catastrophe

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Après l’explosion de l’un des réacteurs nucléaires de la Centrale Electro-nucléaire de Tchernobyl il y a 30 ans, Cuba, sous la juste conduite de Fidel, a donné au monde une de plus grandes leçons d’humanisme en accueillant les victimes du dite accident.

Par Sergio López Brieli pour le quotidien Juventud Rebelde et traduit par Juanita Sanchez

Sur la photo/logo, le Président Fidel Castro à la descente du premier avion arrivant d’Ukraine.

Continuer à aimer les êtres les plus précieux de notre planète : les enfants, les vrais trésors de l’humanité.

Cette année on arrive à la troisième décennie de cette fatidique et triste nuit du 26 avril de 1986, dans laquelle a eu lieu par accident le plus grand désastre que l’humanité toute entière avait connu jusqu’à ce moment en matière d’utilisation de l’énergie nucléaire dans des buts pacifiques : l’explosion d’un des réacteurs de la Centrale nucléaire de Tchernobyl, dans l’une des plus riches et belles régions de l’Ukraine, pleine de forêts.

C’est au cours de l’été 1989, tandis que j’étais le Secrétaire Exécutif de l’Association d’Amitié Cubaine-Soviétique que j’ai été nommé par le Gouvernement Révolutionnaire de la République de Cuba, Consul Général en République Socialiste Soviétique de l’Ukraine.

Pendant l’automne de cette même année, trois ans après l’accident, quand j’étais en train de me présenter auprès des autorités de l’Ukraine en qualité de Consul Général, le premier secrétaire du Comité Central du Komsomol, Anatoly S. Matvienko me raconta la situation de santé si grave qu’un bon nombre de garçons et des filles de ce pays traversaient. D’après lui, il craignait tant le futur que la garantie de la survivance de la population de l’Ukraine. Jusqu’à ce moment-là la situation était assez méconnue. Moi, j’ignorais la réalité des dégâts qui avaient eu lieu. Il m’a invité à parcourir certains hôpitaux.

L’entretien avait eu lieu un jeudi et le samedi j’avais déjà reçu des réponses de La Havane et de notre Ambassadeur à Moscou, le Commandant Julio Camacho Aguilera, concernant la possibilité de Cuba d’envoyer immédiatement, sur place trois professeurs de médecine dont le but serait d’évaluer in situ les pathologies principales et leur portée sur la santé des enfants de l’Ukraine.

Une fois acceptée la proposition, la semaine suivante arrivaient en Ukraine les Docteurs Manuel Ballester et Richard Güell, Directeurs des Instituts d’Hématologie et d’Endocrinologie et la Dr Martha Long Chong, spécialiste principal d’Oncologie à l’Hôpital d’Oncologie Pédiatrique de la République de Cuba.

Au cours de deux mois les trois médecins ont visité les enfants dans les hôpitaux pédiatriques, en consultations et mêmes chez eux, dans des villages lointains aux alentours de Tchernobyl, qui étaient les zones les plus touchées par l’accident de la centrale.

Le travail de nos médecins a exigé d’eux un grand effort personnel pour surmonter les difficultés, mais leur formation, leur prudence, leur profonde sensibilité humaine et le sentiment de la noblesse de leur profession les ont conduit vers l’acquittement de leur devoir et ils ont présenté un programme d’aide aux enfants les plus souffrants, dont quelques uns avec des diagnostiques de vie sous réserve ; il s’est avéré donc nécessaire de les faire venir chez nous pour un suivi dans le système intégral de Santé Publique.

Quand 139 enfants avaient déjà été choisis pour voyager avec quelques uns de leurs parents ainsi que d’une délégation de médecins ukrainiens, le 18 mars 1990 une réunion a eu lieu au siège du Ministère de la santé Publique de Tchernobyl dans laquelle le Ministre de la Santé de ce pays a exprimé son remerciement pour le programme présenté par Cuba et pour le travail déployé par les médecins cubains, mais que les enfants ne pourraient pas voyager dans notre île vu les difficultés dans le transport aérien.

Dans la dite réunion participaient le Premier Vice-ministre de la Santé Publique de Cuba et le nouvel Ambassadeur à Moscou, le Commandant Dr José Ramon Balaguer Cabrera, qui étaient vénus à Kiev pour être présents au départ des enfants, alors ils ont demandé au ministre de la Santé de l’Ukraine, M Spichenko si c’était la seule difficulté qui existait.

On a argumenté que la partie cubaine n’y voyait pas d’obstacle entravant les soins à apporter à ce premier groupe d’enfants dont les familles avaient de l’espoir aux soins médicaux de notre pays. On a ajouté que pour ce faire le Président des Conseils d’Etat et de Ministres de Cuba, le camarade Fidel Castro Ruz, avait mis à disposition deux avions Il-62 de Cubana d’Aviation. Et c’est ainsi que finalement le départ des enfants pour la Havane a été autorisé.

Deux jours après, le 20 mars 1990, à 11:00 h, heure de Kiev, les deux avions à destination de La Havane ont entrepris leurs vols : le premier avec des enfants malades : vitiligo, psoriasis, alopécie et d’autres maladies moins graves. Il y avait aussi certains parents et des médecins ukrainiens. Dans le deuxième avion il y avait les enfants avec des maladies plus graves, telles que la leucémie avancée, des tumeurs, des pathologies différentes du cou et respiratoires parmi d’autres.

Quand le deuxième avion a fait son escale technique à Gander, au Canada, on a été obligés de demander un permis pour continuer dans l’espace aérien un certain temps parce que un enfant très petit était rentré dans état critique, mais 20 minutes après sa situation s’était stabilisée grâce au savoir faire des médecins et des infirmières cubains.

Pendant ce temps le commandant Fidel Castro et d’autres hauts responsables du Parti, du gouvernement, de l’UJC, de l’Organisation des Pionniers « José Martí » et des organisations de masses, accueillaient le premier avion et parlaient avec les parents des enfants ukrainiens sur la portée réelle des pathologies et le nombre d’enfants malades.

Une fois le premier avion atterri et tandis qu’on attendait le deuxième où l’on voyageait dans un sorte d’avion hôpital, le Gouvernement cubain avec l’UJC et l’Organisation des Pionniers « José Martí » ont pris la décision de transformer le campement des pionniers de Tarara comme base pour recevoir annuellement de milliers de garçons et de filles ukrainiens pour des tests médicaux fiables et pour les soins des malades.

Quand le deuxième avion a atterri, la dimension et noblesse habituelles de Fidel se sont montrées encore une fois dans les paroles qu’il a exprimé : « je ne veux pas que tu ailles ni a la télévision ni aux mass médias ukrainiens, ni que vous receviez la presse du Consulat Général, parce que nous n’avons pas fait cette acte pour avoir de la publicité ».

Il m’a dit tout de suite de faire le lendemain le tour des hôpitaux où seraient hospitalisés les enfants et des maisons où allaient vivre les membres de leurs familles et les médecins ukrainiens dans le but de ramasser des lettres. Il m’a demandé de renter toute de suite à Kiev pour informer les familles et les autorités sur les soins et les conditions préparés pour accueillir ce groupe d’enfants.

C’est ainsi que le 20 mars 1990 est né le Programme de l’Etat Cubain pour l’Accueil des «  Enfants de Tchernobyl » telle qu’il a été baptisé avec amour par le peuple cubain. Il a été très touchant de voir ce peuple, presque au début de la « période spéciale » de notre pays, visiter les hôpitaux avec dans les mains des fruits, des aliments, des peluches, des pyjamas, des draps de lit et se porter volontaire pour des dons de sang … parmi d’autres. De son côté, l’Etat Cubain avait garanti le ravitaillement.

Des vagues humaines avaient commencé à arriver à Tarara en tant que bénévoles pour travailler au réaménagement du camp qui était jusqu’alors le Campement National des Pioniers « José Marti », lequel dans un geste altruiste et solidaire sans pareil les enfants cubains ont remis aux enfants ukrainiens.

Un hôpital a été aménagé, les maisons où ils allaient vivre, les cantines, le théâtre et d’autres, tel qu’une école de différents niveaux pour qu’ils puissent suivre leurs cours ainsi qu’une petite chapelle de l‘église Orthodoxe.

On doit souligner le rôle fondamental joué par le Fond de la Jeunesse de Tchernobyl qu’on venait de créer, dans le maintien du pont aérien entre Kiev et La Havane, parce que seulement avec des dons sociaux, privés et des entreprises ukrainiens, on a ramassé de l’argent pour faire venir tous les mois des avions avec des nouveaux patients et faire rentrer ceux déjà soignés, ce qui a atteint la chiffre extraordinaire de 25 000 enfants traités à Cuba et pendant les premiers 12 mois des enfants russes et biélorusses des zones envahies par des substances radioactives en provenance de l’accident en ont aussi bénéficiés.

Il faut souligner d’une façon spéciale le labeur de tous en général et de chaque spécialiste en particulier, travailleurs des sciences et des services médicaux de Cuba, les vrais protagonistes du diagnostic juste, des greffes, des opérations à haut risque et des différents traitements, y compris les psychologues, à tant de garçons et de filles, ainsi qu’à plus de 2 000 membres de leurs familles qui ont été aussi traités par les médecins cubains.

Je saisi cette occasion pour souligner le saut donné par le projet avec l’arrivée de Leonid D. Kuchma à la présidence de l’Ukraine, qui avec sa femme, Liudmila Kuchma, ont travaillé pour que le cas des enfants de Tchernobyl devienne un Programme de l’Etat de l’Ukraine et garantir ainsi le financement des avions faisant la navette à La Havane.

Dans cette même direction, quand le président Fidel Castro Ruz a parlé sur la possibilité de faire venir en Ukraine des médecins pour travailler dans un Centre de Diagnostic et Sélection et ainsi pouvoir recevoir des milliers de garçons et des filles par an pour des diagnostics précoces et efficaces, en plus de ceux qui allaient continuer leur traitement à Cuba, le président D. Kuchma a choisi l’un de meilleurs et de plus grands campements de pionniers de Evpatoria, en Crimée, qui a commencé son travail avec neuf spécialistes cubains auprès des collègues ukrainiens.

Parmi les exemples que l’on pourrait donner de cet esprit de suite sans bornes ainsi que du fait de surmonter tous les obstacles avec dévouement tant de la part du Gouvernement Révolutionnaire que du peuple cubain, il y a celui d’avoir sauvé la petite Yulia, gravement malade, avec un pronostic de vie réservé, qui le matin même du départ de l’avion avait rejoint le groupe avec sa mamie et qui aujourd’hui est une belle et jeune professionnelle diplômée de l’Université de Kiev.

Nous pouvons être heureux nous qui, directement ou indirectement, avions eu la belle opportunité de participer dans ce geste de solidarité sans pareil, sous la direction permanente et attentive du leader de la Révolution Cubaine, et respirer calmement jusqu’à nos vieux jours ainsi que continuer à aimer les êtres les plus précieux de notre planète : les enfants, les vrais trésors de l’humanité.

Sur l’auteur :
Consul Général en République Socialiste Soviétique de l’Ukraine (1989-1990), Conseilleur à l’Ambassade de Cuba en URSS (1990-1992), Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Cuba en Ukraine (1994-novenbre 1999).