Régis Debray : « Je reste fidèle à ce Fidel que j’ai connu »

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Quand à Cuba, vos amis, à commencer par vos amis bouquinistes, vous posent la question : « Dis-moi, au fait, qu’est devenu Régis Debray ? », vous commencez par marquer un temps d’arrêt avant de vous entendre dire, pour faire court, « Il est écrivain depuis de nombreuses années ».

Ce n’est pas faux, certes c’est fortement schématisé, vous n’avez rien à cacher, bien sûr, mais d’autres réponses à l’adresse de vos interlocuteurs ne seraient-elles pas un peu trop franco-françaises, et puis vous-même avez quelque embarras à fermement jalonner de balises un parcours et une œuvre hors du commun. Curieux embarras quand on sait que Régis Debray est un homme fidèle à lui-même.
Quand Anne Sinclair reçoit Régis Debray (1940), ce samedi matin 14 mai, sur Europe 1, elle le présente comme écrivain, philosophe, grand intellectuel, romancier, normalien, mémorialiste, militant…Elle aurait pu ajouter essayiste, observateur nostalgique, médiologue, universitaire, citoyen en souffrance, haut fonctionnaire, ardent républicain, ex membre du jury de l’Académie Goncourt… ou encore polygraphe (72 livres à son actif).

Cette accroche pour l’extrait de l’entretien avec Anne Sinclair portant sur Régis Debray et Fidel Castro, que l’on retrouve dans un documentaire inédit diffusé le mercredi 18 mai sur Arte. (mp)

Cinq jours avec Régis Debray : un entretien, un documentaire, un livre

Par Michel Porcheron

Un « kit » Régis Debray inédit : un entretien matinal accordé à Anne Sinclair ( samedi 14 mai), un documentaire inédit de 110 mn, coécrit par lui-même (Arte, mercredi 18 mai) et le lendemain, sortie d’un nouveau livre, de 1152 pages (avec 220 ill.), « Carnet de route, Ecrits littéraires » (Gallimard) , « à la première personne du singulier ».

Pour l’éternel « candide », cet « observateur nostalgique », qui s’affirme éloigné du « forum » et des affaires publiques, qui n’intervient pas sur les réseaux sociaux, l’heure de la mémoire et du retrait est-elle venue ? Pour Nicolas Weill (Le Monde), « on découvre un homme inattendu »

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Régis Debray raconte comment le hasard de la vie a fait de lui un anti-impérialiste.

VIDEO, 3 MN 21 S.

http://www.europe1.fr/emissions/l-interview/regis-debray-le-hasard-a-fait-de-moi-un-anti-imperialiste-2745166

Régis Debray : ’Je reste fidèle à ce Fidel que j’ai connu’ VIDEO, 1 MN 40 S des 3MN 30 S.

http://www.europe1.fr/emissions/l-interview/regis-debray-je-reste-fidele-a-ce-fidel-que-jai-connu-2745169

regisdebray.com Ce site est le seul à diffuser son contenu avec l’assentiment de Régis Debray.

« Régis Debray, itinéraire d’un candide » le doc

Mercredi 18 mai à 23H00 (rediff, le 11 juin à 14H40, outre le replay) : « Régis Debray : itinéraire d’un candide » de Yannick Kergoat (110 mn, deux chapitres : Révolution et République). Inédit.

Régis Debray dévoile sa vie à travers l’histoire et inversement, par le biais de ses écrits et d’une série d’archives choisies. On écoute ses entretiens avec Dominique de Villepin, Jean-Pierre Chevènement, Fidel Castro, Georges Perec et tant d’autres. On contemple les photos de ses deux enfants, Laurence et Antoine. Des souvenirs de famille sont exhumés à cette occasion.

Coécrit par Régis Debray, « ce doc en forme d’exercice autobiographique retrace, avec humilité, en évitant la tentation narcissique, une trajectoire intellectuelle sur plus d’un demi-siècle, entre engagements et intégrité. Une autobiographie qui célèbre au passage ses compagnons de route » (Télérama)

L’article de Nathalie Crom (Télérama) :

« Qu’est-ce qu’on fait de mieux dans la vie ? Des rencontres », énonce Régis Debray, au seuil de ce documentaire dont il est le coauteur et qui embrasse avec intégrité sa trajectoire intellectuelle sur plus d’un demi-siècle. La formule inaugurale n’est pas un credo éventé : une série de rencontres structurent et nourrissent effectivement ce bel exercice d’autobiographie essorée de tout narcissisme, tournée vers le monde et l’histoire immédiate.

L’itinéraire de Debray est celui d’un intellectuel engagé, aux convictions ancrées à gauche - parce que la « résistance à cette civilisation vouée à l’argent » (Edgar Morin) semble au jeune normalien, dès la fin des années 1950, le seul engagement qui vaille - et soucieux de « ne pas parler ou écrire pour ne rien faire, ne pas en rester aux vues de l’esprit ».

Ses« maîtres »et compagnons de route ont pour noms Jacques Muglioni, Edgar Morin, François Maspero, Chris Marker puis, après le fameux et courageux épisode latino-américain des années 1960, Signoret- Montand, Costa Gavras... qu’évoquent de passionnants documents d’archives.

Qu’importe si, à la toute fin du film, consacrée à une réflexion vaguement engourdie sur « l’avenir de la République », l’intérêt s’émousse quelque peu. Cela n’entame pas le sentiment d’avoir passé deux heures en compagnie d’un homme fidèle à lui-même à mille lieues de la figure d’intellectuel « néo-réac » dans laquelle certains s’emploient aujourd’hui à le caricaturer » .

Lire de Nicolas Weill, le Monde du 7 mai, avec pour titre « 50 nuances Debray » et sur le site du quotidien : « Régis Debray, un observateur nostalgique » : 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/05/regis-debray-observateur-nostalgique_4914281_3232.html

Régis Debray en convient volontiers, il a quelque chose du colonel Chabert. Il ressemble à s’y méprendre à ce personnage de Balzac, laissé pour mort sur le champ de la bataille d’Eylau : retourné chez lui inopinément sous la Restauration, il découvre que, venu d’un temps où l’héroïsme était roi, il n’a plus sa place dans le prosaïsme et l’affairisme contemporains. Le temps de la mémoire et du retrait est-il aussi venu pour l’ancien compagnon de Che Guevara puis conseiller de François Mitterrand ?

Tout en déplorant, non sans coquetterie, sa nature de « polygraphe » (il a soixante-douze livres à son actif), le voilà qui retrace sur Arte son Itinéraire d’un candide (la première partie sera diffusée le 18 mai à 23 heures). Journaliste de lui-même, le philosophe est allé à la rencontre de ceux qui ont compté dans sa vie. Le rideau va s’entrouvrir sur une vie personnelle qu’il avait préféré jusque-là confiner à la sphère strictement privée. Par ailleurs, il a rassemblé, dans la collection « Quarto » de Gallimard, sous le titre Carnet de route (à paraître le 19 mai), « tous ses écrits littéraires à la première personne du singulier », avec les conseils de son ami de khâgne le critique Jacques Lecarme.

On découvre un homme inattendu. Par exemple, dans cet extrait d’un film de Jean Rouch et Edgar Morin, Chronique d’un été (1960), où un Régis ­Debray sérieux comme un pape, du haut de ses 20 ans, fustige l’opinion française pour son manque de sensibilité à la cause algérienne, aux côtés de la cinéaste Marceline Loridan-Ivens....

Pour lire la suite, il faut être abonné ou acheter l’article (2 euros)

« Carnet de route » chez Gallimard, 1152 pages, 220 ill.

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Carnet-de-route

Régis Debray est l’un des cinq invités de La Grande Librairie, émission de France 5 de François Busnel, le jeudi 19 mai à 20H40 (rediff le dimanche à 23H25)

On peut relire sur notre site, du 14 août 2014 :

http://cubacoop.org/spip.php?page=article&id_article=1717

et du 9 juillet 2013 :

http://cubacoop.org/spip.php?page=article&id_article=1200

(mp)