Leonardo Padura, « le Havanais universel »

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Repéré par Michel Porcheron

Sur le dernier livre de Leonardo Padura, « Ce qui désirait arriver », traduit de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas, éd. Métailié, 240 p., 18 E.

L’Institut Cubain du Livre signale la réédition de la nouvelle de Padura dédiée à Jose Maria HEREDIA, "La novela de mi vida"aux édition Matanzas. "Une des plus singulières oeuvres de PADURA" d’après le directeur de ces éditions. "Une ambitieuse et inquiétante recherche sur les oeuvres de notre culture, de notre histoire, de ce que nous sommes".

Dans le MAGAZINE LITTERAIRE, (juillet-août 2016) : « LEONARDO PADURA : LE HAVANAIS UNIVERSEL », par Jacinta Cremades (1227 mots)

http://www.magazine-litteraire.com/portrait/leonardo-padura-le-havanais-universel

Dans LIRE, n° juillet-août 2016, « UN PASSÉ PAS SI SIMPLE » par Christine Ferniot. Le livre de l’écrivain cubain fait partie des « 30 livres pour l’été », choisis par la rédaction de la revue littéraire.

La Havane palpite encore du côté de la Rampa. Un homme marche, ébloui par le visage d’une femme à la peau cuivrée. Ce soir, Violeta del Rio chante à La Gruta, mais il ne viendra pas la voir. Pourtant, quand il écoute un vieux boléro, il ressent une brûlure douloureuse et se souvient de la voix de Violeta, entendue pour la première fois à l’aube de ses 18 ans. Elle était « murmurante, chaude, profonde, soigneusement maîtrisée, [et] semblait parler à l’oreille plus que chanter ».

En quelques lignes, Leonardo Padura fait vivre la rue, les parfums du rhum, des cigarettes et des petits matins brumeux. On entend la musique lascive, tout en cherchant le mystère des femmes ou le désir des hommes qui transpirent dans un nuage de fumée. Violeta symbolise La Havane, ville fardée telle une prostituée, moite et sensuelle comme sa voix rauque.

L’auteur dévoile sa nostalgie quand il faut quitter l’île, partir pour l’Angola et mourir. Les nouvelles de ce recueil se déploient sur plusieurs années, entre 1985 et 2009, et disent toutes les rêves impossibles, les regrets et les échos d’une jeunesse enfuie. On aimerait prendre la main de l’écrivain pour aller manger une glace chez Coppelia ou boire un verre de rhum Carta Blanca. Parfois les nuits sont torrides, et Padura les décrit avec un plaisir de jeune homme qui tremble toujours de désir pour une fille croisée dans un bar .

Parallèlement, les éditions Métailié rééditent la tétralogie Les Quatre Saisons dans laquelle le lieutenant Mario Conde promène sa mauvaise humeur. Flic sans uniforme, alcoolique sans joie, incapable de garder une femme, Mario Conde ne court pas derrière les malfrats. Il préfère attraper les riches et leur faire cracher leurs profits indécents. Romans noirs ou nouvelles, le style reste le même, exubérant et gourmand. Car on mange chez Padura comme on dégustait chez Montalbán, l’ami espagnol. Normal, il faut prendre des forces avant d’arpenter les ruelles et traquer la désillusion. Christine Ferniot
(mp)