Ils profitent des investissements étrangers

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Au-delà des revenus qu’il procure à une partie de la population de l’Ile, le tourisme représente une source de rentrées financières substantielles pour le budget de l’état... C’est pour une bonne part, avec cela que ce dernier peut financer l’effort exceptionnel réalisé en matière d’éducation et de santé...RG

La lucrative industrie touristique de Cuba profite certes aux investisseurs étrangers, mais elle est aussi très payante pour les Cubains.

À 25 ans seulement, les nouvelles lois cubaines ont permis à Yaylen Vilches d’investir avec son conjoint suédois et d’ouvrir leur propre resto-café.
PHOTO NICOLAS LACHANCE

LA HAVANE, CUBA | Bien qu’un petit nombre de Cubains soient réticents aux changements, Le Journal a constaté que plusieurs d’entre eux se réjouissent des nouvelles lois et mesures leur permettant de « vivre leur rêve ».
Que les investissements soient québécois ou américains, la majorité des Cubains n’y voient aucun problème. Au contraire, ils soutiennent que ce virage avantage les Cubains.

Déjà, de nombreux jeunes profitent largement de ces nouvelles libertés et de l’ouverture des marchés privés.

À 25 ans seulement, les nouvelles lois cubaines ont permis à Yaylen Vilches d’investir avec son conjoint suédois et d’ouvrir leur propre resto-café.

« L’avenir de Cuba est très intéressant. Il y a tellement de possibilités. C’est bien qu’on s’ouvre lentement aux étrangers », indique la jeune Yaylen Vilches, 25 ans. La jeune entrepreneure est née dans un quartier pauvre de la vieille Havane, près de tous les attraits historiques.

Le Journal l’a rencontrée dans ce même secteur, à l’intérieur de son propre café, le El Dandy, situé sur la Plaza del Crystal. Un lieu en plein processus de revitalisation.
Son café est toujours rempli de Cubains et de touristes. C’est son alliance avec son conjoint suédois, le photographe Victor Rensly, qui lui a permis de financer ce projet. Ils ont dû acheter le bâtiment, le rénover et demander plusieurs permis. Ils comptent même ouvrir un restaurant-bar dans le local voisin. Pour le moment, elle compte 15 employés payés 10 dollars cubains par jour, sans compter le pourboire.
« Je suis certaine que ça va s’améliorer. Je suis même convaincu que pour les étrangers, c’est plus difficile que pour les Cubains. Il ne faut pas oublier que Cuba était très nationaliste », dit-elle.

Rêves

Même son de cloche pour Idania del Río, copropriétaire et artisane de la boutique privée de design graphique et de vêtements recyclés Clandestina. Elle est d’avis qu’elle peut maintenant vivre son rêve, mais elle convient du même souffle qu’il faut travailler très fort et se battre constamment pour réussir.

Elle avoue être confrontée chaque jour aux vieilles mentalités et aux restrictions politiques qui lui bloquent le chemin. Trouver de la fourniture : voilà ce qui est le plus difficile. L’accès à internet est aussi un frein.

« Toutes les personnes essaient de faire quelque chose de nouveau. Tout est vieux. On peut maintenant changer le pays. Mais, il faut être imaginatif pour réussir à réaliser nos rêves. Tu dois toujours travailler fort pour défoncer les barrières », exprime l’entrepreneure qui rêve du monde entier.

Critique

Derrière ces histoires de réussite, il y a les gens inquiets comme Reinaldo Ortega Sardinas. L’artiste cubain de 39 ans est très critique lorsqu’il regarde les changements économiques déclenchés par Raul Castro. « C’est pour satisfaire les étrangers », croit-il, soutenant que ce sont les investisseurs étrangers qui vont s’enrichir, alors que la jeunesse cubaine continuera à travailler pour peu. « C’est ça, l’avenir », estime l’artiste.

LE TOURISME PAYANT POUR LA POPULATION CUBAINE

LA HAVANE, CUBA | La lucrative industrie touristique de Cuba profite certes aux investisseurs étrangers, mais elle est aussi très payante pour les Cubains.

Le plus bel exemple de l’industrie touristique florissante est l’importance des belles et vieilles voitures américaines qui roulent toujours à Cuba. Elles font rêver des centaines de touristes prêts à payer une fortune pour déambuler dans les rues de La Havane à l’intérieur de ces décapotables.

Un marché très lucratif pour les Cubains qui réussissent à mettre la main sur l’une de ces vieilles Américaines. Il y en a des dizaines de stationnées au Parque Central de La Havana.

Rodriguez a pu acheter une Buick 1955 rouge avec un moteur de Mercedes Benz il y a quatre mois au prix de 17 000 $.
« Ça se vend et s’achète entre Cubains », dit-il.

Comment une vieille voiture de ce genre peut-elle encore rouler ? « Il y en a beaucoup qui ont réussi à les garder dans leur état original. Il y en a qui sont retravaillé avec des pièces de voitures russes. D’autres réussissent à rapporter des pièces clandestinement des États-Unis, explique le chauffeur. Certains vont changer le moteur pour un moteur diesel ».

Meilleurs

Il soutient que le tourisme et les affaires sont meilleurs depuis que Raul Castro est au pouvoir. L’ascension du privé et des investissements étrangers ont fait exploser la demande.

« Une bonne journée, il peut avoir jusqu’à quatre voyages. Les touristes peuvent réclamer la voiture durant près de quatre heures parfois et même la journée complète. Je négocie le prix chaque fois ». Le chauffeur doit payer sa licence et une taxe 10 % sur ses revenus. « Effectivement, le meilleur commerce présentement à Cuba c’est d’être chauffeur de taxi », convient-il.