Le photographe Marc Riboud, exposé à Visa à Perpignan, est décédé à 93 ans

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Un article publié par le quotidien L’INDEPENDANT.

Maître du noir et blanc, grand reporter d’une actualité qu’il traitait avec sensibilité...

Le photographe Marc Riboud, qui est mort mardi à l’âge de 93 ans, est un ancien de Magnum, auteur de photographies qui sont restées dans l’histoire comme le "peintre de la Tour Eiffel" ou la fille à la fleur devant des soldats en armes lors d’une marche pour la paix au Vietnam.

Une exposition de ses photos à Cuba lui est consacrée cette année au festival de photojournalisme "Visa pour l’image" à Perpignan.

Un reportage datant de 1963, réalisé avec le journaliste Jean Daniel, et aucours duquel ils ont rencontré Fidel Castro au moment de la mort de John Kennedy. Un témoignage historique unique. Ce mercredi matin à Peprignan, les festivaliers ont appris la nouvelle du décès du photographe avec émotion et regardaient son travail avec un oeil différent, dans une ambiance assez lourde.


Les festivaliers ce mercredi matin au Couvent des Minimes devant l’expo signée Marc Riboud.(Photo par Fred Michalak)

"Un grand humaniste", réagit jean-François Leroy

Marc Riboud était "un grand humaniste, un grand bonhomme", a réagi le directeur du festival Visa pour l’Image, Jean-François Leroy. "Marc était le photographe qui a fait le plus de photos historiques dans sa vie. C’était un grand humaniste et un grand bonhomme, un très très grand monsieur", a-t-il estimé. "Beaucoup de photographes se sont inspirés de lui sans jamais l’égaler". A propos de son reportage à Cuba, "Tous les ingrédients sont là pour un ’scoop’. Les photographies font le tour du monde, puis sont peu à peu oubliées. 52 ans plus tard, elles sont toujours aussi fortes", souligne Visa pour l’Image. "Avec cette exposition, il est toujours vivant. On savait qu’il était très malade, il n’a pas pu venir à Visa. Je suis sous le choc", a ajouté M. Leroy, précisant qu’un hommage lui sera rendu en soirée.

Maître du noir et blanc, grand reporter d’une actualité qu’il traitait avec sensibilité, Marc Riboud expliquait qu’il photographiait "comme un musicien chantonne". Né le 24 juin 1923 à Saint-Genis-Laval, près de Lyon, dans une famille bourgeoise, Marc Riboud était le cinquième d’une fratrie de sept enfants parmi lesquels Jean Riboud, patron de Schlumberger, et Antoine Riboud, mort en 2002 et qui fut le fondateur et le PDG de Danone.

Le jeune Marc démarre la photo à l’âge de 14 ans avec un Vest Pocket Kodak que lui offre son père, banquier et homme de culture. Après avoir pris en 43-44 le maquis dans le Vercors, le jeune homme est élève de l’école Centrale de Lyon de 1945 à 1948. Il travaille ensuite comme ingénieur dans une usine de Villeurbanne où il s’abstient de revenir, après un congé de huit jours, et avoir pris la décision de se consacrer à la photographie. En 1952, il monte à Paris où il rencontre Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, les créateurs de Magnum qui seront ses mentors.

Il intègre l’agence en 1953, alors que paraît dans Life sa célèbre photo de Zazou, le peintre en salopette et en espadrilles qui repeint les poutrelles de la Tour Eiffel. Riboud, qui n’aime pas se mêler au milieu des photographes, part en Angleterre, aux Etats-Unis, puis s’embarque pour un voyage planétaire. Il ira en Inde, en Chine communiste - qu’il est en 1957 l’un des premiers européens à parcourir -, en Algérie, en Afrique noire, au Vietnam, au Bangladesh, aux Etats-Unis, au Japon, à Cuba. Président de Magnum de 1974 à 1976, il quitte l’agence en 1979 parce qu’il "n’aime pas la compétition pour la gloire" qui s’y développe, dit-il.

Les photographies de Marc Riboud ont été publiées dans de nombreux magazines comme Life, Geo, National Geographic, Paris-Match ou Stern. Récipiendaire de plusieurs prix et auteur d’une quinzaine d’ouvrages, Marc Riboud a été très souvent exposé dans des galeries et des musées, en France, à Londres et New-York. Il a également publié de nombreux livres, dont les plus connus sont "Huang Shan, les montagnes célestes", "Demain Shanghai", "Algérie / Indépendance", "L’instinct de l’instant" et "Les Tibétains". Au printemps 2010, à l’âge de 87 ans, il était de nouveau retourné en Chine à l’occasion d’une rétrospective de ses oeuvres à Shanghai et Pékin.