Parmi toutes les femmes

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La FMC compte actuellement plus de quatre millions de membres : 90,6% des femmes de plus de 14 ans. C’est notre plus grande force : pouvoir échanger des idées avec des femmes de tout niveau scolaire, d’origine et d’orientation sexuelle

Parmi toutes les femmes

TERESA Amarelle Boué est secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines (FMC) depuis octobre 2012. Elles est par ailleurs l’une des quatre femmes membres du Bureau politique du Parti communiste.

Ainsi, selon ses propres paroles, les voix de plus de quatre millions de Cubaines se trouvent dans chacune de ses interventions. Leurs intérêts et leurs préoccupations aussi.

Aussi, dans le cadre du 56e anniversaire de l’organisation qu’elle représente, Granma international a souhaité lui poser quelques questions …

LA FEMMES CUBAINE D’AUJOURD’HUI ET LA FMC …

Nous avons un échange permanent avec les femmes au niveau des délégations, dans les quartiers, de façon à trouver les meilleurs moyens de répondre à chacune de leurs préoccupations.

Sans aucun doute, le vieillissement de la population est un défi, parce que c’est encore à la femme qu’il revient de s’occuper des 19,4% de la société que représente la population vieillissante.

Mais cela retombe sur une femme qui a également des responsabilités sociales, de sorte que dans certains cas, elle se retrouve face à un dilemme : soit rester sur le marché du travail, soit rester à la maison pour prendre soin de ces personnes.

Par chance à Cuba, il existe un réseau d’aide sociale aux familles (les foyers des anciens, par exemple) et d’autres mesures que le gouvernement a adoptées pour pallier à ces nouvelles réalités socio-démographiques.

Et il faut dire que nos délégations contribuent en ce sens, parce que là où se trouve une personne âgée seule, il y a des travailleurs sociaux qui vont lui acheter ses médicaments ou qui l’aident à faire le ménage chez elle.

On sait par ailleurs que la demande d’inscription aux jardins d’enfants est supérieure à l’offre. Ce problème existe depuis que les femmes ont largement accédé au marché de l’emploi, aussi bien dans le secteur public que privé … Et les travailleuses des deux secteurs ont le droit d’avoir une place dans les jardins d’enfants.

Teresa Amarelle Boué
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C’est pourquoi nous travaillons aujourd’hui en collaboration avec le gouvernement et la Commission de mise en œuvre des Orientations à la recherche de solutions de rechange pour répondre à ces demandes.

Une partie de l’accueil des jeunes enfants est couvert par des garderies privées, mais c’est insuffisant.

Les prix demandés dépassent souvent ce que les familles peuvent se permettre. Ce sont des questions auxquelles nous portons une grande attention. Plusieurs organismes travaillent à la mise en œuvre de politiques publiques qui, dans une certaine mesure, répondront aux besoins …

La mise à jour du modèle économique impose également des défis auxquels les femmes font face. Le déplacement d’employées de l’État vers le secteur non étatique représente bien des défis, si bien que dans les Maisons d’orientation de la femme et de la famille, la FMC élabore des programmes de formation contribuant à l’éducation dans ces nouvelles formes de gestion.

En outre, nous avons des échanges avec les travailleuses du secteur privé afin de savoir comment marche leur entreprise, quels sont leurs résultats …

Le Code du travail cubain protège les femmes dans ce secteur également. Il est établi que lorsqu’il y a un employeur et un salarié, il doit exister un contrat du travail. De même, la contribution de ces femmes à la sécurité sociale leur donne le droit à bénéficier d’un congé de maternité.

À partir des propositions qui sont issues de ces discussions avec les femmes, nous examinons comment mieux protéger ce droit, ainsi que les prestations sociales.

VIOLENCE DE GENRE

Aborder la violence en général a toujours été parmi les contenus de la Fédération. Cependant, la violence contre les femmes existe encore, en particulier du point de vue psychologique, comme sous-évaluer leurs capacités et leurs possibilités, les dévaloriser.

Par conséquent, en collaboration avec le Bureau du procureur général de la République, nous avons mis en place une ligne téléphonique pour que les femmes, dans le cas où elles ne peuvent pas se rendre à la police, puissent dénoncer tout comportement de ce type, afin que les mesures appropriées soient prises.

L’ANNIVERSAIRE…

Nous l’avons dédié à notre jeunesse et au 90e anniversaire du commandant Fidel Castro. Tout au long de l’année, nous avons intégré dans nos rangs plus de 37 000 nouvelles adhérentes dans tout le pays. Ce fut l’occasion de rappeler les nombreuses tâches accomplies par notre organisation au cours de ces 55 années, par exemple la première promotion des écoles Ana Betancourt, où plus de 14 000 paysannes obtinrent leur diplôme de coupe et couture. Par ailleurs, elles n’ont pas seulement appris à coudre, elles ont aussi appris quels étaient leurs droits, et à se saisir des chances que leur offrait la Révolution.

La FMC compte actuellement plus de quatre millions de membres : 90,6% des femmes de plus de 14 ans. C’est la plus grande force dont nous disposons, celle de pouvoir échanger des idées avec des femmes de tout niveau scolaire, d’origine et d’orientation sexuelle.

Nous cherchons toujours de quelle façon elles souhaitent participer, et nous adaptons nos contenus à leurs réalités. Bien sûr, le travail de prévention, de prise en charge sociale, le travail avec la famille et pour l’égalité des droits et des chances, sont notre essence, mais la façon de le faire dépend d’elles, partout où elles sont organisées.

Évidemment, les femmes de la Fédération apportent leur contribution à travers une cotisation mensuelle. Mais si certaines veulent être membres de l’organisation et n’ont pas la possibilité de cotiser, elles sont acceptées quand même, car les politiques publiques que nous encourageons, les ateliers, les groupes de discussions que nous organisons dans les communautés sont destinés à toutes les femmes et représentent leurs intérêts et leurs droits, même si elles ne sont pas adhérentes.

Par ailleurs, depuis 1997, la Fédération a un statut consultatif en tant qu’ONG auprès des Nations Unies, ce qui nous a permis de présenter des contributions orales et écrites en défense du gouvernement cubain, mais aussi en défense des femmes palestiniennes, syriennes . Chaque année, nous renforçons davantage d’organisations de base, car il ne fait pas de doute que notre principal espace d’action, c’est la communauté, et c’est de là que nous devons consolider nos structures.

Nous avons accru les partenariats avec le ministère de l’Éducation, ce qui nous a permis d’aller dans les écoles, d’avoir des échanges avec les jeunes filles pour parler de sujets comme la grossesse chez les adolescentes, la toxicomanie, les divers programmes de santé ou de la violence symbolique à travers les médias de communication…

Nous défendons avec force l’idée que l’on ne saurait parler des acquis de la Révolution sans dire que l’émancipation des femmes fut l’un des plus importants. Y a-t-il un progrès plus grand que le fait que 48,86% des membres de notre Assemblée nationale soient des femmes ? Et que 42% des membres du Conseil d’État soient des femmes ? Et que, parmi les 17 membres du Bureau politique, quatre sont des femmes ?

Parmi nos objectifs essentiels figure la défense de la Révolution, parce que si nous comparons ce que nous étions et ce que nous sommes, nous n’avons pas d’autre choix.

DISCRIMINATION CONTRE LA FEMME À CUBA

Je dirais plutôt qu’il y a encore des comportements sexistes, des conduites qui sous-estiment le rôle que peuvent jouer les femmes, et qui sont des vestiges de plus de 500 ans d’une culture patriarcale.

Cependant, la plupart de la société cubaine actuelle est consciente de ce que représente l’égalité des droits et des chances.

Par exemple, dans la première Constitution de la République on pouvait lire : les femmes doivent avoir les mêmes droits et les mêmes chances que les hommes. Autrement dit, la référence, c’était l’homme, et c’est à cela que nous voulions en venir. C’était un concept erroné d’égalité.

Lors de la réforme constitutionnelle en 1992, cette formulation fut changée. On écrivit alors : les femmes et les hommes ont les mêmes droits et les mêmes chances.

Et si une femme accepte d’être discriminée, elle commet une erreur, car il existe des espaces pour réclamer contre tout acte préjudiciable à sa dignité, des actes dont il reste des vestiges, mais qu’il faut identifier et se débarrasser.

Cependant, cela me paraît très difficile, alors que le président Raul Castro a consacré du temps à parler de l’émancipation de la femme et de son rôle dans la société dans son rapport au 7e Congrès du Parti, que quelqu’un ait encore l’idée, du point de vue institutionnel, de prétendre que les femmes ne peuvent assumer aucune responsabilité.

Je pense que la femme cubaine est un symbole pour tout ce qu’elle a été capable de faire. Et je pense que nous sommes toutes importantes. Et que même dans les défis qui se posent à nous aujourd’hui de construire une nation souveraine, indépendante, démocratique, socialiste, prospère et durable, nous jouons un rôle des plus importants.