Une lutte sans merci contre la maladie de Parkinson

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• Le CIREN développe et exporte des logiciels de pointe pour perfectionner la chirurgie au niveau du noyau sous thalamus • Il ne s’agit pas d’une opération, mais d’un traitement pluridisciplinaire qui a donné de bons résultats • Des expériences sont également menées avec des cellules souches

Combat acharné contre la maladie de Parkinson

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JOAQUIN RIVERY TUR
PHOTOS ALBERTO BORREGO

JE ne suis probablement pas le seul à avoir été surpris. Le Centre international de restauration neurologique (CIREN) livre un combat acharné contre la maladie de Parkinson en s’appuyant sur une technologie de pointe. D’autres affections neurologiques y sont également traitées en dépit des difficultés économiques que connaît actuellement le pays.

Nous avons rencontré le Dr Mario Alvarez, responsable de la Clinique des troubles du mouvement et des maladies dégénératives, qui a expliqué que Cuba fabrique des logiciels très complexes et de haute qualité, mis au point par les spécialistes de cette institution de santé, qui ont perfectionné la chirurgie fonctionnelle et sont exportés vers plusieurs pays.

Un de ces logiciels permet d’obtenir des images qui facilitent le planning chirurgical pour atteindre les zones profondes du cerveau, et un autre permet d’effectuer des observations concrètes de l’activité interne du système nerveux central et de localiser une lésion de la masse encéphalique.

Ainsi, l’opération, le traitement et les recherches sur la maladie de Parkinson et d’autres troubles du mouvement sont réalisés par des spécialistes en neurochirurgie, neurologie, psychologie, logopédie, et d’autres spécialités. Les équipes pluridisciplinaires du CIREN ont déjà traité plus de 28 000 patients, dont 8 000 étrangers qui ont fait l’éloge de la qualité du service.

« C’est comme la différence entre la nuit et le jour », a déclaré le patient Osvaldo Castro, opéré la veille de notre visite qui, assis sur le bord de son lit, nous a expliqué qu’avant d’entrer dans la salle d’opération il ne pouvait ni marcher, ni parler, ni mâcher.

Quant à Lazaro Arencibia, il souffrait d’une terrible torsion des bras, de tremblements, il ne pouvait pas ouvrir les yeux et avait perdu la voix. Nous l’avons trouvé souriant sur son lit au service de rééducation post-opératoire.

Rappelons que la maladie de Parkinson ne se guérit pas encore complètement, mais la sous-thalamotomie et d’autres techniques similaires peuvent contribuer à soulager les symptômes des patients à 95%, donc à améliorer la qualité de vie des personnes âgées de plus de 60 ans (dont le nombre croît d’environ 2% dans le monde).

Le CIREN est une institution unique en Amérique latine. En plus du Parkinson, ses spécialistes assurent le traitement d’autres

désordres du système nerveux comme différentes formes de démence, les ataxies (une affection génétique évolutive, due à l’atteinte de certaines cellules du système nerveux), les dystonies (maladie caractérisée par des contractions prolongées, involontaires des muscles d’une ou de plusieurs parties du corps, entraînant souvent une torsion ou une distorsion de cette partie du corps) et d’autres troubles neurologiques. Plusieurs types de chirurgie sont employés pour remédier à un excès d’activité des structures qui pourrait être à l’origine de perturbations des circuits cérébraux.

Depuis 1989, le CIREN a accumulé une expérience considérable depuis les premières greffes de neurones qui soulageaient dans une certaine mesure la maladie de Parkinson. Le travail se poursuit, et ses spécialistes tentent de percer les secrets du cerveau pour mettre leur savoir au service de l’homme.

UN TRAVAIL PLURIDISCIPLINAIRE

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Le Dr Mario Alvarez insiste sur le travail des équipes pluridisciplinaires. Un bon neurochirurgien ne saurait remédier seul à une situation donnée, même si sa contribution est importante. Le Dr Alvarez souligne que l’équipe pluridisciplinaire du centre est parvenue à « consolider un ensemble de techniques de traitement régénératif en neurologie qui conjuguent plusieurs facteurs et basées sur le concept de la plasticité cérébrale pour une régénérescence organique et fonctionnelle de la partie endommagée. Ces techniques sont appliquées par des équipes de spécialistes hautement qualifiés dans les 6 cliniques (dont l’une est la Clinique consacrée à la maladie de Parkinson et aux troubles du mouvement), avec des prises en charge thérapeutiques spécialisées ».

Ce centre médical d’avant-garde dispose de deux programmes thérapeutiques uniques : le Programme de restauration neurologique et le Programme de restauration biologique générale (Rebioger).

On peut lire dans l’un des site Web du CIREN : « L’une de ses salles est spécialisée dans la technique chirurgicale de noyau sous thalamique, unilatéral ou bilatéral, une intervention à invasivité minimale qui présente l’avantage de maintenir le patient réveillé pendant l’opération. Celui-ci peut bouger et parler aux chirurgiens. Grâce à ce procédé, il est possible de localiser la zone exacte et de réaliser une exploration neurophysiologique (enregistrement par microélectrodes) de l’activité électrique cérébrale et d’avoir une meilleure visualisation de la cible chirurgicale.

Il nous a été permis de suivre les médecins pendant leur travail. Une patiente de la province cubaine de Villa Clara allait être opérée. Au-dessus de la patiente, le cadre stéréostatique (entièrement fabriqué par le CIREN et l’Institut des tests immunologiques). Il s’agissait de la chirurgie à invasivité minimale numéro 874 réalisée dans cette institution, à cette occasion dans la zone frontale du crâne. L’affichage des images sur des moniteurs dans le champ de vision du chirurgien permet de guider l’électrode dans les régions profondes du cerveau.

La patiente est réveillée, elle parle avec les chirurgiens, et l’opération du globe pâle (pallidotomie) visant éliminer une dyskinésie (une forme de dysfonctionnement du mouvement) est menée avec succès.

Le CIREN se caractérise par la rigueur des recherches biomédicales, depuis le niveau moléculaire jusqu’à la prise en charge clinique et pluridisciplinaire des patients atteints de la maladie de Parkinson. Le but étant la restauration organique et fonctionnelle du système nerveux endommagé.

Parce qu’il est essentiel de communiquer clairement qu’aussi bien le Parkinson que l’Alzheimer et d’autres troubles de ce genre sont des maladies neurologiques dégénératives qui touchent le plus souvent des personnes âgées, mais peuvent aussi affecter des sujets plus jeunes.

Au service de rééducation du CIREN, j’ai pu m’entretenir avec deux Vénézuéliens. L’un d’entre eux, Moisés Guedes, s’est dit très reconnaissant envers les spécialistes du CIREN. Il en était à son deuxième séjour et il m’expliquait que ses tremblements des bras et ses problèmes d’élocution s’étaient tellement atténués en 2009 qu’il avait repris son travail, mais que les médecins lui avaient suggéré de revenir pour une nouvelle séance de rééducation.

Sur le tapis de marche de rééducation, deux autres patients s’attelaient à leurs exercices. Une jeune fille faisait des exercices aux barres parallèles.

Ce centre est doté de tout le matériel nécessaire à la rééducation neurologique. Il dispose d’un gymnase pour adultes, des aires de physiothérapie et de mise en forme générale, un espace de mobilisation et de massage, un box d’entraînement fonctionnel, une unité de langage et de neuropsychologie, une aire de médecine holistique, une salle d’ozonothérapie et d’infirmerie, une piste lisse d’argile et une autre irrégulière pour la rééducation de la marche, un gymnase pour enfants, une salle de rééducation physique, une unité de rééducation neuropsychologique et logopédique pédiatrique.

CLINIQUES ET RECHERCHES SCIENTIFIQUES

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Le CIREN possède également plusieurs cliniques de pédiatrie : neurologique, médullo-rachidienne, de neurochirurgie et des lésions statiques encéphaliques. Cette dernière, connue comme Rebioger, est destinée aux patients qui ne souffrent d’aucune des maladies mentionnées mais doivent se soumettre à une restauration biologique générale pour retrouver l’énergie nécessaire pour optimiser leur santé. La prise en charge est basée sur la prévention.

À l’heure actuelle, le CIREN mène des travaux de recherche de base et pré-cliniques qui comportent des études sur les troubles du mouvement pour améliorer la protection cellulaire neurologique, la transmission neurologique, la modulation neurologique, et la toxicité et les expériences in vitro.

Ses spécialistes font des expériences sur des animaux de laboratoire, notamment des rongeurs et des singes.

Le centre a commencé à appliquer le traitement chirurgical d’un groupe d’épilepsies réfractaires (qui ne peuvent être contrôlées à l’aide de médicaments).

Le Dr Mario Alvarez a expliqué qu’une équipe de spécialistes effectue des recherches dans l’application des cellules souches dans les cas d’infarctus cérébraux, et qu’une autre étudie le traitement des épilepsies réfractaires. Des travaux sont également menés concernant l’ataxie (troubles de la statique et de la marche), et les spécialistes du CIREN ont mis au point un système très efficace basé sur la rééducation.

Le fait que le Centre ait confectionné un guide clinique basé sur l’évidence clinique dans n’importe quel endroit de la planète pour le traitement des patients atteints de la maladie de Parkinson, ce qui lui permet d’offrir des services de haut standard à l’échelle mondiale, constitue un autre motif de fierté de cet institut.