Un témoignage, en direct de La Havane, le 3 décembre 2016

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Ce message nous a été transmis par Gilbert Lefront, membre du Comité d’Honneur de Cuba Coopération France, depuis La Havane où il vivait depuis plusieurs semaines.
Gilbert se rend régulièrement à Cuba où il participe aux missions du mois de novembre de notre association. Il y a 10 ans dans la période où s’ouvrait la Maison Victor Hugo, Gilbert a fait un don financier très important qui a permis la réalisation de deux projets de réhabilitation dans le quartier de la Vieille Havane, tout prêt de la Maison. Il s’agissait d’une part d’un petit immeuble avec deux commerces en rez-de-chaussée et d’un restaurant communautaire qui accueille chaque jour quelques 150 personnes agées du quartier.

La disparition de Fidel Castro annoncée au matin du samedi 26 novembre plonge la capitale dans une espèce de coma émotionnel, la joyeuse animation habituelle disparue, on n’entend plus les gens s’interpeller d’une maison à l’autre, c’est soudainement comme la FIN du Film de la rue, les visages sont devenus graves :

On s’apprête à vivre un moment historique...

Les nouvelles arrivent petit à petit ce samedi, et enfin, ce dimanche matin une superbe couverture du quotidien Granma : "Cuba es Fidel "

La cote des 1ers tirages grimpe jusqu’à cent fois plus dans les rues touristiques !
Fidel a été incinéré dans l’intimité et on annonce seulement deux jours d’hommage posthume au Mémorial José Marti de la place de la révolution et aussi dans certains lieux publics, dans la plus grande sobriété.

Plus de musique ni dans les cafés ni ailleurs, plus de vente d’alcool pendant les 9 jours de deuil National et nul besoin d’allumer la télé pour surprendre des larmes dans les yeux qu’on croise deci delà, et se retrouver témoin de ceux, ou plutôt celles, qui n’hésitent pas à confesser avoir perdu celui qui leur a tout donné

Et lundi matin une marée humaine se dirige vers cette place de la révolution, et quelle force de caractère et quelle résistance va t il encore leur de falloir pour attendre des heures et des heures jusqu’au soir sous un soleil de plomb, (j’ai du renoncer au bout d’une petite demi-heure).

Ces milliers de Cubains anonymes vont continuer à défiler dans la dignité pendant ces deux jours pour apposer leur signature et ainsi jurer leur fidélité aux valeurs d’humanisme, de liberté, d’égalité, et d’indépendance de la Révolution (le juramos)
Dans la soirée de mardi, de nombreux chefs d’Etats et délégués de pays amis viendront rendre un hommage émouvant au fondateur de la révolution, à l’instar du président du Nicaragua Daniel Ortéga qui improvise dans un moment de grande émotion :

"donde esta Fidel ?
"
Et la foule des Cubains qui lui répond :

"Soy Fidel "

L’exemple de Cuba a fait école et est maintenant reconnu dans nombreux pays d’Amérique latine qui entretiennent des relations amicales et commerciales privilégiées malgré le blocus impérialiste étasunien
.
Ensuite, ce mercredi, dès sept heures du matin, le cortège funéraire traversera La Havane encore ovationné respectueusement par des milliers de Cubains amassés sur les trottoirs, et ainsi de ville en ville jusqu’à l’arrivée prévue à Santiago de Cuba en fin la semaine.

Il est évident que Fidel restera gravé dans le cœur des Cubains et aussi un Géant de l’Histoire contemporaine (n’oublions pas qu’il fut le président des pays non alignés) ; il a redonné la dignité et la fierté à son peuple dans un Cuba libre et indépendant doté aujourd’hui d’indicateurs de développement humain parmi les plus élevés du monde, reconnus et publiés par l’ONU (PNUD)

De La Havane, le vendredi 2 décembre 2016,

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