Un espérantiste cubain heureux ...

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Langue annexe de portée oecuménique assemblée en 1887, l’espéranto comprend, à l’échelle mondiale, un nombre de locuteurs allant de 100.000 pour l’estimation la plus basse, à 10.000.000 en ce qui concerne la supputation la plus élevée. La San-Rémoise Jocelyne Monneret, ardente défenseure de cette façon de communiquer, est de ceux-ci. L’un de ses correspondants, revendiquant la nationalité cubaine, vient de faire ses premiers pas sur la terre de France. Impressions pour les lecteurs d’infos-chalon.
UN ARTICLE D’INFO CHALON.COM...

L’espéranto, une dimension humaine

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Amparado Cisnero, après une semaine en Bretagne chez l’un de ses deux contacts français, achève un séjour de quatre jours sur le sol bourguignon en compagnie de son alter ego de Saint-Rémy. C’est à la boutique chalonnaise « Artisans du monde », marque déposée qui limite au strict minimum les intermédiaires afin que le prix payé au producteur lui permette de vivre dignement, que des échanges tout à fait informels ont fleuri. Professeur d’anglais dans une université de la ville de Ciego de Avila, le représentant d’Amérique centrale et Mme Monneret se connaissent depuis treize ans. De correspondance postale pendant dix ans le lien a basculé sur internet il y a trois ans, avant d’autoriser une rencontre en chair et en os. Entre une langue maternelle hispanisante et une autre qu’il enseigne, au très large champ d’action, de quelle manière a-t-il fait la place pour une troisième ? « J’avais entendu parler de l’espéranto, mais je ne savais pas ce que c’était. J’ai cherché, et trouvé dans ma ville. Le but de l’espéranto, la solidarité, la fraternité, la paix, l’intercompréhension, n’est pas celui de l’anglais, langue de la force, de la puissance, de la richesse. » C’est ainsi qu’à partir de 1984 Amparado disposera d’une corde supplémentaire à son arc lui collant parfaitement à la peau.

Les médecins cubains s’exportent facilement

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Quelle vision de notre pays avait l’insulaire à distance ? « Je n’avais pas d’idée de ce que je trouverai en France. On en entend parler, et on ne voit à la télé que ce que l’Etat veut nous montrer. » Depuis qu’il s’est familiarisé un brin avec les us et coutumes de chez nous, certaines choses l’ont surpris : le temps, avec un été (déficient quand même) ici plus frais que l’hiver là-bas, le nombre d’arbres de différentes espèces, les surfaces cultivées, la grande quantité de voitures…Lui qui vient d’une province au sein de laquelle cohabitent exploitations agricoles privées et d’Etat (riz, bananes, oranges, haricots, poules, poulets, etc.), industries d’Etat (jus de fruits, marchandises métalliques, meubles), déplore la ritournelle au sujet des Etats-Unis, souvent mis seuls sur un piédestal en matière de coopération. Il tempère cependant : »Le peuple américain est comme le peuple cubain, le gouvernement c’est une autre affaire… »A titre d’exemple, l’aide apportée par Cuba à Haïti, où beaucoup de praticiens y dispensent leur savoir-faire. « Nos médecins vont dans des pays où les médecins d’autres pays ne veulent pas aller », affirme-t-il.

Fidel Castro le Sauveur

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Se sentant Cubain avant d’endosser le statut symbolique de citoyen du monde, le père de deux filles et d’un garçon éprouve un profond respect pour le régime castriste et son icône vivante, Fidel Castro. « C’est un homme très important, historique, c’est la révolution cubaine. Quand j’étais enfant, j’étais cireur de chaussures. Après la victoire de la révolution j’ai pu aller à l’école et continuer jusqu’à l’université. Je suis très redevable de cela. Lorsque Fidel a su qu’il était malade, il a commencé à distribuer ses différentes responsabilités à beaucoup de personnes, et son frère Raul était le deuxième secrétaire du comité central du Parti communiste. Il avait donc le droit de prendre le commandement, si bien qu’en avril 2011 le congrès l’a élu. » L’une des quelque onze millions de personnes de l’île ne perçoit pas l’avenir avec inquiétude. « Il y a toujours de l’espoir pour la suite », glisse-t-il. Il est vrai qu’à force de subir l’embargo américain, qu’avoir été sérieusement amoindri par la désintégration du bloc socialiste de l’U.R.S.S., et cerise sur le gâteau, être frappé par la crise économique mondiale, que peut-il vous arriver de plus pénalisant ? « Il n’y aura jamais de famine à Cuba. Nous n’avons pas beaucoup de richesses, mais nous avons un esprit de corps et de l’amour à donner. Les Cubains aiment rendre service, ils sont modestes, pauvres, mais joyeux. » Aurait-il par hasard un message à adresser aux Français ? « Jusqu’à présent, les espérantistes français et ceux avec lesquels j’entretiens une relation (en Norvège, Suède, Danemark, Estonie N.D.L.R.) sont de vrais amis, car ils ont montré du respect et de l’estime vis-à-vis de moi. Je pense que les autres membres de la population française sont comme les espérantistes. J’ai remarqué que les Français étaient très bien éduqués. Je suis très reconnaissant envers tout le monde. »
Michel Poiriault