« Agrobiologie : la révolution verte à Cuba »

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Une conférence-débat organisée par France-Cuba-Poitou

à l’espace Mendès-France à Poitiers le 7 mars 2017

France-Cuba-Poitou a organisé le 7 mars 2017 à l’espace Mendès-France à Poitiers une conférence sur le thème : « Agrobiologie : la révolution verte à Cuba », avec comme intervenants :

Mr Jean-Louis Durand, chargé de recherches en bioclimatologie à l’INRA de Lusignan,

directeur de l’unité de recherches « prairies et plantes fourragères ».

Mr Henri Sierra, secrétaire général du comité Hérault de Cuba Coopération France.

Plus de 80 personnes ont assisté à cette conférence qui a débuté par la projection du film : « Semences, les racines du nouveau monde » (partie 1).

Ce film de Nicolas Van Caloen et Juan Pablo Lepore est un documentaire tourné à Cuba ; sous-titré en français. Il rassemble des documents historiques, reportages et interviews, sur plusieurs types de jardins potagers coopératifs situés à Cuba, surtout en zone urbaine.

On y voit comment les nouveaux paysans utilisent les méthodes de l’agriculture biologique, dans le but d’accroître la production d’aliments sains consommés sur place et de parvenir à l’autosuffisance alimentaire dans l’île.

Après la présentation de l’association France-Cuba-Poitou, Mme Suzie Lachaud a expliqué pourquoi le choix de ce sujet.

En effet, une fois de plus, les médias n’ont pas informé le public sur ce qui se passe à Cuba dans le domaine agricole. De profonds changements sont intervenus depuis une vingtaine d’années : émergence et développement d’une agriculture paysanne de type biologique, qui produit des cultures vivrières tout en respectant l’environnement.

Dans sa présentation Mr Durand a abordé les thèmes suivants :

  • les conditions actuelles de production agricole qui ne sont pas soutenables dans les zones à haut rendement.
  • l’impact négatif de l’agriculture conventionnelle dans le contexte du changement climatique.
  • le remplacement des engrais chimiques (notamment l’azote) qui entraînent un appauvrissement des sols et une accumulation de déchets près des villes, par des fertilisants organiques.
    • le mouvement agroécologique (qui a pris un aspect social à Cuba), grâce à une diversification des cultures et une maîtrise des semences qui permet une production saine et durable.
  • en France l’agriculture biologique ne concerne que 4 à 5% de la surface agricole utile…De nombreux agriculteurs qui voudraient se reconvertir en bio rencontrent des blocages.

Mr Sierra a tout d’abord fait quelques rappels historiques : Blocus des USA depuis les années 60 et qui est toujours en vigueur. L’effondrement de l’URSS (qui était le principal partenaire commercial de Cuba) en 1990 entraîne à Cuba une grave crise économique. C’est la période spéciale, avec une crise aiguë de la production alimentaire.

  • Comment le gouvernement Cubain a fait face à cette crise en développant un programme d’agriculture urbaine avec distribution de terres urbaines et péri-urbaines sous la responsabilité du ministère de la défense et avec le concours des municipalités et des CDR (comité de défense de la révolution). Le tout accompagné d’aide sur les semences, le petit outillage et/ou l’irrigation.
  • L’apport du savoir-faire agricole traditionnel Cubain couplé au travail des chercheurs.
  • La capacité de la population à apprendre vite et son ingéniosité à inventer des dispositifs de culture organique.
  • Le succès de ce programme : la production de légumes est multipliée par 10 entre 1994 et 2005. Le nombre d’agriculteurs urbains est aujourd’hui de 400 000 pour 70 000ha cultivés.
  • Les différentes formes de coopératives : UBPC, CPA, CCS.
  • Les pratiques agricoles : agriculture organique en polyculture et petits élevages pratiquant le compost, la lombriculture, association de culture, les haies vives, etc...
  • Le programme d’échange entre agriculteurs Cubains et Héraultais autour de l’agriculture biologique organisé par le comité Hérault de Cuba Coopération France depuis 2010.

Le débat avec le public :

Pendant une heure, de nombreuses questions ont été posées, en voici quelques unes : Les OGM sont ils dangereux ? La culture du cacao à cuba : origine et développement ? A qui appartient la terre à Cuba ? Comment peut évoluer l’agriculture écologique en France ? Les paysans cubains ont-ils des dettes ? Peuvent-ils emprunter ? Quels sont les effets de l’évolution du climat ?

Ce débat très riche a permis d’aborder plusieurs facettes de l’agriculture à Cuba mais également d’approcher quelques enjeux actuels de l’agriculture en général et des changements climatiques.