L’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert deux fois primé à Paris

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Coup double à Paris pour l’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert qui vient de remporter deux prix pour son dernier livre « Avant que les ombres s’‘effacent » (Sabine Wespieser Editeur, 290 p.)

Il a remporté en effet coup sur coup le Prix du Livre France Bleu – Page des Libraires et le neuvième Prix Orange du Livre.

En 2008, son livre « Les Dieux voyagent la nuit » avait été primé à La Havane par la Casa de las Américas, dont les récompenses sont parmi les plus prestigieuses au sud du Rio Grande.

Par ailleurs, le Haïtien, 54 ans, qui voyage régulièrement à Cuba, à laquelle il est attaché par son histoire familiale, est l’auteur d’une thèse de doctorat en littérature comparée sur l’écrivain cubain Alejo Carpentier (Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle).

Dans son roman « Avant que les ombres s’effacent », l’histoire de Ruben Schwarzberg, originaire de Lodz, en Pologne, l’auteur revient sur le drame historique du « Saint-Louis » de mai 1939. Près de 1000 Allemands juifs devaient débarquer à La Havane. Mais les autorités cubaines refoulèrent le Saint-Louis. Celles des Etats-Unis en firent autant.

Louis-Philippe Dalembert rappelle dans son prologue un fait méconnu : le vote par l’État haïtien, en 1939, d’un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à toutes les personnes juives qui en formuleraient la demande (mp) .

(source : avec l’AFP)

Le romancier haïtien Louis-Philippe Dalembert, 54 ans, vient d’être doublement primé à Paris pour son dernier livre, un roman, « Avant que les ombres s’effacent », paru chez Sabine Wespieser.

[L.Ph. Dalembert, l’écrivain de « Le Roman de Cuba » (2009), « Noires blessures » (2011) et de « Ballade d’un amour inachevé » (2013) a remporté à la fois le Prix du Livre France Bleu – Page des libraires et le neuvième Prix Orange du livre.

En 2008, il avait été primé à La Havane par Casa de las Américas pour le roman « Les dieux voyagent la nuit » (Ed. du Rocher, 2006].

« Avant que les ombres s’effacent » est une saga familiale reposant sur un épisode méconnu de l’histoire d’Haïti : l’accueil des juifs persécutés en Europe avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

En mai 1939, le gouvernement haïtien décide d’accorder la naturalisation immédiate à tous les juifs qui le souhaitent. A partir de ce contexte véridique, l’écrivain et poète, âgé de 54 ans, a imaginé l’histoire d’un médecin juif polonais, Ruben Schwarzberg.

Établi à Port-au-Prince dès 1939, Ruben Schwarzberg devient le patriarche de trois générations d’Haïtiens. En janvier 2010, quand Haïti est frappé par un terrible séisme, Deborah, la petite-fille de sa défunte tante Ruth, arrive dans la capitale haïtienne parmi les équipes de secours venues d’Israël. Le vieil homme qu’est devenu Ruben lui confie sa fabuleuse histoire. Son enfance dans le ghetto de Lodz, ses études à Berlin, les premiers pogroms nazis, son internement à Buchenwald...

Dans une langue toujours tonique, le romancier mêle à son œuvre d’imagination des événements bien réels comme l’épopée du Saint Louis, un paquebot à bord duquel environ un millier de juifs allemands embarquèrent d’Hambourg en 1939 avec le vain espoir de rejoindre Cuba et les Etats-Unis.

Las, les passagers du navire se virent refuser l’entrée à Cuba malgré les visas que leur avait accordés l’ambassade de Cuba en Allemagne. Le débarquement aux États-Unis fut également refusé par les autorités américaines. Le bateau et ses passagers durent repartir vers l’Europe.

Grâce aux efforts du capitaine du navire, Gustav Schröder (devenu ’Juste parmi les nations’ après sa mort à la fin des années 1950), la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la France acceptèrent d’accueillir les réfugiés juifs condamnés sinon à retourner en Allemagne.

C’est ainsi que Ruben Schwarzberg se retrouvera à Paris à la fin des années 1930 avant son départ définitif pour Haïti (afp).

On peut (re) lire sur le Saint-Louis notre :

http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=9909&lg=fr

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LOUIS-PHILIPPE DALEMBERT

Site de l’éditeur :

http://www.swediteurcom/titre.php?id=176

Revue de presse :

http://www.swediteur.com/revue_de_presse_titre.php?id=176

http://ile-en-ile.org/dalembert/

http://www.gensdelacaraibe.org/index.php?option=com_content&view=article&id=3038:louis-philippe-dalembert-prix-casa-de-las-americas-2008

En espagnol :

http://laventana.casa.cult.cu/noticias/2008/01/31/los-ganadores-del-premio-casa-de-las-am
ericas-2008/

[Louis-Philippe Dalembert avait consacré un chapitre de son livre « Le Roman de Cuba » (p.187-196/ Ed. du Rocher, 2009) au drame du Saint-Louis, intitulé « Le débarquement interdit des juifs errants du Saint Louis » .En 271 pages et vingt-deux chapitres + un cahier photo de 14 pages, Dalembert trace un tableau d’envergure de cinq siècles d’histoire à Cuba. Ce n’est pas une histoire linéaire complète qu’il retrace, mais une ouverture des archives et des annales, histoires parallèles et décentrées.

Lire NOTE plus bas et en PDF La Table des Matières (22 chapitres)

Divers livres de Dalembert ont été traduits en plusieurs langues. A La Havane, en 2009, La Casa de las Américas a édité “Los dioses viajan de noche”. Traduit par Lourdes Arencibia.


BIO (trop) COURTE

Louis-Philippe Dalembert, écrivain d’expression française et créole, est né à Port-au-Prince le 8 décembre 1962. Après avoir travaillé comme journaliste en Haïti, il part en France en 1986 pour poursuivre ses études à Paris, où il vit aujourd’hui.

Il a publié depuis 1993 chez divers éditeurs, en France et en Haïti, des nouvelles (au Serpent à plumes dès 1993 : Le Songe d’une photo d’enfance), de la poésie, des essais (chez Philippe Rey/Culturesfrance en 2010, avec Lyonel Trouillot : Haïti, une traversée littéraire) et des romans (les derniers en date, au Mercure de France : « Noires blessures » en 2011 et « Ballade d’un amour inachevé » en 2013).

Professeur invité dans diverses universités américaines, il a été pensionnaire de la Villa Médicis (1994-1995), écrivain en résidence à Jérusalem et à Berlin, et a été lauréat de nombreux prix dont le prix RFO en 1999, le prix Casa de las Américas en 2008 et le prix Thyde Monnier de la SGDL en 2013.

Il est par ailleurs diplômé de l’Ecole normale supérieure de Port-au-Prince, diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris et auteur d’une thèse de doctorat en littérature comparée sur l’écrivain cubain Alejo Carpentier (université de Paris III-Sorbonne Nouvelle),soutenue en 1996 et intitulée « La représentation de l’autre : le Noir dans l’œuvre romanesque de Alejo Carpentier » 

NOTE :

Extrait du prologue de L. Ph. Dalembert pour « Le Roman de Cuba » 

« Je n’ai jamais vu un étranger aimer autant Cuba ! »

Je ne me rappelle plus dans quelle circonstance la poétesse Nancy Morejón, émue par tant d’intérêt pour son pays natal, me gratifia de cette exclamation. Pour elle, c’était le plus beau des compliments à l’endroit d’un non-Cubain. Un peu comme lorsqu’un natif de l’Hexagone admiratif devant la maîtrise, par un non-Français, de la langue de Voltaire, déclare : « Il s’exprime dans un français parfait. »

C’est le sentiment que me laissa la phrase de la poétesse cubaine au faux air d’Angela Davis. On devait être, si j’ai bonne mémoire, quelque part dans La Havane, non loin du Malecón (…)

J’ai mis du temps à cerner l’origine de cet amour pour Cuba. La fascination des Caribéens de ma génération, moins au fond pour la Révolution que pour la résistance du David antillais face au Goliath étasunien, ne pouvait pas suffire. Même si longtemps j’ai cru le contraire. Adolescent, je lisais Fidel sous le manteau, et me trimbalais avec une photo du Che dans mon portefeuille.

Les vraies explications sont arrivées plus tard, par vagues successives, à l’image des charges répétées de l’Océan contre les soubassements du Malecón. Il y eut d’abord une thèse de doctorat en littérature comparée. Et cette impression étrange, le jour de la soutenance, de la présence à mes côtés de ma grand-mère maternelle, décédée deux ans auparavant ». mp