Et la lumière fut !

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Rêves et progrès d’une communauté rurale
Le jour où l’électricité est arrivée au petit village de Jova, il y a eu des cris, des rires et des pleurs, même parmi les incrédules qui au début pensaient que ce n’était pas possible. "Je ne savais pas quoi faire, j’étais très impatiente" confie Carmen Carvallos.
Jusqu’à présent, les habitants n’avaient qu’une salle de télévision grâce à un panneau solaire installé il y a dix ans. "Maintenant, quand il n’y a pas de courant, tout le monde y va" raconte Carvallosa." Moi aussi, parce que je suis la directrice" ajoute cette femme qui a choisi d’acheter un réfrigérateur plutôt qu’une télévision pour sa maison

Province de CIENFUEGOS, Municipalité de CRUCES, projet "Communauté de JOVA

Cette communauté rurale de 32 habitations est reliée à l’Unité de production basique coopérative(UBPC )par un chemin de pierres de 2 kilomètres et demi qui devient un bourbier chaque fois qu’il pleut. Le hameau et la UBPC, situés dans la municipalité de Cruces partagent le nom, l’espoir et les aspirations à améliorer leurs conditions de vie.
Un projet qui rassemble de nombreuses agences de coopération internationale, nommé "La communauté de Jova pour une gestion raisonnée de ses ressources naturelles " anime actuellement tant les habitants que les producteurs de la coopérative de café, qui, il y a 3 ans, était au bord de la faillite.
"Nous avons eu une situation très tendue, des moments où il n’y avait pas d’argent pour payer les travailleurs" explique Jésus Ruiz, admistrateur de la UBPC productrice de canne à sucre. Il évoque, parmi les problèmes, l’instabilité administrative, une équipe de travaille
iurs trop nombreuse et une faible productivité, la désorganisation et de graves problèmes financiers.
L’application de nombreuses mesures internes d’organisation et l’apport de la coopération ont permis d’améliorer la situation. "On a réduit le personnel de 200 à 123 travailleurs et réorganisé le système de production pour mieux profiter de le journée de travail. Nous avons réussi à stabiliser le paiement des salaires et avons payé nos dettes" affirme Ruiz.
Selon lui, ces mesures, l’arrivée opportune de produits pour la production de la canne, comme des engrais et des fertilisants, et les meilleures conditions de travail qui ont favorisé la coopération externe ont contribué à élever les rendements de 9763 tonnes durant la récolte précédente à 14101 pour celle de cette année.
Le projet " La communauté de Jova" veut contribuer à la conservation et l’usage raisonné de la biodiversité agricole et écologique de cette région, dont les sols et l’habitat en général sont sérieusement endommagés par des années de culture intensive sucrière, de déforestation excessive, d’incendies et exploitation des bois rares, entre autres raisons.
On compte beaucoup, dans ce pari, sur la participation des habitants de Jova et des producteurs de la UBPC qui, après 2 ans, disposent de ressources et alternatives pour réduire les impacts sur l’environnement et en même temps ont amélioré leur qualité de vie. Le projet comprend ausi des cours et des ateliers de formation et d’éducation à l’environnement.
L’électrification de la commune, inaugurée le 10 octobre 2010 et financée par l’association française Cuba Coopération, a permis le retour de quelques familles qui étaient parties vers d’autres horizons.
"Nous progressons beaucoup. Avant, nous nous éclairions avec des lampes rudimentaires au kérosène et nous dépensions 120 pesos (5 dollars environ) chaque mois en seul combustible pour la cuisine. Cela a changé notre vie, maintenant, tout et plus facile" affirme Carvallosa, encore émue par ces souvenirs.
"Comme la majorité des habitants travaille à l’UBPC, on a une plus grande stabilité et discipline de travail, les gens sont plus stimulés" commente Ruiz, qui soutient que, à partir du projet, la coopérative s’est renforcée et non seulement a augmenté ses rendements de canne à sucre, mais aussi élargi ses productions de produits alimentaires.
"Les champs inoccupés étaient pleins de marabu (plante invasive). Nous les avons nettoyé et avons aujourd’hui, en plantes alimentaires environ 48 hectares. L’année passée, nous n’avons consommé , en produits de l’Etat, rien d’autre que le sel, le sucre raffiné et quelques autres produits , le reste provenait de nos récoltes" ajoute Ruiz, faisant référence à l’usage de la libreta, distribution programmée d’aliments.
Les cultures incluent du riz, du maïs, des bananes, des haricots, des tubercules. 1389 hectares sont consacrés à la canne à sucre, la principale culture et 102 hectares sont réservés au plan bétail, au second semestre de cette année, avec l’appui de l’Agence suisse pour le développement et la coopération.
"Le projet se réalise bien. Nous avons réalisé le plus important, nous avons semé et les récoltes ont été bonnes, nous avons reboisé et le programme pour amener l’eau dans chaque maison de la communauté avance" affirme Fabio Fajardo, coordinateur national du Programme des Petites Donations (PPD), et du Fonds pour l’environnement mondial.
Parmi les cofinanceurs du projet figure le Programme pour le Développement Humain Local (PDHL) pour permettre le travail décentralisé dans le pays avec les municipalités.
Les habitants de Jova attendent impatiemment que maintenant qu’ils ont la lumière, l’eau arrive dans leurs maisons.
Selon Fajardo, ce plan hydraulique que le PPD appuie, est pratiquement prêt, il ne manque que quelques accessoires pour les branchements qu’il faudra importer. Un des puits du village est devenu un petit aqueduc rural, avec ses eaux rendues potables pour la consommation humaine.
Article de Patricia Gregg pour IPS TRADUIT PAR MIREILLE TIXE COBIAN membre du bureau de Cuba Coopération France