A Cuba, la Haute Représentante de l’Union Européenne déclare « La véritable force se trouve dans le dialogue et la coopération »

Et elle condamne le blocus des Etats Unis...

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Federica Mogherini est à Cuba pour la troisième fois depuis mars 2016. La Haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Extérieures et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission Européenne revient sur l’île, entre autres, pour explorer les différents secteurs où L’UE peut développer sa coopération avec Cuba et étudier les possibilités de la renforcer où elle existe déjà.
Elle a rencontré notamment le Ministre des Relations Extérieures et le Président Raul Castro.

Eusebio Leal montre les lieux historiques à Federica Mogherini. Photo : Irene Pérez/Cubadebate.


La diplomate italienne a visité une partie du centre historique de La Havane, où Eusebio Leal, Historien de la ville, lui a parlé du Petit Temple, du Château de la Force Royale, de la Giraldilla, de la Plaza de Armas, du monument à Carlos Manuel de Céspedes, du Palais des Capitaines Généraux, de la rue Obispo et de l’hôtel Ambos Mundos.

Le bref parcours s’est achevé au Collège Universitaire San Gerónimo de La Havane, où des étudiants, des diplomates et des journalistes attendaient Federica Mogherini pour écouter son discours d’ouverture.

Liens Cuba – UE : « J’avais un intérêt tout particulier à revenir »

Federica Mogherini durant sa conférence magistrale dans le Collège Universitaire San Gerónimo de La Habana. Photo : Irene Pérez/ Cubadebate.


Federica Mogherini a débuté son discours en disant : « J’avais un intérêt tout particulier à revenir ». L’italienne qui représente les Affaires Extérieures du bloc Européen était en mars 2016 dans les Grandes Antilles pour annoncer la fin du processus de normalisation des relations entre l’UE et Cuba, et promouvoir une nouvelle étape de coopération.

« Si le monde et Cuba changent, les liens entre l’Union Européenne et Cuba changent aussi », a-t-elle déclaré.

Cuba et l’UE ont établi des relations en 1988, mais à peine huit ans plus tard, elles se sont interrompues, l’organisation avait approuvé la « position commune » contre Cuba, qui aujourd’hui a disparu.

Mais en 2008, le bloc a adopté une autre position vis-à-vis de l’île. En 2016 lorsque Federica Mogherini est arrivée à La Havane pour la première fois, Cuba avait déjà repris le dialogue politique avec 24 des 28 Etats membres.

Après avoir rappelé les liens historiques et culturels qui unissent l’île au vieux continent, Federica Mogherini s’est exprimée sur l’état actuel des échanges entre les deux parties. Elle a en particulier évoqué les bourses d’études « Erasmus Mundus » grâce auxquelles 145 jeunes cubains ont étudié dans plusieurs pays de l’Union Européenne et 78 européens ont suivi une partie de leurs études dans des universités cubaines.

Elle a cité deux autres exemples, le Centre pour Adolescents de La Vieille Havane et le Centre d’interprétation des relations Culturelles Cuba-Europe au Palais del Segundo Cabo, tout près du Collège San Gerónimo où se tenait la conférence. Les deux lieux ont été inaugurés avec l’appui de l’UE et la vice-présidente de la Commission Européenne les a visités l’après-midi même.

Quant à la coopération conjointe elle a précisé que l’objectif est de contribuer à concrétiser « les principes de justice, de liberté et de solidarité que nous partageons ». Entre autres on pourrait mentionner le programme d’énergie renouvelable, la lutte contre le changement climatique, le désarmement nucléaire, le commerce des armes légères, et les mesures coercitives extraterritoriales.

Attaque contre Trump ? « Construire des murs est inutile »

Le ministre des Relations Internationales de Cuba, Bruno Rodríguez, et la Haute Représentante de l’Union Européenne, Federica Mogherini. Photo : AP.


Federica Mogherini a lancé plusieurs attaques contre les mesures adoptées par l’administration de Donald Trump contre Cuba et le retour en arrière dans les relations bilatérales. « Je sais bien qu’actuellement certains essaient d’isoler Cuba, nous, les européens, nous savons que nous sommes plus que jamais à vos côtés…et que les cubains ne sont pas seuls ».

Elle a évoqué avec la plus grande fermeté la nécessaire préservation de l’environnement et déclaré : « le changement climatique est réel et il est de notre responsabilité d’être humain d’y remédier, mais seulement si nous menons une action unie et constante. » Rappelons que Donald Trump a, à plusieurs reprises, traité le sujet avec désinvolture, voire même dérision.

Et lorsqu’elle a abordé l’escalade des tensions au niveau international et les échecs des stratégies politiques, elle a expliqué : «  ce n’est pas le moment pour des démonstrations de force qui ne mènent nulle part et sont en réalité une preuve de faiblesse. Nous vivons dans un monde difficile et nous devons éviter que nos conflits viennent s’ajouter à ceux, nombreux, que nous connaissons déjà. Construire des murs est inutile. Ils ne peuvent qu’envenimer la situation. La véritable force réside dans le dialogue et la coopération. »

« Le Blocus est obsolète et illégal ; l’UE continuera à travailler pour y mettre un terme »

Federica Mogherini réalise une brève promenade dans les zones historiques de La Habane. Photo : Irene Pérez/ Cubadebate.


La vice-présidente de la Commission Européenne a évoqué plusieurs questions de la situation mondiale actuelle, elle a critiqué le blocus imposé à Cuba par les Etats Unis et a décrit certains contextes internationaux dans lesquels la nation des Caraïbes et l’organisation européenne ont travaillé ensemble.

Accord approuvé en décembre 2016 : « Avec le nouvel accord de dialogue politique, nous avons l’opportunité de porter nos relations à un niveau qui représente véritablement les liens historiques, économiques et culturels qui unissent l’Europe à Cuba ».

Un échange renforcé : « Cet accord offre de nouvelles opportunités d’accroître notre commerce, nos investissements et de mettre en place des solutions communes face aux défis mondiaux tels que la migration, la lutte contre le terrorisme, le désarmement nucléaire ou le changement climatique. Comme exemple, le nouveau programme de coopération pour encourager l’utilisation des énergies renouvelables que nous allons lancer avec Cuba, spécialement dans les zones rurales et isolées. »

Aller de l’avant avec Cuba : « Même dans les moments les plus difficiles de notre histoire commune les citoyens européens et cubains ne se sont jamais tourné le dos. Tant de choses nous unissent, nous avons tant de valeurs en commun que nous savons bien que le meilleur moyen d’accompagner la mise à jour du système cubain c’est l’engagement et le dialogue. Nous voulons continuer à avancer avec Cuba et travailler pour un avenir meilleur ».

Ferme opposition au blocus : « Le blocus n’est pas la solution. Nous l’avons déjà dit à maintes reprises à nos amis étasuniens et nous l’avons réaffirmé aux Nations Unies. Le seul effet du blocus est d’aggraver les conditions de vie des femmes, des hommes et des enfants cubains. Le blocus est obsolète, illégal, et l’UE continuera à travailler pour y mettre un terme ».

Federica Mogherini. Photo. Ismale Francisco/Cubadebate.


Influence de Cuba et de l’UE dans le monde : « Les expériences nous prouvent que si l’Union Européenne et Cuba travaillent ensemble, nous pouvons avoir une influence positive dans le monde entier. Ensemble nous avons œuvré en faveur de la paix en Colombie, de la lutte contre le virus Ebola en Afrique, de l’Accord de Paris sur le changement climatique et en vue de la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies et du programme 2030 ».

Travail conjoint avec le Chancelier Cubain : « Nous travaillons ensemble sur des sujets qui touchent directement les citoyens cubains et européens. Par exemple nous avons une réponse commune aux terribles ouragans qui ont frappé les Caraïbes ces derniers mois ».

Réponse de Cuba à l’ouragan Irma : « L’assistance et le soutien du gouvernement cubain aux victimes de l’ouragan ont été efficaces et professionnels avec l’évacuation de presque 2 millions d’habitants pour protéger leur vie ».

Aide de l’Europe : « Les Européens ont apporté une aide humanitaire pour soutenir les pays de la zone caraïbe, dont neuf millions d’euros. Nous facilitons l’aide financière pour donner un abri, de la nourriture et du matériel pour réparer les habitations des zones de Cuba les plus touchées comme Villa Clara, Ciego de Ávila, Sancti Spíritus et Camagüey. Avec ces ressources nous aidons aussi à récupérer les terres agricoles les plus endommagées ».

Renforcer le dialogue Cuba Union-Européenne sur les droits de l’homme : « Nous travaillons à régulariser le dialogue de Cuba et de l’Europe sur les droits de l’homme, qui a débuté en 2015. Bien qu’il y ait quelques différences dans nos positions respectives l’ouverture et la volonté de dialogue sont toujours présentes ».

Objectifs communs : « Peut-être que l’UE et Cuba sont géographiquement éloignés, mais nous avons beaucoup de choses en commun, pas toutes, mais beaucoup. Nous croyons à la collaboration internationale et à la solidarité, nous croyons au pouvoir de la médiation et du dialogue pour résoudre tout type de litiges, nous croyons que la seule alternative au désordre international actuel est un ordre mondial plus coopératif, plus juste et plus solidaire ; fondé sur le multilatéralisme et le système des Nations Unies. Nous croyons que le développement durable est le grand défi de ce siècle et que la lutte contre les inégalités dans le monde a un effet direct sur notre propre sécurité ».


En video, Federica Mogherini recorre La Habana Vieja acompañada por Eusebio Leal