Nouveau souffle pour la campagne cubaine

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Des jeunes, qui ont choisi la « Résolution 449 » qui facilite l’octroi des terres en usufruit à ceux qui terminent le service militaire actif, échangent des expériences avec le ministre de l’Agriculture.
La rencontre du ministre avec ces 45 jeunes cultivateurs a eu lieu au siège dudit ministère à La Havane.
Et, à Pinar del Río, dans le but de soutenir la production d’aliments, des agriculteurs sèment des cultures vivrières dans les tunnels destinés aux plants de tabac, inutilisés une partie de l’année.
Paula Lecomte

Le ministre concerné a recommandé aux plus jeunes de s’appuyer sur ceux qui ont une plus large expérience. Photo : Roberto Ruiz Espinosa

« Tout jeune qui décidera d’aller vivre de la terre fait un pas très révolutionnaire. Et, ce qui est beaucoup plus révolutionnaire, c’est qu’une fois qu’il aura appris, il contribuera au perfectionnement des autres ».

Ce sont les paroles prononcées par Gustavo Rodríguez Rollero, ministre de l’Agriculture, au cours d’un échange d’expériences avec 45 jeunes qui ont choisi d’être bénéficiaires de la Résolution 449/2013 qui priorise l’octroi des terres en usufruit à ceux qui terminent le service militaire actif.

La rencontre des nouveaux agriculteurs avec le ministre et le Groupe de Direction du Ministère de l’Agriculture (Minag) a eu lieu à La Havane, au siège dudit ministère.
Au préalable les producteurs avaient participé au « Premier Atelier de jeunes usufruitiers » ce qui leur a permis de visiter les fermes et les coopératives qui ont de hauts résultats dans la production d’aliments et d’apprendre les bonnes pratiques.

Alcides López Labrada, directeur du Centre d’Études et de Perfectionnement du Minag, avant cette rencontre si positive entre les jeunes et les responsables du Minag, avait abordé le projet « Agro jeune » qui offre des opportunités d’emploi dans la campagne et qui jusqu’à présent concerne deux municipalités : Los Palacios, à Pinar del Rîo et Caimito, à Artemisa.

López Labrada a exposé des données recueillies par le « Centre d’Études sur la Jeunesse » qui soulignent l’importance de motiver les nouvelles générations à choisir des études agropastorales pour « cueillir avec leurs mains les fruits de la terre ». Il a souligné, par exemple, que seulement 12% de ceux qui soutiennent l’activité agropastorale sont des jeunes.

Le ministre de l’Agriculture a recommandé aux participants de la rencontre de s’appuyer toujours sur des producteurs ayant de l’expérience et de ne pas s’éloigner du domaine de la science et de la technique pour atteindre la prospérité qu’offre la campagne, étant donné que Acopio (1) offre des prix justes pour leurs récoltes. En plus il a insisté pour qu’ils évitent de se dédier à la monoculture parce que cela entraîne des risques non seulement par rapport au leur gain mais aussi pour les sols.

Rodríguez Rollero a écouté attentivement les jeunes qui ont évoqué les difficultés bureaucratiques et la nonchalance de certaines délégations du Minag et des responsables de l’ANAP (2) pour traiter leurs besoins de nouveaux producteurs qui régulièrement manquent de capitaux. Il leur a demandé la localisation de leurs terres, et en tant que bon connaisseur de chaque endroit de l’île où sont produits des aliments, il s’est engagé à acheminer chaque sujet abordé à qui de droit, dans l’urgence que la question nécessite.

Adrian Rodríguez, qui a obtenu ses terres à Palmarejo, Songo la Maya, à Santiago de Cuba, a remercié le gouvernement pour tout ce qu’il possède, une superficie de 4 hectares qu’il laboure avec des bœufs. Il a déjà construit sa modeste maison en cultivant du maïs et de la patate douce et ce qu’il obtient de la terre lui permet d’offrir une vie digne à son épouse et à sa fille.
Il rentrera à sa ferme avec des semences de manioc fournies par l’Inivit (3), cadeau d’un producteur de Güira de Melena pour qu’il les teste dans la terre de Santiago.

Richard Osorio, qui a reçu ses terres à Majagua, Ciego de Avila, a commenté son expérience de planteur de tomates dans 5 hectares que des ruisseaux et des ravines traversent. Il a assuré qu’il obtiendra 22 tonnes sur cette superficie et qu’il est très heureux parce qu’il plantera d’autres cultures dans sa ferme, en l’occurrence, pastèque et maïs.

Roberto Rodríguez, président du Groupe d’Entreprises de Logistique du Minag (Gelma) a expliqué qu’ils ont passé des contrats avec 5 000 unités de production, mais qu’ils dirigeront leur travail vers ces jeunes usufruitiers qui sont déjà 713 dans tout le pays, pour répondre à leurs besoins au niveau de la logistique.
Il a également parlé des solutions qui existent pour que des bases de production ayant des situations économiques critiques puissent obtenir leurs intrants.

Pour sa part Yoel Palmero Meneses, membre du Bureau national de l’ANAP, a insisté sur l’engagement pris pour instruire ces jeunes et plus de 29 000 paysans qui travaillent dans cette branche. Il a ajouté que les « Paysans Actifs » qui se réorganisent chaque année, ainsi que l’UJC (4), sont des espaces idéaux pour connaître les problèmes internes de l’agro et le rôle que peuvent y jouer des jeunes pour y faire une révolution.

La rencontre a été clôturée dans une ambiance très optimiste. Le jeune Jorge Luis Henríquez, de Pinar del Río, membre de la CCS (5) Jorge Gonzàlez et étudiant en agronomie au siège universitaire de la localité a affirmé qu’il n’est pas impossible de se perfectionner même si les obligations sont nombreuses.

Pinar del Río : production de légumes dans les tunnels des plants de tabac.

Cette initiative, qui est suivie par le Mouvement de l’Agriculture Urbaine et Suburbaine prévoit de produire dans les mois de février à juin, des centaines de tonnes d’oignons, de la salade, des carottes et de blettes parmi d’autres cultures.

Cette initiative permet de profiter d’une infrastructure qui n’était utilisée que la moitié de l’année. Photo : Ronald Suárez Rivas

Dans le but de soutenir la production d’aliments et de profiter au maximum d’une infrastructure qui n’était utilisée que seulement la moitié de l’année, dans les tunnels destinés aux plants de tabac on sème des cultures vivrières.

Suivie par le Mouvement de l’Agriculture Urbaine et Suburbaine, l’initiative prévoit d’apporter des centaines de tonnes d’oignons, de choux, de salades, de carottes et de blettes parmi d’autres cultures dans les mois de février à juillet.

En plus, cela garantit l’emploi pour les ouvriers des dites installations dont la majorité n’avaient pas de travail une fois terminée la récolte de tabac et devaient être employés ailleurs.

Lérida María Sánchez, qui dirige l’Agriculture Urbaine et Suburbaine dans la province explique que l’expérience a débuté l’année dernière dans les unités des municipalités de San Juan y Martínez et Consolación del Sur, puis elle s’est étendue aux autres territoires depuis le début de cette année 2018.

D’après la responsable, Pinar del Río possède 155 tunnels de cette sorte, actifs ou en construction, sur une superficie cultivée de cinq hectares.

La spécialiste précise que quoique ce chiffre peut paraître petit, les caractéristiques du substrat, les conditions d’arrosage et le fait d’être protégés sous toile font que ces « tunnels » deviennent hautement productifs. "L’on peut y faire trois rotations de cultures durant des mois, avec un rendement de 9 kilogrammes par mètre carré. C’est ainsi que le total des installations pourraient produire 400 tonnes de cultures vivrières dans la présente période".

Quand on les compare avec les aires à ciel ouvert, l’emploi des tunnels réduit l’incidence de la lumière solaire sur les cultures, et elles sont aussi mieux protégées des ravageurs et des maladies. D’autre part, on maintient davantage l’humidité dans le sol et on peut contrôler avec une meilleure efficacité tous les soins culturaux.

Pedro Luis León, travailleur du centre de production de plants "La Esperanza", dans la municipalité de San Luis a déclaré : "Ceci a beaucoup d’avantages. La première c’est d’avoir une superficie concentrée dans laquelle toutes les tâches sont faciles. Ni la pluie, ni le climat ne nous affectent".

1.Acopio : Entreprise du ministère de l’agriculture. Elle est chargée de collecter les récoltes et d’approvisionner les marchés.
2.ANAP : Asociación Nacional de Agricultores Pequeños : association nationale des petits agriculteurs.
3. Inivit : Institut national d’investigation des tubercules tropicales
4. UJC : union des jeunes communistes
5. CCS : coopérative de crédits et de services


http://www.juventudrebelde.cu/en/cuba/2018-03-27/nuevo-aliento-para-la-campina-cubana
http://www.granma.cu/cuba/2018-03-27/tuneles-de-posturas-tabacaleras-producen-hortalizas-27-03-2018-21-03-56