La WIFI à Guanabacoa (La Havane)

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Un "expat", notre ami Philippe Adler, ancien Président fondateur de notre comité de Lille Métropole, nous fait partager l’expérience qu’il vit maintenant avec son épouse, originaire de l’Ile... Avec humour il nous conte le vécu quotidien d’un habitant de ce magnifique pays !
Tout n’est sans doute pas rose, les difficultés sont bien présentes, dans un pays sous blocus étasunien depuis plus d’un demi-siècle.
Mais ce n’est pas l’enfer que certains voudraient voir s’installer...

Un des points WIFI de la ville de Guanabacoa où je réside, près de La Havane

Aujourd’hui un papier concernant internet et les courriers électroniques à Cuba car beaucoup d’entre vous, même parmi ceux qui connaissent bien Cuba, oublient une fois entrés en France, les difficultés de l’île dues en grande partie à l’embargo et aussi au sous équipement par rapport à ce que vous connaissez en France.
L’Etat Cubain fait beaucoup d’efforts pour pallier cette situation et nous constatons beaucoup de progrès : le coût de la connexion était de 2 CUC pour une heure (environ 2 €) il y a quelques mois, il est désormais de 1 CUC ; les points WIFI où se rendent les cubains pour communiquer ou se connecter à Internet sont de plus en plus nombreux mais la connexion est beaucoup plus lente qu’en France, voire parfois très très lente.

Vous en France disposez presque tous d’un ordinateur connecté à la maison, d’un bureau et d’un forfait illimité.
Moins simple ici où peu de cubains disposent d’Internet à la maison et quand ils en disposent c’est très lent. J’ai un copain français qui a Internet à la maison mais qui s’en sert très peu car le débit est très bas.
Ici il faut se rendre avec son ordinateur portable ou son smartphone sur une zone WIFI donc à l’extérieur, travailler assis sur un banc avec l’ordinateur sur les genoux.

Autre solution, pour ceux qui n’ont pas d’ordinateur ou qui souhaitent travailler plus confortablement : aller dans une agence Etecsa (équivalent d’Orange), c’est l’opérateur de Cuba et ses agences ont des ordinateurs à disposition du public.
C’est la solution que j’ai choisie quand je dois travailler avec Internet : 3kms aller-retour pour aller chez Etecsa Guanabacoa qui met 4 ordinateurs à disposition du public mais souvent sur les 4 un ou plusieurs sont en panne. Il faut bien sûr faire la queue car d’autres usagers sont avant vous, et ici pas de forfait illimité, l’heure de connexion est à 1 CUC (environ 1€), une fortune pour les cubains.

Les touristes peuvent se connecter dans les grands hôtels, les cubains aussi mais c’est généralement 5 CUC de l’heure. Dans les points WIFI c’est aussi la connexion à 1CUC de l’heure si vous vous branchez sur le réseau WIFI ETECSA mais des personnes vous proposent de vous connecter sur leur réseau pour un peu moins cher. Si vous acceptez ils font une manip sur votre téléphone ou ordi, vous êtes connectés, et vous retournez les voir en fin de travail pour qu’ils vous déconnectent. Personnellement je n’ai pas trop confiance, je me connecte avec le réseau Etecsa.

Autre problème quand vous êtes connectés, c’est que pour vous rendre sur les sites de plus en plus sophistiqués des administrations ou sociétés privées françaises, ça rame parfois plus d’un quart d’heure, où c’est impossible, je n’ai jamais jusqu’à présent réussi à consulter mon dossier de sécurité sociale sur le site Ameli par exemple. J’arrive par contre à suivre mes comptes et à faire des virements, tant bien que mal, avec le site du Crédit Agricole.

Fort heureusement je dispose d’un smartphone qui me permet de recevoir et d’envoyer des mails depuis chez moi, pour les mails sans pièces jointes ça marche très bien. Quand je reçois un mail avec une pièce jointe c’est souvent long à télécharger et donc coûteux (toujours 1 CUC de l’heure) parfois impossible à télécharger ça dépend de la taille de la pièce. Pour les documents je n’arrive à lire ou à envoyer que des documents en pdf.

Pour Cuba Coopération, je reçois l’éditorial de la lettre électronique ainsi que les introductions d’articles, mais impossible d’ouvrir l’article entier sur le smartphone. Si je veux lire un article je vais chez Etecsa.

Pas simple n’est-ce pas ?

J’ai le droit d’avoir internet à la maison, j’ai donc fait une demande à Etecsa, mais ils m’ont dit que c’était impossible pour l’instant pour des raisons techniques et que je devais renouveler ma demande ultérieurement. J’ai aussi fait appel à un installateur pour monter une antenne M5 chez moi, on voit de plus en plus d’antenne de ce type sur les toits. Elles permettent de capter un signal WIFI à assez grande distance d’après ce que j’ai compris.
Certains disent que ce n’est pas permis, j’ai posé la question au technicien, il m’a dit que tant que c’est utilisé pour son usage personnel il n’y a pas de problème, ce qui n’est pas permis c’est d’en faire commerce, de mettre un ordinateur connecté à disposition des gens du quartier moyennant finance par exemple. Malheureusement depuis chez moi impossible de capter la WIFI grâce à cette antenne en raison de l’emplacement géographique.

Les premiers mois qui ont suivi mon installation à Cuba, ce manque de facilités de communication m’a un peu perturbé, depuis je me suis habitué et adapté à ces petites misères de la vie quotidienne à Cuba. D’un autre coté je pense à tous ces ados et adultes accros et dépendants à s’en rendre malade de leurs portables ou de leurs ordis en France, je me dis que finalement il est bon de vivre dans un pays où on est un peu contraint de pratiquer cette activité de communication électronique avec modération.

Les administrations, collectivités et entreprises sont soumises aux mêmes contraintes, ce n’est pas simple de se connecter non plus.
Je souris quand je reçois un mail d’ami qui me dit que pour plus de renseignements il suffit de cliquer sur le lien zoumzoum.com.... ce n’est pas si simple à Cuba.
Aussi pardonnez à vos amis cubains qui ne répondent pas toujours à vos mails, c’est compliqué et ça coûte.

Par contre, contrairement à ce que certains médias voudraient nous faire croire, il n’y a aucune censure ici sur les sites, tous accessibles.

Philippe Alder