Cienfuegos : une ville pleine d’histoires de corsaires et de pirates

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Longtemps avant la construction de la ville de Cienfuegos, en 1819 seulement, dans un site exceptionnel qui présente de grands atouts géographiques et économiques, au nord de la baie de Jagua, cette baie avait été explorée par Christophe Colomb, dès 1494, lors de son second voyage. Puis elle fut fréquentée et utilisée pendant des décennies par des hordes de pirates appâtés par les richesses qui transitaient par la Mer des Caraïbes, comme par les corsaires français, anglais et hollandais, mandatés pour arracher à l’Espagne les territoires qu’elle avait colonisés.
Pascale Hébert

Trois articles de Sabdiel Batista Díaz, publiés dans le Blog Cienfurgos Patrimonio

Traduits par Pascale Hébert

Cienfuegos : une ville pleine d’histoires de corsaires et de pirates

9 mai 2018

Les villes cubaines recèlent des histoires qui impressionnent les autochtones et les étrangers. En plus de la beauté naturelle de nombre d’entre elles, on peut aussi trouver des évènements qui marquent chacune d’elles d’une manière spéciale. Tel est le cas de la ville de Cienfuegos.

Les historiens racontent qu’en 1494, lors du second voyage de Christophe Colomb, celui-ci découvrit et visita le port de Jagua, qui fait partie aujourd’hui de l’identité singulière de l’une des plus belles villes du pays.

Avec ses caravelles La Niňa ou Santa Clara, La Juana et La Cordero*, l’Amiral arriva jusqu’à cet endroit pour s’y approvisionner en eau douce, en bois de chauffe et en autres denrées indispensables. C’est la première visite que l’on enregistrerait dans les annales.

Colomb serait suivi par d’autres, surtout à cause de la position stratégique de la baie et parce que c’était pour les embarcations un endroit idéal pour l’approvisionnement en vivres et en eau douce. C’est ainsi qu’en 1537 le secteur fut visité par des pirates et des corsaires aussi redoutés que Jacques de Sores, Guillermo Bruces**, Juan le Téméraire** et Drake, quelques uns d’entre eux avec un lourd passé de pillages dans d’autres régions de Cuba.

Vers le début du XVIIème siècle, une escadre de bateaux pirates commandée par Thomas Baskerville** y séjourna et, peu après, les corsaires français et anglais adoptèrent le port comme zone de repos provisoire. Il serait aussi attaqué par le hollandais Cornelio Foll***, par Juan Morgan**, par le cruel Laurent de Graff et par d’autres.

Dès cette époque surgirent des projets pour peupler le secteur de ce qui est actuellement Cienfuegos. Plusieurs gouverneurs de l’époque proposèrent même au roi la construction de forteresses qui permettraient de protéger la baie ; mais ce n’est qu’en 1742 que quelques-uns de ces plans furent mis en œuvre.

Dans la baie de Jagua se cache plus d’un secret sur les pirates et les corsaires qui attend d’être découvert par les amateurs d’aventures qui se décideraient à rechercher dans ses profondeurs les vestiges d’anciens combats navals ou d’éventuels trésors engloutis.

*Probablement, La Niña, la San Juan et la Cardera (note du traducteur)

** Non documentés (note du traducteur)

***Probablement Cornelius Jol 1597-1641 (note du traducteur)

Christophe Colomb a séjourné dans le secteur de Jagua, aujourd’hui Cienfuegos

30 août 2018

Quelques prestigieux auteurs affirment que Christophe Colomb, au cours de son périple le long de la côte sud de Cuba en 1494, a fait escale dans la baie de Jagua lors de son voyage de retour vers l’Île Espagnole.*.

Lors de son second voyage aux Amériques « il pénétra dans un port aussi vaste et aussi spacieux que celui de Carenas », comparaison qu’il établit entre notre baie et celle de La Havane, qu’il avait appelée port de Carenas parce qu’il y avait caréné ses navires, d’après ce qu’indique Miguel Rodríguez Ferrer, dans son livre « Nature et Civilisation de la grandiose île de Cuba », Tome II, édité à Madrid en 1882 et cité par Antonio Núňez Jiménez dans « L’ Île des Pins. Des Colonisateurs Rebelles », Editions Arte y Literatura, publié à La Havane en 1976.

Il avait noté que ce port était dénommé Jagua par ses habitants autochtones et bien qu’il y soit venu pour rechercher des provisions et de l’eau douce, il avait remarqué l’abondance du bois d’œuvre, c’est pourquoi il fit abattre quelques arbres et il ordonna à son chapelain de dire une messe, c’est pourquoi il baptisa Jagua sous le nom de Baie de la Messe.

Le consensus entre les historiens est que l’itinéraire controversé du second voyage de Colomb dans l’Ouest de Cuba peut se résumer ainsi : il navigue vers l’Ouest et double la Pointe du Séraphin (aujourd’hui Punta Gorda, dans la péninsule de Zapata) où il contemple au loin les hauteurs de la Sierra del Grillo dans l’actuelle commune de Madruga ; le 3 juin, il arrive en vue de la zone baignée par le fleuve Mayabeque et un arbalétrier observe des indiens avec des tuniques blanches ; le 4, il envoie des hommes en armes chercher les supposés indiens ; le 10, il navigue le long de la côte sud jusqu’à ce qu’il arrive le 11 à Guanimar et le 12 dans la rade de Cortés ; le 13, il explore la côte occidentale de l’Île des Pins et le 25 il s’en éloigne pour arriver le 7 juillet en vue de son point de départ (Jagua), refermant ainsi la phase de découverte de la côte sud-occidentale de Cuba.

OS30, 2018 SABDIEL BATISTA DÍA

Comme on peut le voir, ces données situeraient la baie de Jagua parmi les premiers points de contact entre les deux mondes, bien que l’on n’ait fondé là aucune ville avant bien longtemps, en partie grâce aux mêmes caractéristiques géographiques et naturelles qui font de Cienfuegos aujourd’hui une excellente zone pour le développement commercial.

*Aujourd’hui Haïti-Saint Domingue (note du traducteur).

Les pirates dans la baie de Jagua

8 septembre 2018

La baie de Jagua, dans l’actuelle province de Cienfuegos, est l’un des principaux facteurs du développement économique de ce territoire. Et il en a toujours été ainsi. Au point que de nombreux pirates et corsaires étaient des habitués de cet endroit.

Dès 1538, la baie de Jagua a commencé à être fréquentée par des pirates français qui s’étaient emparés de Cayo Carenas et de Playa Alegre, où ils avaient construit des bassins de radoub.

En 1554, le corsaire français Jacques de Sores, l’a visitée lors de l’une de ses incursions ainsi que deux ans plus tard le pirate anglais Guillermo Bruce*, dont on dit qu’il a procédé à l’enfouissement de trésors dans le port.

Le pirate Juan le Téméraire* s’est également trouvé dans ce secteur en 1557, d’après ce que prétend l’aventurier et pirate français Alexandre-Olivier Exquemelin, dans son histoire ‘Le flibustier’**. En 1586, le corsaire anglais Francis Drake a séjourné dans le coin, mais pas longtemps.

Thomas Baskerville*, pirate célèbre pour ses déprédations, y est venu en 1602 avec son escadre, deux ans après, l’anglais John Morgan* et, la même année, des corsaires français sous les ordres de Gilbert Giron.

Le hollandais Cornelio Foll*** a fait sentir sa présence en 1628 ; il a attaqué quelques éleveurs établis sur la côte ; ils se consacraient à l’élevage des porcs qu’ils tuaient et qu’ils salaient pour négocier en contrebande quelques-unes de leurs incursions dans les mers du sud.

La présence des pirates et des corsaires dans la baie de Jagua avait atteint une pareille ampleur à cause d’une absence de stratégie défensive de la part de la métropole espagnole. A l’appui de cette thèse, il est opportun de rappeler que la méridionale Santiago, deuxième ville en importance de Cuba, ne disposa pas d’une garnison permanente avant 1641 ; à Jagua la surveillance devait donc être des plus limitées ou quasi nulle.

A l’aube du XVII siècle, la baie de Jagua, vide d’habitants, aurait d’autres visiteurs, de par leur libre volonté et sans le consentement des autorités espagnoles. L’audacieux corsaire Dollys* y a fait des réparations et des provisions en 1662.

Juan Morgan* d’abord et plus tard Franquisney* ont fréquenté le port entre 1668 et 1678, dans le but de préparer (sic).

Le flibustier hollandais, Laurent de Graff, connu comme la terreur de la Mer des Antilles, a visité ce port en 1683 ; il y a levé des provisions en recourant à la violence.

A partir de 1720, on a saisi l’importance économique et militaire que présentait cet endroit et on a décidé de construire à l’entrée de cette baie la Forteresse de Notre Dame des Anges de Jagua, belle gardienne qui en surveille toujours l’entrée depuis sa mise en service en 1745.

*Non documentés (Note du traducteur)

** « Histoire des aventuriers… » 1ère édition française 1686 (note du traducteur)

*** Probablement Cornelius Jol 1597-1641 (note du traducteur)

https://cienfuegospatrimonio.wordpress.com/2018/09/05/los-piratas-en-la-bahia-de-Jagua/{