Le Cubain Alfredo Rodríguez, nouveau prince du piano jazz

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Protégé de Quincy Jones, le Cubain Alfredo Rodríguez est le nouveau prince du piano jazz, considèrent les critiques. Révélé lors d’un concert au Montreux Jazz Festival il y a une dizaine d’années, le musicien cubain qui vit aux Etats-Unis depuis 2009, vient de sortir « The Little Dream », deux ans après son troisième album « Tocororo »

Un concert d’Alfredo Rodriguez, enregistré le 7 juillet 2016 à Montreux, est diffusé actuellement sur la chaine Mezzo (réalisateur, Marc Schütrumpf, 60 mn).


Alfredo Rodríguez, le pianiste cubain protégé de Quincy Jones

Posté par Michel Porcheron

Un dernier album, The Little Dream (16 mars 2018) et un concert sur la chaine Mezzo mettent dans l’actualité et en lumière le talent d’une étoile montante du jazz cubain, le pianiste Alfredo Rodriguez

Il y a 10 ans, après un concert époustouflant lors du Festival de Jazz de Montreux, Quincy Jones a immédiatement pris sous son aile le jeune pianiste Alfredo Rodriguez. Depuis, ils ne se sont plus quittés et le musicien cubain est devenu à 32 ans l’un des nouveaux grands ambassadeurs du piano jazz. Quincy Jones a produit ses trois premiers albums, ainsi que ce nouvel opus « The Little Dream »

« The Little Dream » a été enregistré spontanément en seulement deux jours, avec une majorité d’improvisations et de développements impressionnants gravés en une seule prise. Entouré de musiciens avec lesquels il joue depuis plus de 7 ans, le pianiste cubain dévoile des compositions ou des arrangements de haut vol. S’il repousse toujours plus loin les frontières de sa musique, il n’en oublie jamais ses racines cubaines. Ainsi, Alfredo Rodriguez est passé du statut de jeune artiste local cubain à celui d’un nominé de Grammy, reconnu mondialement (source Amazon).

Lire et écouter (2014) : https://culturebox.francetvinfo.fr/musique/jazz-blues/alfredo-rodriguez-la-pepite-decouverte-par-quincy-jones-160867

Le concert de Alfredo Rodriguez (Montreux 7 juillet 2016) sur la chaine Mezzo, vu par Anne Berthod (Télérama) / Réalisation Marc Schütrumpf, 60 mn

Est-il, comme le prétend Quincy Jones, le successeur naturel du génial Chucho Valdés ? C’est encore un peu tôt pour le dire, mais une chose est sûre : à 32 ans, le pianiste Alfredo Rodríguez est la nouvelle étoile montante du jazz cubain. Avec son compatriote, il partage une exubérance cosmopolite, mais aussi un attachement aux racines et à la culture afro-cubaines.

Sur la scène de Montreux, où il est revenu à l’été 2016, dix ans après son premier concert suisse, il joue avec le batteur Michael Olivera et le contrebassiste Reinier Elizarde. Les trois musiciens dressent d’abord au public une salutation percussive pour trois petits tambours bocues. Puis débutent les festivités, sur une bien nommée Invasion Parade qui met en joie. Le toc musclé, véloce et délié d’Alfredo Rodríguez fouette le sang. Entre une version syncopée de Guantanamera, martelée directement dans le ventre du piano, et une reprise du cultissime Veinte Anos, de Maria Teresa Vera, le musicien invoque Yemaya, la déesse orisha, en une incantation suave et synthétique retraitée sur son Minimoog.

Qu’il s’amuse à déconstruire Bach ou Piazzola, comme sur le répertoire de l’album Tocororo, le jeune Alfredo digère le monde avec une gourmandise et une fougue dans lesquelles le grand Chucho se serait sans doute reconnu. (Anne Berthod / plusieurs diffusions)

Sortait en 2016 « Tocororo » :

  • Alfredo Rodriguez
    Tocororo/Sylvain Siclier/Le Monde

    Pochette de l’album « Tocororo », d’Alfredo Rodriguez.

C’est dans un climat rêveur, par quelques notes jouées en pinçant les cordes de son piano que débute Tocororo, le troisième album du pianiste cubain Alfredo Rodriguez – homonyme de son confrère et compatriote, mort le 3 octobre 2005 à l’âge de 69 ans.

Toujours produit par Quincy Jones, comme le précédent The Invasion Parade (2014). Et toujours avec quelques invités en plus de la souple rythmique constituée par Reinier Elizarde (basse) et Michael Olivera (batterie).

Les voix d’Ibeyi, Antonio Lizana, Richard Bona, par ailleurs à la basse électrique, le trompettiste Ibrahim Maalouf, le saxophoniste, clarinettiste et flûtiste Ariel Bringuez…

A ses racines musicales cubaines, Alfredo Rodriguez, au jeu délié, véloce, ajoute des éléments venus du jazz, des évocations du tango (Adios Nonino), du flamenco (Gitanerias), de musiques de l’Afrique de l’Ouest. Un album voyageur entre des passages de plein allant rythmique et des développements mélodiques au joli pouvoir d’émotion. C’est d’ailleurs lorsqu’il évolue dans des climats apaisés que le pianiste fait entendre son plus intéressant (Raices, le début de Tocororo, Venga La Esperanza…). Sylvain Siclier

Description du CD : « Cuba est dans chacune note que je joue »

Le « Tocororo » est un oiseau emblématique de l’île de Cuba, qui ne peut vivre qu’en liberté, et qui se laisse mourir si par malheur il se retrouve enfermé dans une cage.

« It flies or it dies » déclare le jeune pianiste Alfredo Rodriguez. Pour son troisième album chez Mack Avenue, Alfredo Rodriguez explore ses souvenirs de Cuba, son peuple et sa culture - l’album s’ouvre d’ailleurs avec une reprise de l’hymne « Chan Chan » immortalisé par Compay Segundo dans le Buena Vista Social Club.

Mais il entreprend également un grand voyage musical au cours duquel ses racines musicales s’enrichissent de ses nombreuses rencontres aux quatre coins de la planète. « Je souhaitais véritablement m’ouvrir au monde pour cet album, tout en honorant mon héritage musical » déclare le Cubain.

« C’est la raison pour laquelle on retrouve sur cet enregistrement des artistes d’autres nationalités et cultures. Ma musique reflète les expériences de ma vie quotidienne et aujourd’hui avec les réseaux sociaux et la technologie, les barrières et les frontières s’estompent. C’est un grand pas vers la liberté, vers la découverte, vers le partage. Les choses évoluent aussi dans mon pays, lentement mais surement ». Ainsi on retrouve tout au long des titres un casting de haut vol : Ibeyi, Ibrahim Maalouf, Richard Bona, le tout sous la houlette de Quincy Jones qui coproduit une nouvelle fois l’enregistrement !

« J’ai énormément appris de Q, de sa grande culture et de sa philosophie de vie très fraternelle. Il est ouvert et généreux, n’impose jamais ses idées, mais aide les musiciens à trouver leur propre voie ». Les racines cubaines de Rodriguez sont profondes même si Bach est au programme (« Jesu, Que Ma Joie Demeure »), et qu’il y a plusieurs incursions en territoires flamenco, tango et africain. « Je ne voulais pas perdre mon identité. Même si de nombreuses influences sont assumées, c’est Cuba qui les relie toutes l’une à l’autre. De toute façon, Cuba est dans chacune des notes que je joue ».
mp