Díaz-Canel à Telesur : Ce que nous voulons, c’est construire un pays meilleur, un monde meilleur

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Ce fut une conversation chaleureuse, pleine d’arguments, dans une petite salle du palais de la révolution. Patricia Villegas, présidente de la chaîne multinationale Telesur avait apporté dans son sac plein de questions pour le président cubain . De Cuba aux États-Unis et à l’Amérique latine, du président à l’être humain, le premier entretien que Miguel Díaz-Canel Bermúdez accorde à un média depuis qu’il a assume la plus haute responsabilité de l’État et du gouvernement de notre pays.
Franchise, sens du travail collectif, énorme engagement envers le peuple, conscience de la dimension des complexités à affronter, et des forces sur lesquelles compter, responsabilité dans la pérennité de la continuité révolutionnaire, furent les impressions qu’a laissées Miguel Diaz Canel durant presque une heure et demie de dialogue clair.

(Le président cubain avoue qu’il commence la matinée en lisant Cubadebate et les opinions que les gens donnent sur notre portail numérique).

Le plus grand engagement est avec le peuple

Patricia Villegas interviewe pour Telesur Miguel Díaz-Canel Bermúdez à La Havane. Photo : Rolando Segura / Telesur.


Patricia Villegas a ouvert le feu en demandant comment le président ressentait ces quatre premiers mois de gouvernement.
Díaz-Canel a résumé l’intensité de tous ces jours directement : "ce furent des mois de grande expérience"
Il a déclaré qu’après le 19 avril, ils ont commencé à réfléchir à la direction du gouvernement au sein du Conseil des ministres sur les directives du discours fondamental de Raúl ce jour-là à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire, avec la volonté de les traduire en éléments avec la vocation et la condition d’un gouvernement du peuple et pour le peuple, ce qui est la même chose qu’être le gouvernement de la révolution.
Il a énuméré les quatre piliers qu’ils ont défini pour l’exercice du gouvernement, en même temps que le caractère exemplaire des cadres :

  • qu’ils soient capables et rendent compte devant notre peuple ;
  • qu’ils entretiennent une relation, un débat et un dialogue permanent avec la population et se rendent sur les lieux les plus complexes ;
  • qu’ils soient capables d’utiliser la communication sociale,
  • qu’ils connaissent la complexité des problèmes auxquels nous sommes confrontés et recherchent plusieurs solutions alternatives, avec l’aide de la recherche scientifique.
    En répondant à une autre question concernant le style de visite mis en place dans les provinces, il a déclaré que le but était de se rendre au moins deux fois par an dans chaque territoire accompagné du Conseil des ministres pour se rapprocher du peuple. A cela s’ajoute, que l’Assemblée nationale et ses commissions de travail visitent également les provinces, ce qui permet d’avoir une vision de l’ensemble du pays.
    Il a affirmé qu’un dialogue honnête et transparent avec les populations est indispensable pour rechercher des solutions aux problèmes et expliquer ceux qui actuellement n’ont pas de solution complète. Il a déclaré qu’il discutait avec ses collègues des problèmes pour lesquels nous n’avons pas de solution immédiate, mais que nous pouvons commencer à traiter en partie, car dans ce cas le problème ne progresse plus, et une synergie de solutions se crée. « Il y a aussi des problèmes qui peuvent être résolus immédiatement, mais sont empêchés de l’être à cause d’une décision bureaucratique ».
    Il a précisé que l’un des objectifs sur lequel ils se sont centrés est de parvenir à renforcer les relations entre le gouvernement central et les gouvernements territoriaux et locaux. À cette fin, ils ont donné des facultés au premier vice-président , qui a une structure pour interagir avec les gouvernements des provinces et des communes, et les assister face aux problèmes qui se posent dans le cadre de ce que les territoires peuvent accomplir.
    "Je pense qu’il est très important de créer selon les localités, les territoires. C’est pourquoi l’autonomie que nous voulons donner aux communes dans la nouvelle Constitution a beaucoup de poids ", a-t-il déclaré.

Générer du contenu devant des plates-formes néo-colonisatrices

Sur le plan de la communication, sur laquelle il a insisté en tant que priorité du gouvernement, le président cubain a fait remarquer que nous sommes actuellement en train de mettre en œuvre une politique de communication sociale, qui ne soit pas seulement médiatique mais pour prolonger une culture communicationnelle, laquelle doit aussi établir les bases du gouvernement électronique. Cela doit être un instrument, a-t-il dit, pour communiquer avec la population, pour l’utiliser dans la prise de décisions.
Interrogé sur les insatisfactions avec la presse cubaine, Díaz-Canel a souligné que, dans les conditions dans lesquelles la presse cubaine a dû communiquer, elle a su défendre la Révolution avec professionnalisme et efficacité, mais nous avons également dû faire face à l’apologie et à la non-réflexion sur certains thèmes. Nous devons faire correspondre l’agenda public avec l’agenda médiatique a-t-il souligné.
Le président cubain a fait allusion à la nécessité de générer des contenus valorisants dans un monde où les plates-formes de démobilisation et de néo colonisation prévalent. Il a insisté sur l’importance de l’utilisation des réseaux sociaux et la création d’espaces de communication pour diffuser nos idées. "C’est une nécessité de la révolution"

Le principal obstacle à notre développement

Dans son évaluation des défis auxquels nous sommes confrontés, Díaz-Canel a insisté sur le fait que le principal obstacle au développement du pays est le blocus du gouvernement des États-Unis, qu’il qualifie comme une pratique brutale visant à condamner notre peuple à mourir de nécessités, qui viole le territoire et impose des normes sur la relation du monde avec Cuba.
Il a noté que sa génération, nos enfants et petits-enfants sont nés et ont grandi sous le blocus et a souligné la résistance héroïque d’un peuple qui a su surmonter cet obstacle.
En ce qui concerne cette politique hostile des Etats Unis contre Cuba depuis plus d’un demi siècle, il a expliqué qu’elle a notablement empiré avec l’actuelle administration, et que les flux d’investissements du monde entier vers Cuba sont soumis à une pression accrue.
En réponse à la question de savoir si c’est le blocus ou les « nœuds » internes à libérer qui ont l’ impact plus important, le président a souligné que peu d’obstacles subjectifs sont liés à une attitude défensive à l’égard du blocus qui ralentit les décisions en raison de préoccupations, à savoir si cela affaiblit le pays ou s’il favorise la stratégie de l’ennemi.
"Nous ne sommes une menace pour personne, ce que nous voulons, c’est construire un pays meilleur, un monde meilleur, ce que nous avons c’est une vocation à avoir une grande justice sociale que nous voulons accompagner avec la prospérité ; et la principale menace pour y parvenir reste ce blocus brutal ", a-t-il déclaré.
A un autre moment de l’interview, il a déclaré que tout serait plus favorable sans le blocus, mais nous nous préparons à faire les choses dans le pire des scénarios.

La Constitution va être renforcée par le débat populaire

Avant de répondre à plusieurs questions de Patricia Villegas sur le nouveau projet de Constitution et son débat populaire, Miguel Díaz-Canel a mis l’accent sur des éléments parmi les plus analysés ou les plus controversés du point de vue de notre peuple ou de l’extérieur.
Il a qualifié le projet constitutionnel de " vision responsable, objective et réaliste" de notre société actuelle et a déclaré qu’il répondait aux changements économiques et sociaux que nous avons entamés à partir des décisions des VI et VII Congrès du Parti communiste de Cuba, telles que les nouvelles formes de propriété et de gestion non étatique, ou les avancées dans l’autonomie des municipalités et autres.
Il a souligné que la levée du blocus ne dépend pas de nous et que, par conséquent, nous ne devons pas subordonner nos efforts de justice sociale, de prospérité, de progrès et d’action à un gouvernement étranger. "Nous dépendons de nos efforts, de notre détermination, de notre volonté ».
Il a déclaré que la population reconnaît la valeur du texte constitutionnel présenté et a rappelé que les trois éditions de tabloïds mises en vente ont été épuisées. ’Il a participé à 6 assemblées débats et a vu des gens participer, avec leurs tabloïds pleins de "gribouillis". "Le texte constitutionnel va être renforcé par ce débat populaire".
Il a relaté l’anecdote suivante : lors d’un débat auquel il a participé un travailleur a proposé de modifier un paragraphe du projet. Il est intervenu pour lui faire remarquer que dans un autre article, sa proposition était envisagée, après quoi le travailleur a répondu : "Je suis d’accord avec ce que le président a dit et je veux donc retirer ma proposition. Et j’ai dit : non, laisse-le, qu’un doute puisse nous alerter. Le lendemain à Cubadebate, une camarade a fait l’éloge de cet exercice de démocratie. "

Nous ne renonçons pas au communisme

Interrogé sur l’absence du terme de communisme dans la proposition constitutionnelle, Díaz-Canel répond que "si l’on va vers le marxisme classique, le mode de production auquel nous aspirons est le communisme. Par conséquent, le communisme et le socialisme sont intimement liés. Si tu veux construire le socialisme, c’est parce que tu veux atteindre le communisme "
"Je ne le comprends pas comme un renoncement. Je comprends que l’un des deux termes (communisme et socialisme) implique l’autre. " Mais, explique-t-il, on recherche une Constitution qui soit objectivement plus proche de ce qui est possible et qui reste une Constitution socialiste. Nous concevons qu’aujourd’hui nous sommes plus proches de la construction du socialisme, c’est là où nous sommes. Pour parvenir au communisme, cela ne dépend pas uniquement de notre pays, cela dépend de la construction de ses bases au niveau international.
Il a ironisé sur le fait que ceux qui sont le plus inquiets du terme communiste dans la Constitution sont les mêmes qui, de l’extérieur ont constamment surveillé la révolution cubaine pour sa projection.

Le parti de l’unité

En ce qui concerne l’existence d’un parti unique, il a déclaré que "la question du rôle dirigeant du parti, auquel nous ne renonçons pas et que la majorité du peuple appuie, répond aux conditions historiques". Il a souligné que le parti communiste, dans les conditions de Cuba, n’est pas un parti électoral.
Il a rappelé que José Martí avait fondé le Parti révolutionnaire cubain, (qui est la base de ce qui est aujourd’hui le Parti communiste de Cuba), pour développer la Révolution. Un parti suffisamment ouvert et démocratique pour inclure les intérêts de la majorité et parvenir à l’unité sans provoquer de ruptures.
"Lorsque nous avons eu des divisions, quand dans notre histoire l’unité a été brisée, nous avons subi des revers", a-t-il souligné, en prenant des exemples des échecs subis dans nos guerres de libération en raison de la division des forces révolutionnaires.
Il a rappelé que la révolution cubaine a triomphé avec la participation de différentes forces et que Fidel a ensuite réalisé une convergence dans l’unité et la fondation du parti communiste. "C’est pourquoi le PCC est un parti populaire pour parvenir à l’unité."
Díaz-Canel a affirmé que pour l’ennemi, le principal pari est de fragmenter notre unité ; Ils dirigent jusqu’ici leurs projets subversifs, essentiellement vers la jeunesse.

Je défends l’idée qu’il ne doit y avoir aucun type de discrimination

Incité par la journaliste et présidente de Telesur, le dirigeant cubain a abordé deux des problèmes qui ont suscité le plus d’interventions dans les débats.
En ce qui concerne les limites à la propriété privée et à la richesse, le président a répondu : « il va sans dire que je suis d’accord avec tout ce qui est proposé dans le projet ;mais je considère légitime le fait que les gens s’inquiètent sur ces deux thèmes.
Dans ce scénario où des relations salaires/prix sont constatées, où il y a des gens qui perçoivent certains revenus non liés au travail C’est légitime qu’ils s’inquiètent. Mais les gens ne nous demandent pas de supprimer l’article, mais que nous soulignions qu’il n’y ait pas de concentration de propriété et que nous ajoutions pas de richesse non plus ».
Il faudra maintenant faire un exercice législatif approfondi. Nous comprenons ici ce que les gens proposent et comment l’inclure dans la Constitution, qui est un document au minimum. Il manque toujours l’apport du secteur de la jeunesse ce qui est très important, mais je pense que c’est un sujet sur lequel nous devons nous arrêter non pas parce qu’il y a dissidence, mais parce que le consensus nous indique que nous devons montrer comment l’accumulation de la richesse va cesser. "
En ce qui concerne la nouvelle conception du mariage que reconnaît le projet de constitution, le président a rappelé que "le pays a changé et nous ne sommes pas étrangers à ces réalités. Il y a une volonté émancipatrice de la révolution, une vocation humaniste.
Nous avons transformé la pensée, de nombreux tabous qui étaient autrefois très bien établis ont été brisés. La jeunesse a beaucoup poussé pour cela, elle le comprend aussi. Chacun a ses opinions, mais il est également ouvert aux opinions de la population. L’histoire de la Révolution nous a montré que chaque fois que nous abordons le débat populaire, cela nous renforce ».
Il a reconnu l’existence de certaines opinions contraires qui répondent aux traditions culturelles, aux conceptions et aux préoccupations concernant des questions telles que l’adoption, la responsabilité avec les enfants. Mais il affirmé son soutien à la proposition fondée sur l’idée d’éliminer toute forme de discrimination dans notre société. "Ne cédons à aucune forme de discrimination", a-t-il déclaré.
Il a également appelé à agir avec la responsabilité civique lors du vote sur le texte constitutionnel ; Ne pas se fermer si sa proposition ne semble pas retenue, car il s’agit de la construction d’un consensus. "Nous devons nous souvenir que c’est le plus important pour le pays et du rôle de citoyens responsables que nous avons."
Il est confiant dans le fait que la majorité votera favorablement et dédaignera les efforts de la contre-révolution pour réclamer le rejet de la Constitution. "Ce qu’ils veulent ne répond pas à la volonté d’améliorer le pays. Cette contre-révolution est payée et financée par le gouvernement des États-Unis, parfois de manière secrète ou plus visible. Ils n’ont pas de soutien populaire ».

Une jeunesse active et antiannexionniste

Deux jeunes regardent l’interview du président cubain Miguel Diaz-Canel, à la chaîne de télévision TeleSur, à La Havane. Photo : EFE / Ernesto Mastrascusa


À divers moments du dialogue, le thème de la jeunesse, de ses aspirations, de ses défis, de sa relation au gouvernement était présent.
A propos de sa proximité avec les jeunes, Díaz-Canel a affirmé que Fidel a été un porte-étendard dans cette relation, à partir de ces jours sur la Place Cadenas de l’Université de La Havane au début de la Révolution, "cet apprentissage qu’il a pu acquérir depuis ses responsabilités au sein du comité national de l’UJC, de ses travaux de membre du parti en province et en tant que ministre de l’enseignement supérieur. "Pour moi, c’était fondamental à tout moment. Les jeunes contribuent beaucoup et ils rafraîchissent tellement …
Et cette génération n’aspire pas à d’autres offres électorales ou à d’autres moyens de communication ? a demandé Patricia Villegas en parlant du texte constitutionnel. "Nos jeunes sont nés et ont vécu pendant la période spéciale", a rappelé Díaz-Canel. "Cette jeunesse a l’espoir que le pays se développe plus vite. C’est une génération cultivée, éduquée et active qui participe et je ne crois pas que son désir principal soit d’être contre le Parti et la Révolution.Leurs désirs se concentrent sur plus de développement, plus de progrès, qu’on les prenne en compte, plus de participation ; elle a des aspirations de développement technologique et sur la communication sociale. C’est une génération qui a des éléments de diversité et qui bénéficie de la révolution. C’est une génération qui est ferme et qui n’est pas un annexionniste, qui veut l’indépendance, qui va donner une continuité à la révolution. "

Avec les États-Unis, nous sommes disposés à dialoguer sans contraintes

Les positions agressives de l’administration Trump et l’état des relations actuelles entre Cuba et les États-Unis ne pouvaient être absentes de l’interview.
Le président cubain a décrit le recul de ces relations et a rappelé : "Fidel avait déjà dit que nos conflits, nos différences ne sont pas avec le peuple américain. Mais vous ne pouvez pas aspirer à un dialogue où, dans une partie, il y a hégémonisme, pression, ou lorsqu’une d’elle vous demande de vous soumettre à ses projets.
Quand une étape différente s’est-elle ouverte ? Eh bien, dans la dernière étape de la présidence Obama. C’est un processus pour lequel on a toujours pensé qu’il serait long, et cela a commencé avec la présence du blocus qui perdure."Nous avons établi des relations et entamé une phase de normalisation qui devrait mener à l’élimination du blocus. À ce stade, nous avons réussi à maintenir un contact systématique et nous avons réussi à établir des ambassades dans les deux pays. Nous avons réussi à avoir une relation civilisée malgré les différences idéologiques.
Il y a une partie de la société des États-Unis qui veut avoir des relations avec Cuba. Et en fait, il y a certains échanges. "Il a souligné que Trump en novembre avait dicté des mesures inacceptables qui ne profitaient qu’à la mafia de la minorité anti-cubaine de Miami. De telles mesures vont à l’encontre de ce que pensent les Américains, qui, dans les enquêtes les plus récentes, étaient essentiellement en désaccord avec le blocus, car cela les limite dans leurs voyages à Cuba et dans leurs relations commerciales et financières avec une liste de sociétés cubaines et restreint les relations entre les familles. Ils ont diminué le personnel dans leur ambassade et dans la nôtre. Ils ont inclus des procédures de visas à travers des pays tiers.
A propos de la campagne américaine accusant Cuba d’attaques contre son personnel à l’ambassade à Cuba et la participation présumée de la Russie, le président cubain a déclaré : "Ils sont revenus à la menace et à l’imposition, et au milieu de tout cela ils ont inventé ce qu’ils ont appelé "attaques acoustiques". Je pense que s’il y a un pays dans lequel on prend soin des citoyens et des diplomates étrangers, c’est bien dans le nôtre"
"Nous avons beaucoup d’éthique pour demander à quiconque de n’attaquer personne. Cuba n’attaque pas. Cuba défend. Cuba est solidaire. Sans aucun doute, nous devons reconnaître que les relations reculent actuellement. Nous n’avons pas limité les possibilités de dialogue, mais ce doit être un dialogue où nos relations ne sont pas conditionnées. Nous ne sommes pas disposés à faire des concessions ".
Díaz-Canel a affirmé que si quelqu’un a subi les attaques les plus diverses c’est Cuba, de toutes sortes, y compris des attentats contre ses dirigeants. Et il a souligné : "Cuba se défend, Cuba partage, Cuba soutient, Cuba a vocation à rendre le monde meilleur possible".
Il a souligné que Cuba ne nie pas la possibilité d’un dialogue avec le gouvernement des États-Unis, mais n’accepte ni les impositions, ni le chantage, ni ne renonce à ses principes.

Nous aimons le Venezuela

Une batterie de questions sur les questions latino-américaines a conduit le président cubain à évaluer le scénario régional :
"Nous aimons le Venezuela. Le Venezuela avec Chavez a changé la situation dépendante d’un pays appelé à jouer un rôle important dans la région pour ses ressources naturelles et son histoire.
Chávez, avec son amitié avec Fidel, a su transcender non seulement comme un projet vénézuélien ou cubain, mais également comme un projet d’intégration latino-américain. Nous allons comparer le Venezuela d’avant Chavez et celui d’après.
Le peuple a bénéficié d’une quantité de conquêtes, partagée avec d’autres pays. Les États-Unis ont toujours essayé de renverser le gouvernement Chavez, en essayant les tactiques les plus perverses. Chávez était un leader légitimement élu en tant que président dans plusieurs processus, tous reconnus comme légitimes, honnêtes et propres. Chavez meurt et Maduro, le président des travailleurs arrive. Qu’ont-ils pensé aux États-Unis ? Qu’il n’allait pas pouvoir assurer l’héritage de Chávez ? Ils se sont « cognés dans la porte. »
"Ils ont attaqué le gouvernement de Maduro en recourant à la violence, au blocus économique et financier contre le Venezuela, il y a une oligarchie vénézuélienne qui ne veut pas partager la richesse avec le peuple ... et qu’a fait le gouvernement de Maduro ? Il a résisté et va continuer à résister. Cela a ébranlé la droite et l’oligarchie vénézuélienne, ainsi que le gouvernement des États-Unis.
Et qu’est-ce que cela montre ? La tentative d’assassinat, c’est l’expression de l’impuissance face à l’avancée de la révolution bolivarienne. Et ils continueront à faire pression dans les pays d’Amérique latine, car nous savons qu’il y a des émissaires du gouvernement Trump là dessous, mais les peuples d’Amérique latine sont dignes. Tout cela est la restauration d’une plate-forme capitaliste et néolibérale pour tous les peuples d’Amérique latine. "

Nous parions sur l’intégration, pas sur la soumission

Díaz-Canel a déclaré que les Etats-Unis ont tenté de fracturer les mécanismes d’intégration. Ce qu’ils proposent pour la région, c’est une plate-forme capitaliste, coloniale, néocoloniale. Les États-Unis ne veulent pas que Cuba se répète en aucun lieu d’Amérique latine.
En ce qui concerne l’ALBA, il a déclaré qu’aucun processus d’intégration régionale n’avait eu plus de succès. Avec l’ALBA, nous sommes parvenus à éliminer l’analphabétisme dans 4 pays avec la méthode « Oui, je peux » : il a fallu 50 ans après la campagne d’alphabétisation à Cuba pour que d’autres pays de la région puissent se débarrasser de cette séquelle.
Nous ne voulons pas la mondialisation néolibérale, nous voulons une mondialisation solidaire. Des millions de personnes ont réussi à retrouver la vue avec l’opération Miracle. Quelle injustice de condamner une personne à perdre la vue à cause d’une cataracte !
Petrocaribe est le résultat d’une position extrêmement altruiste du Venezuela.
Ceux qui ne sont pas à la hauteur de ces temps se soumettront à l’empire ; et ils paieront le prix de la soumission. Ce que nous défendons c’est prioriser l’intégration de l’Amérique latine et des Caraïbes, l’Histoire nous donnera raison.

La Paix en Colombie, un processus nécessaire

Sur le rôle de Cuba dans le processus de paix en Colombie, il a estimé que la paix était un processus nécessaire pour la Colombie. Notre modeste contribution est par conviction ; nous aspirons à une paix universelle, à un ordre international différent.Nous aidons à ce que les parties puissent converser, nous n’intervenons pas. Les problèmes des Colombiens doivent être résolus par les Colombiens.

López Obrador est un espoir pour le Mexique et l’Amérique latine

Le Mexique est un pays très important. C’est un pays charmant. La génération du centenaire a trouvé une place au Mexique pour préparer la guerre à Cuba. Le Mexique a maintenu des relations avec Cuba lorsque beaucoup les rompirent.

Raúl est comme un père qui vous guide et en même temps vous laisse marcher.

  • Combien de fois as-tu pu parler avec Raul durant ces quatre mois ?, a demandé à Diaz-Canel, son interlocutrice :
    "Je crois qu’il n’y a personne de plus privilégié que moi en tant que Président pour avoir le général à mes côtés. Avec Raúl, nous parlons presque tous les jours. Il appelle, participe à des réunions et à des débats, conseille de manière très sincère, sans une once de vanité ou l’imposition de quoi que ce soit.
    Parfois, presque toujours, je le ressens comme un père qui nous guide toujours et, qui, en même temps, nous laisse marcher sans négliger ses responsabilités en tant que premier secrétaire du Parti communiste de Cuba.
    "Tout comme Fidel a compté sur Raúl quand il lui a fait confiance pour la direction de la Révolution, c’est ce qui est en train de se passer maintenant, et les camarades du Conseil des ministres et moi nous nous sentons très en sécurité.
    "Nous sommes en train de faire de modestes pas derrière deux géants »
    "Quand on voit notre peuple courageux, éduqué, cultivé, engagé, entreprenant, la seule chose raisonnable est de travailler sans relâche, avec fidélité à Fidel et Raúl"

La famille

Patricia n’a pas cessé de l’interroger sur la famille, les enfants, la musique, au milieu de tant d’occupations.
Le président cubain apprécie la relation privilégiée avec son entourage familial, ses trois enfants - dont deux sont artistes - sa femme - une femme très capable qui l’aide beaucoup, lui donne des idées, en fait, un homologue - son petit-fils.
Il a avoué que le dimanche, il demande à tout le monde de l’attendre pour déjeuner en famille, partager, chanter ; mais la famille débat aussi de notre réalité.
Díaz-Canel a remercié TeleSur pour cette interview et a apprécié l’importance de ce média, qui est aussi à Cuba en tant que contrepoids à ces expressions médiatiques colonisatrices que l’on essaie de nous imposer. Il a déclaré qu’il avait reçu des demandes d’interviews de Cubadebate et du journal Granma.
Les mains tendues et l’étreinte affectueuse entre l’intervieweuse et l’interviewé ont mis fin à cette première et ample intervention du président cubain devant les caméras de télévision. Nous espérons qu’il ne faudra pas longtemps pour le retrouver à la télévision locale.