Martí, Mendive et les enfants dans la maison de Prado

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2 septembre 2018. Aujourd’hui s’ouvrent les portes du collège qui a accueilli José Martí il y a plus d’un siècle et demi. D’autres enfants, comme lui à cette époque-là, marcheront et étudieront dans les salles qui ont vu grandir l’Apôtre.
Christine Druel.

La maison coloniale de deux étages avec des balcons, au 88 rue Prado, est aujourd’hui la plus joyeuse de La Vieille Havane. C’est là que Martí a appris « tout ce qu’il y a de beau et de bon » en ce monde et en ce lieu ; après une restauration de presque 3 ans, l’ancien collège San Pablo ouvre aujourd’hui ses portes à des centaines d’enfants en uniforme blanc et rouge, qui étudieront dans les salles qui ont vu grandir l’Apôtre.

La maison coloniale de deux étages avec des balcons, au 88 rue Prado, est aujourd’hui la plus joyeuse de La Vieille Havane. Photo : Dunia Alvarez Palacios.


De 1865, année au cours de laquelle Martí, enfant, suivait les cours d’histoire et de poésie de Rafaël Maria de Mendive, et « sans y connaître grand-chose en sciences, il s’asseyait pour nous parler des forces en cours de physique » cette maison conserve deux colonnes en briques très rouges, un escalier en fer en forme de colimaçon avec des arabesques à chaque volée, un mural, et au dernier étage, une salle aux dalles géométriques, décorée de quelques meubles du XIXème siècle utilisés par Mendive lui-même.

Dans le collège, anciennement San Pablo, le maître de José Martí « a plus d’une fois utilisé sa richesse pour embellir la vie autour de lui ».

Avec ces souvenirs la maison « qui avait beaucoup de charme » ouvre ses portes. Aujourd’hui sous le nom de Rafaël Maria de Mendive, l’école retrouve la blancheur de ses murs et de ses volets et va partager son histoire avec 450 enfants de la maternelle au CM2 sur les millions d’élèves qui débutent l’année scolaire, ce lundi, à travers toute l’île.

PLUS PRÈS DE JOSÉ MARTI

En franchissant la porte d’entrée, une sculpture grandeur nature de José Marti et son maître accueille les pionniers. L’œuvre, du sculpteur de José Villa Soberón, présente Mendive avec une barbe et en costume, tel que Marti se souvenait de celui qui était « toujours vêtu de coutil blanc ».

À ses côtés, le disciple adolescent porte une veste avec une médaille accrochée au revers. Il regarde attentivement un livre que lui montre Mendive.

En franchissant la porte d’entrée, une sculpture grandeur nature de José Marti et son maître accueille les pionniers. Photo : Dunia Álvarez Palacios.


C’est ainsi que l’artiste a imaginé la relation, de Marti avec son maître qui a découvert et dévoilé le grand talent du jeune homme, qui a écrit dans son collège la pièce de théâtre Abdala, comme l’a raconté José Villa.

Le Maître et son disciple, titre de l’œuvre de José Villa qui porte de chaque côté une phrase de l’Apôtre, se trouvent dans la cour intérieure de l’école. La lumière traverse quatre vitraux et se colore de bleus, de rouges, d’orangés, un cadeau de l’artiste Ernesto Rancaño qui représente Marti, le drapeau cubain, le soleil…

Photos Dunia Alvarez Palacios.


Les 19 salles de cours ont un petit balcon latéral ou donnant sur la rue Prado et sont équipées de tables et de chaises en bois de différentes tailles, en fonction du niveau, d’un tableau, d’un téléviseur, d’un ventilateur. Les murs de chacune d’entre elles sont ornés d’extraits de L’Âge d’Or, livre écrit par Marti pour les enfants, sur des plaques de couleurs, et la salle porte le titre dont sont tirés les vers. Par exemple, Deux miracles, est celui des salles du cours préparatoire.

Photo Dunia Alvarez Palacios.


La Bibliothèque est un des autres espaces dont les nouveaux enfants pourront profiter. Elle garde sa configuration d’origine, toute en bois, et les livres s’élèvent à plus de cinq mètres du sol. Pour les atteindre ils devront monter sur de petits escabeaux également en bois. Au sol il ne restera que les tables pour le travail et la lecture.

L’espace de jeu, au dernier étage est couvert d’un filet et entouré de barrières. L’odeur de la mer arrive jusque-là et on voit les toits des maisons qui composent cette autre moitié de La Vieille Havane, qui s’étend jusqu’à La Bahía de La Havane, face au Morro - Cabaña, telle était la vue quotidienne de José Martí pendant ses années passées aux côtés de Mendive.

Photos Dunia Alvarez Palacios.


RESTAURER SANS PORTER ATTEINTE À L’ESSENCE DU LIEU

La restauration de l’une des plus belles maisons du Prado de La Havane « s’inscrit dans les grands travaux en cours de réalisation ici et qui prennent un sens tout particulier pour l’un des lieux les plus emblématiques de La Havane, dont il faut absolument retrouver la dignité et la beauté. C’est le Prado de Mendive… c’est le Prado de Martí », a expliqué l’Historien de la Ville, Docteur Eusebio Leal Splengler, à Radio Havane.

Le temps a considérablement détérioré l’ancien Collège San Pablo, c’est pour cela que le rendre habitable et sûr pour les enfants n’a pas été une chose facile, a déclaré à Granma Mariluz Valdivieso.

« Nous nous sommes trouvés face à un intérieur totalement modifié. Il a pratiquement fallu faire des fouilles archéologiques dans les murs, et à notre grande surprise on a trouvé des arches au rez-de-chaussée et au dernier étage et des peintures murales dans ce qui était la résidence de Mendive. C’était très important car il pouvait y avoir convergence entre les deux découvertes. Un discours dans lequel l’ancien et l’immatériel, qui était l’âme de l’école, son énorme valeur politique, morale, culturelle, pédagogique pour Cuba pouvait être associé à la sauvegarde architecturale de la maison du 88 rue de Prado.

Lors d’une visite de l’école, Valdivieso émue a déclaré que « nous devons tout aux quelques 400 ouvriers du Bureau de l’Historien de la Ville qui sont intervenus dans le processus de reconstruction de la maison ».

Parmi celles-ci l’entreprise de construction Puerto Carena ; l’entreprise industrielle, Cabildo et celle de projet, Restaura, a fait remarquer Perla Rosales Aguirreurreta, directrice adjointe du Bureau de l’Historien. Il serait impossible de ne pas mentionner l’appui d’autres entreprises, dépendant des Ministères de la Culture et des Industries, telles que Caguayo et Atrio, de design et décoration, et l’entreprise Estil, a-t-elle fait remarquer. Elle a ajouté que la coopération internationale de la Ville de Barcelone, la Fondation Pandora, du Japon, et Tecnalia Corporation du gouvernement basque a été indispensable.

Il a fallu presque trois ans pour sauver tout ce qui fait l’essence de ce lieu historique et pour la remise en état de l’une des premières écoles de Martí. « Nous avons proposé d’être au plus juste avec la beauté ancienne de cet endroit. Bien que le facteur économique ait été un problème, on a pu mener à bien ce projet ambitieux et nécessaire, d’un coût global de 9,3 millions, dont 1,5 millions en pesos cubains convertibles (CUC) » a-t-elle précisé.

La sous-directrice de L’Éducation à la petite enfance, Idaymis Rodríguez Felipe, a reconnu que tout cet effort est consacré non seulement à la préservation de la mémoire mais aussi au 500ème anniversaire de La Havane, qui va être célébré prochainement et au 150ème du premier numéro de l’Âge d’Or.

Il EST MAINTENANT TEMPS D’APPRENDRE

L’immense porte en bois s’ouvre et les enfants arrivent tenant leurs parents par la main. Quelques-uns sans foulard - les plus jeunes-, tandis que d’autres les arborent bleus ou rouges. Appareils photos, flashes, étreintes. L’ancien collège San Pablo aux murs et volets blancs, reprend vie et retrouve tout son charme. Que les cours reprennent.

L’auteur fait référence, dans le texte, à l’article de José Martí sur Rafael María de Mendive, publié dans le journal El Porvenir, de New York, le 1er juillet 1891.

Note du rédacteur : traduction du tableau donné ci-dessous : 450 élèves, 19 professeurs, 19 classes, 44 spécialistes hors professeurs, au total 63 travailleurs.


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