Coopératives : Carosserie automobile AUTOCHAPT, une coopérative en plein essor.

Avec une nouvelle forme de gestion où la stimulation et l’engagement prévalent.

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Créées en 2014 dans le cadre du processus de mise à jour du modèle économique et social cubain, les coopératives non agricoles ont été intégrées aux flux économiques et sociaux du pays et, de leur expérience, on peut aujourd’hui recueillir les succès et les erreurs.
Quatre ans après le début de cette expérience, Cubadebate entame avec ce reportage une série de travaux destinés à aborder l’expérience de cette nouvelle forme de gestion. (photos Ismael Francisco).

LE CHEMIN SE FAIT EN MARCHANT

Créée en 2014, AUTOCHAPT est une coopérative rattachée au ministère de la Construction.

Si on se contente d’observer du coin de l’œil en passant par la route qui mène au quartier Abel Santa María, peu de choses ont changé dans ce lieu. Seul le regard attentif de ceux qui savent ce qui est réalisé ici peut vraiment comprendre le sens de la Coopérative AUTOCHAPT.
Ni l’usure des années d’exploitation de la voiture, ni la fatalité d’un accident, n’empêchent que la magie se fasse. La sueur et le sacrifice valent la peine pour ces hommes qui, dès les premières heures de la matinée ne prennent aucun moment de repos jusqu’à ce qu’ils voient les résultats de leur travail. Reconstruire une voiture "parfois à partir de zéro" n’est pas une tâche facile.
Plus de quatre ans se sont écoulés depuis qu’Osmany Batista Díaz et 44 travailleurs se sont engagés sur la voie d’un nouveau modèle de gestion qui, selon lui, a non seulement permis de meilleurs dividendes pour les membres, mais constitue également une alternative viable pour le développement économique du pays.

Traduction du graphique :
CLIENTS DE AUTOCHAPT
Ont bénéficié du service : clients assidus 83.3%, éventuels 16.7%
Relation qualité-prix : 100%
Satisfaction des services : 100%

Créée en 2014, AUTOCHAPT est une coopérative rattachée au ministère de la Construction. Venant du secteur public et dédié à la carrosserie, à la peinture et à la sellerie automobiles, il répond à une large demande, liée à la qualité de ses services.
"Nous avons commencé les opérations comptables en juin 2014. Avant, nous étions une unité de base des ateliers du MINCONS (ndt* ministère de la construction) nous avons donc émergé de manière induite. Nous sommes passés du secteur public à cette expérience avec 44 partenaires, mais nous en avons maintenant 197. Cette croissance est due aux besoins de nos clients, principalement ceux de la capitale ", a déclaré Osmany Batista Diaz, président de la Coopérative en effectuant la visite du lieu.
Malgré l’étendue des ateliers de l’entité, il n’y a pas d’espaces vides. Des centaines de voitures alignées occupent chaque place du site, divisées en petites installations spécialisées.
"La coopérative dispose de 5 ateliers de carrosserie, un de sellerie et un autre de mécanique. Nous avons commencé dans une petite pièce, mais la forte demande nous a obligés à nous développer », a-t-il déclaré.
Développer ce type d’organisations collectives pose de grands défis. Il s’agit d’une forme de gestion différente. Il faut donc concevoir différemment chaque étape dans la dynamique du travail.
"J’avais de l’expérience en tant que directeur de sociétés et je voulais éliminer certaines choses du système étatique, mais aussi en garder d’autres. Pour moi, ce fut un privilège de suivre cette formation et je ne renie pas mon origine. Je pense que l’entreprise doit encore améliorer son attention envers les hommes et que c’est une question prioritaire pour nous ", a ajouté Batista Díaz.

LE SECRET

La coopérative dispose de 5 ateliers de carrosserie, un de sellerie et un autre de mécanique.

Chaque mois, en moyenne, 130 voitures quittent les ateliers en portant le logo AUTOCHAPT, et environ 1 600 ordres exécutés au cours de l’année sont les dividendes concrets de cette coopérative qui, en 2017, a facturé près de 72 millions de pesos et versé 21 millions 600 000 pesos au budget de l’Etat. Le coût pour chaque peso gagné était de 0,73 cent.
"L’avance moyenne est d’environ 7 500 pesos, mais cela répond aux bons résultats du travail. Les gens s’alarment ou sont surpris par ces revenus, mais je pense que si l’argent est licite et provient de l’effort du travailleur, pourquoi le nier. Nos partenaires se sentent motivés ", a souligné le président de AUTOCHAPT.
Une enquête réalisée cette année par des étudiants de la faculté d’économie de l’Université de La Havane le confirme. Selon l’étude, 85,2% des membres se sentent motivés ou engagés dans le régime de gestion actuel. Parallèlement, plus de 96% reconnaissent l’importance de la stimulation morale individuelle.

Traduction du graphique :
ASSOCIÉS
Motivation et implication : beaucoup : 85,2%, plus ou moins : 14,8%
Prise en compte de l’avis de tous les associés : 100%

Les principes du coopératisme s’appliquent : tous : 86%, la majorité : 14%)
Dans cette coopérative, la distribution des avances fonctionne par activités productives.

Comme l’a expliqué à Cubadebate Osmany Batista Díaz, en tapisserie ils ont un pourcentage sur ce qu’ils ont coupé, "250 CUC sont facturés pour le rembourrage, puis le coût du matériel payé par l’opérateur est soustrait. Le pourcentage est appliqué au reste, qui est de 20% ici. Il y a des pourcentages pour chaque activité "

À cet égard, il a ajouté que le conseil d’administration de la coopérative gagne 2% de la production. "Tant qu’ils respectent le système d’évaluation des performances, les 2% sont payés. S’ils ne le font pas, ils sont pénalisés et 1% est payé."

Osmany Batista Díaz, président de la Coopérative

"Nous avons ici un système où la stimulation et l’engagement prévalent. Ce principe va de l’alimentation aux moyens de protection. Nous garantissons le petit-déjeuner, le déjeuner et le goûter et nous soulignons en particulier l’utilisation des moyens de protection dans les zones de travail ", explique-t-il.
Condition reconnue par le secrétariat national du CTC (ndt* Centrale des Travailleurs Cubains) en 2016, après avoir obtenu l’aval du Centre protégé (ndt* que l’on peut comparer au comité d’hygiène et de sécurité) un mouvement promu par la centrale des travailleurs depuis plusieurs décennies.
Avec la combinaison rouge qui les caractérise, Dennis García Hurtado, responsable de la production et suppléant du président, souligne qu’ils travaillent dans le cadre d’un système de travail intégré qui "inclut la protection de la santé. En ce sens, nous acquérons les moyens de protection appropriés pour protéger de la poussière, du bruit ou des gaz de nos produits. Nous ne voulons pas que l’opérateur tombe malade parce qu’alors le travail est interrompu. "
Selon les membres du conseil d’administration, la communauté est également soutenue par ses propres bénéfices. Ceci est démontré par les interventions dans le cercle d’enfants du quartier et dans deux hôpitaux voisins.
"Pour moi en particulier, il est très important que nos partenaires ne se déconnectent pas de leur environnement social. Parfois, les gens gagnent beaucoup d’argent et s’éloignent de leur réalité. Il faut satisfaire les besoins matériels de l’homme mais, en même temps, ne pas porter atteinte aux valeurs de l’être humain ", a confessé le président de la coopérative.

LES PARTENAIRES DISPOSENT DE LA PAROLE ET DE L’ACTION

Chaque mois, en moyenne, 130 voitures quittent les ateliers avec le logo AUTOCHAPT.

Comme indiqué dans le décret-loi n ° 305 du 11 décembre 2012 sur les coopératives non agricoles, la décision collective et l’égalité des droits des partenaires sont un autre des fondements fondamentaux du fonctionnement de cette forme de gestion. De cette manière, il est promulgué que ce sont eux qui décident des politiques économiques et sociales de la coopérative, tous avec le même poids dans la prise de décision, car à chacun d’eux correspond un vote.
"C’est l’assemblée qui a le plus grand poids dans les décisions. On peut proposer le renvoi d’un partenaire pour indiscipline, mais si l’assemblée ne l’approuve pas, la décision n’est pas exécutée. Nous avons même inclus une commission à cet effet ", a expliqué le président.

Traduction du graphique :
Provenance des partenaires :
72,2% des partenaires de la coopérative viennent du secteur public d’état, 22,2% étaient des travailleurs à leur compte et 5,6% étaient déjà coopérateurs.
Les causes qui les ont conduits à travailler à Autochapt sont les suivantes : 63% pour un meilleur salaire, 3,5% pour des meilleures conditions de travail, 3,7% pour avoir de l’autonomie et 1,9% contre la bureaucratie

De son côté, Rolando Hernández Acosta, sans se défaire de ses outils de carrossier, commente que "les partenaires disposent de la parole et de l’action. Je peux vous assurer que chaque atelier est monté de nos mains. En assemblée, nous avons le droit d’exprimer notre opinion et chaque accord est soumis à un vote, du paiement anticipé à l’achat d’un équipement. Le conseil propose et l’assemblée dispose".
Selon d’autres associés, une matinée est consacrée à une information sur la "conformité productive" et, bien que le compte rendu du président et du conseil d’administration soit assuré tous les trimestres, ici aussi on règle n’importe quelle difficulté.
"L’assemblée des partenaires se réunit chaque trimestre et le respect des accords et du plan de production est vérifié. En outre, chaque zone rend compte à tour de rôle et les nouveaux investissements sont approuvés ou non, on y débat également des problèmes liés au paiement ou à des modifications de la nomenclature des partenaires ", a déclaré Osmany.
C’est peut-être cette formule même qui a également attiré Yoennis Velázquez Cruz. Venant du secteur des travailleurs à leur compte, comme beaucoup de ceux qui travaillent aujourd’hui dans la coopérative, il estime que même si tout fonctionne de cette manière, il sera plus avantageux d’être associé à ce type d’entreprise. "Cela fait trois ans et demi que je suis là et le système me satisfait. Nous avons un plan de production à remplir et, à partir de ce moment, les résultats sont mesurés ".

IL Y A TOULOURS DU SABLE DANS LES ROUAGES

L’assemblée des partenaires se réunit chaque trimestre et le respect des accords et du plan de production est vérifié.

Pour comprendre la structure des dépenses de la coopérative, il faut prendre en compte trois éléments qui interviennent dans la formation du prix de production : la main-d’œuvre, les dépenses en matériel et en transport et l’équipement.
C’est peut-être le deuxième point l’un des plus complexes auquel AUTOCHAPT fait face au cours de ses années d’activité.
Des activités spécifiques que développe la coopérative telles que la carrosserie, la peinture et le rembourrage) sont parfois compliquées pour l’acquisition de papiers abrasifs, de gaz et d’engins. Selon eux, ils ont tendance à acquérir les matériaux chez des grossistes tels que les magasins universels, SASA, CIMEX, avec la maxime "il n’est pas possible que cela n’existe pas", mais ils reconnaissent que parfois, ils ont eu de graves problèmes pour acquérir certains matériaux.
"Nous avons trébuché à différents moments sur diverses choses. Dans d’autres coopératives de construction, le client fournit toutes les ressources et les coopératives mettent la main-d’œuvre à leur charge, pas nous. Dans notre cas, nous avons conclu un accord avec Mercedes Benz pour la récupération des ambulances dans la capitale, ils nous ont vendu le matériel nécessaire.
Dans le cas de Transtur, et du port de Mariel, ils nous fournissent du matériel, en particulier pour les voitures qui fonctionnent à cet endroit. Ils font passer les liquidités par les importateurs, car nous, avec le CUC, nous ne pouvons rien acheter. C’est sans aucun doute le problème le plus difficile que nous ayons ", a estimé Osmany.
En l’absence de marché de gros et comme facteur d’atténuation des besoins de ce secteur, une loi est entrée en vigueur le 2 mai 2016, permettant aux coopératives non agricoles et aux coopérativesindépendantes du système de crédit-bail d’acheter les produits directement aux entités productrices et aux entreprises de vente en gros.
"La réduction de 20% fonctionne, mais avec de sérieuses limitations. De nombreux produits sont chers, il existe actuellement un déficit en matière de rembourrage. Il n’y a ni vinyle ni mousse à Cuba et si vous le demandez à l’agent de commercialisation, vous devez passer par la SASA et c’est long. Pendant ce temps, les ressources disponibles dans le réseau de vente au détail sont insuffisantes. Je pense qu’il doit y avoir un responsable ou un mécanisme pour accélérer le processus ", a t-il affirmé.
Être tellement dépendant des ressources ou du financement des clients qu’ils servent, a quelque peu limité la performance du travail de la coopérative aux particuliers ; et bien qu’ils admettent qu’ils ne discriminent aucun secteur, il est très compliqué de passer un contrat avec une "personne privée"
« Nous, nous n’avons aucune restriction à fournir des services à n’importe quel secteur, mais la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les entreprises qui fournissent les ressources, nous ne pouvons offrir des services aux particuliers. Nous sommes en train d’essayer de passer un contrat avec l’assurance, et par ce biais, "travailler avec le reste de la population ", a avoué le président de AUTOCHAPT.
Comme le confirme une équipe de Cubadebate, l’obsolescence technologique avec laquelle on fonctionne a également un impact négatif sur les performances.

Dennis García Hurtado, chef de production et suppléant du président

"Notre équipement est très ancien et nous sommes convaincus que des machines plus récentes nous aideraient dans la productivité du travail, car souder un fer avec de l’acétylène n’est pas la même chose qu’avec du C2 qui endommage moins et protège le travailleur. Tout cela est importé et les produits sont souvent en retard. À cet égard, il est important d’aller de l’avant pour protéger l’environnement et prendre soin de la santé des travailleurs ", García Hurtado.
Un autre problème qu’ils proposent d’examiner est le temps dont dispose la coopérative pour observer ’un travailleur avant de l’’embaucher. "En seulement trois mois, vous ne pouvez évaluer personne". Parfois, c’est arrivé et nous nous sommes trompés.
Nous avons ici une commission dans chaque atelier et cela a échoué. Nous incorporons quelqu’un et ensuite, il ne nous donne pas les résultats escomptés ", a averti Batista Díaz.
Il n’a pas été facile non plus pour les coopératives de s’insérer comme une autre forme de contribution à l’économie nationale. Aux incohérences pour l’obtention de matériaux sur le marché de gros, s’ajoute la tendance dans certains secteurs à ne pas les considérer comme une forme de gestion intégrée à l’amélioration du modèle socio-économique du pays.
"Les systèmes de comptabilité AUTOCHAPT", ajoute le président, "sont gérés par des sociétés d’État, ainsi que le système qualité. Nous avons également des contrats avec une autre entité en matière de protection.
Dans le cas de la sous-traitance au PCT, elle ne concerne que des choses très spécifiques en raison de leur degré élevé de spécialisation. Cependant, nous avons parfois voulu passer des accords avec certaines entreprises et elles ont répondu NON, car nous ne sommes pas l’État. "
Les principes directeurs de la Politique économique et sociale du parti et de la Révolution reconnaissent comme une forme de gestion non étatique les coopératives non agricoles susceptibles d’être mises en œuvre dans l’économie cubaine dans les années à venir.
Dans son discours devant le VIIe Congrès du PCC, Raúl Castro a appelé à une réflexion autour des carences qui subsistent encore dans la réflexion, des carences qui subsistent dans l’expérience des coopératives non agricoles.
Identifier et corriger les problèmes à temps et étudier les expériences sont deux points essentiels dans la mise en œuvre de cette expérience.

L’espace de peinture de la coopérative

Travail journalier

Entrée de la coopérative AUTOCHAPT

La qualité des services est caractéristique de ce lieu

Assurer des bonnes conditions de travail est une priorité

L’usage de moyens de protection est exigé pour chaque travailleur.

Les travaux ont une grande approbation

L’atelier de tapisserie


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