« Victor Hugo : ennemi d’Etat » Bonus (2)

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Une série « hors normes », très loin du « biopic hagiographique »

Le Figaro 5 novembre

Le quotidien a attribué la note de 16 sur 20 à « Victor Hugo, ennemi d’Etat » du réalisateur et scénariste Jean Marc Moutout, où le rôle de l’écrivain est tenu par le comédien Yannick Choirat.

Sa vie n’avait rien à envier à ses romans. Auteur des Misérables, de Notre-Dame de Paris, poète éternellement en deuil de sa fille Léopoldine disparue trop tôt, Victor Hugo trône au panthéon culturel et littéraire français. Cette gloire a paradoxalement relégué l’homme, derrière l’écrivain prodige, dans l’ombre. Plus pour longtemps.

France 2 lui a consacré deux soirées exceptionnelles en diffusant lundi 4 et mardi 5 novembre sa minisérie Victor Hugo, ennemi d’État. Les quatre épisodes marquent le retour réussi et attendu de la fiction en costumes sur nos petits écrans. Un projet hors normes à mille lieues du biopic ampoulé et hagiographique.

« L’idée ? Désacraliser le mythe du Victor Hugo grand père, vieillard barbu aux cheveux blancs », confiaient au Figaro, cet été sur le tournage, le réalisateur et scénariste Jean Marc Moutout et la productrice Iris Bucher.

Victor Hugo, ennemi d’État est le fruit de l’alliance entre les unités documentaire et fiction de France Télévisions. Initié par le pôle documentaire qui cherchait à « revisiter le récit national et ses grands personnages », le feuilleton chronique trois années charnières dans l’existence de l’écrivain : 1848-1851, de la chute de la monarchie de Juillet au coup d’État de Napoléon III. Le romancier est alors en retrait. Il ne touche plus à son manuscrit des Misères qui deviendra Les Misérables. Victor Hugo se voue à sa vie publique et à sa carrière politique. Son engagement pour la Seconde République le mènera à terme à s’opposer à Louis-Napoléon Bonaparte et à prendre les chemins de l’exil vers Bruxelles puis les iles anglo-normandes.

Quinze mois de lecture de ses discours à l’Assemblée nationale, de sa correspondance, de recherches avec les historiens ont abouti à un scénario « à 95 % avéré »

« Le plus délicat a été de simplifier les conversations politiques de l’époque pour rendre compréhensible le parcours de Victor Hugo : monarchiste bourgeois, puis libéral, avant de soutenir la cause ouvrière et de passer à la gauche radicale et de soutenir la cause ouvrière », notait Jean-Marc Moutout. Se dévoile sous sa caméra une société bouillonnante qui fait encore écho à la nôtre : « Le XIXe siècle est un horizon de l’histoire. On y questionne l’accès au travail, le droit des femmes, la question du divorce. »

Se dessine le portrait fascinant et méconnu d’un génie dévoreur, dont la part d’ombre n’est pas dissimulée.

Interprété avec fougue et conviction par Yannick Choirat (Paris, etc., Les Témoins), ce Victor Hugo est doué mais sa mégalomanie écrase ses fils et sa femme. Ce séducteur insatiable se partage entre son épouse et ses maîtresses. Son amante de longue date Juliette Drouet, campée par Isabelle Carré, mais aussi la plus jeune Léonie d’Aunet. « Ce Victor Hugo de 45-50 ans, je ne le connaissais absolument pas à travers son œuvre politique. Cette fiction montre comment une révolution peut changer un homme. Sans ce qu’il a vu sur les barricades, il n’y aurait pas eu Les Misérables », raconte Yannick Choirat.

Isabelle Carré apprécie, elle, que le rôle clé de Juliette Drouet ne soit pas éclipsé : « Elle était sa copiste, sa complice de création. Elle le remit au travail. En travaillant sur ce projet, je me suis rendu compte que chacun a son propre Victor Hugo. Pour moi, c’est le poète. »

Pour accompagner cette série patrimoniale qui a bénéficié d’un budget de 5 millions d’euros, l’ensemble du service public a mis Victor Hugo à l’honneur. France 5 et France Culture lui ont consacré documentaire et émissions à retrouver en télévision de rattrapage et en podcast. France 2 a fait suivre les épisodes du mardi 5 novembre par un numéro Stupéfiant ! Spéciale Victor Hugo.
La chaîne ne compte pas s’arrêter là et prépare des projets de fiction sur Molière et Voltaire.

(mp)