Repenser la pédagogie

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« (…) Comme chacune des étapes de l’existence, l’enfance forme un univers avec des profils psychologiques qui lui sont propres. La culture occidentale a compris tardivement les particularités de l’être humain en développement. Des siècles durant, l’enfant soumis à un autoritarisme strict, a été considéré comme un adulte en miniature. Marginalisés par les classes possédantes et par leurs besoins de subsistance, les défavorisés ont dû s’attaquer très tôt aux tâches les plus dures, comme c’est le cas malheureusement dans de nombreuses parties du monde ». Un article de Graziella Pogolotti publié par Cubadebate.

Le XIX ème siècle a connu une expansion sans précédent dans le domaine de l’histoire, de la psychologie, de la sociologie, de l’anthropologie et de la pédagogie. Le développement de cette dernière doit beaucoup à la pensée non conformiste de Jean-Jacques Rousseau.

On a alors établi les fondements conceptuels de la nouvelle école en rupture avec l’enseignement fondé sur l’apprentissage par la mémorisation et avec le dogmatisme, très vite assimilé par les cubains, et d’une importance majeure dans le travail de formation entrepris par José de la Luz y Caballero. Grâce à l’association structurée entre l’information et la formation, en pleine période coloniale, les créoles ont fait de l’école un espace propice au développement de valeurs éthiques et à l’épanouissement de l’esprit de la nation.

L’histoire se déroule suivant des étapes au rythme semble-t-il modéré, suivies par d’autres dominées par des changements marqués par une accélération vertigineuse. En pleine recherche de solutions pour faire face aux problèmes concrets qui affectent l’action éducative appropriée, nous ne pouvons rester indifférents aux réalités qui définissent une époque à laquelle nous appartenons.

Nous allons vers un accès progressif à Internet, source intarissable d’information, mise à jour en temps réel. Extrêmement utile pour les chercheurs et spécialistes ainsi allégés du poids des recherches laborieuses et chronophages d’autrefois, mais qui a une contrepartie négative avec l’emploi de formulations destinées à la manipulation des consciences.

La malbouffe entraîne l’obésité, un des maux de la société d’aujourd’hui. La mauvaise information est propice aux addictions, fabrique des icônes éphémères, attise les vanités qui, en vertu des aspirations à une reconnaissance publique médiocre, brisent les murs, jadis bien protégés, de notre vie privée.

Avec la naïveté la plus absolue nous remettons les clefs essentielles de notre personnalité au Big Brother qui les gère à des fins commerciales et à des fins politiques, conscient du rôle déterminant de la subjectivité, c’est-à-dire, de la conscience, dans le comportement des individus et des collectivités humaines.

Le problème ne suscite pas seulement des inquiétudes chez ces dinosaures survivants d’autres époques. Il apparaît désormais dans les milieux universitaires du premier Monde, plongés depuis plusieurs décennies dans le contexte de cette réalité virtuelle. C’est pourquoi le débat sur la formation des nouvelles générations est passé au premier plan, coordonné au projet de société que nous nous proposons de construire.

Selon la perspective néolibérale, il s’agit de former les apprenants afin d’offrir une force de travail correspondant aux demandes des entreprises ici et maintenant. Sur un marché du travail limité, on privilégie l’acquisition de compétences au détriment de la formation générale, tout en encourageant l’esprit de compétition.

Dans une autre optique, en tenant compte des exigences de la bataille historique en faveur d’un projet émancipateur sur le plan individuel et collectif, on encourage une réorientation de la réflexion pédagogique compte tenu des réalités qui définissent le présent et auront à l’avenir d’inévitables répercutions, comme toujours, dans le domaine de l’éducation.

Nous ne pouvons jamais oublier que l’enfant qui entre maintenant à l’école élémentaire débutera sa pratique professionnelle dans bien des années. Dans ce futur encore flou, nous devons réfléchir au milieu des incertitudes et des contraintes de ce quotidien qui court inexorablement.

Fidel a proposé que Cuba soit un pays d’hommes de sciences et de penseurs. On semblait utopique quand on livrait bataille contre les séquelles de l’analphabétisme et au moment où les bacheliers se raréfiaient.

Au-delà d’une vision utilitariste l’élan en faveur des entreprises de grande envergure a porté ses fruits dans les institutions prestigieuses et s’est traduit par des résultats économiques tangibles.

La nécessaire informatisation de la société exige un réexamen des approches pédagogiques par une vision transdisciplinaire s’appuyant sur la philosophie, la sociologie et la psychologie, sans négliger les sciences et la communication.

Face à l’avalanche de données, il convient de mettre l’accent sur le perfectionnement de la compétence personnelle et sur
l’acquisition d’outils facilitant l’accès à un large éventail d’informations disponibles dans le cyberespace avec un esprit critique bien formé pour dégager le bon grain de l’ivraie.

Il faut réveiller l’esprit endormi afin de stimuler la créativité et l’imagination indispensables pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et construire, à partir de la science et de la technologie une production rentable par sa valeur ajoutée, consolidant ainsi notre indépendance et notre souveraineté.

(Extrait de Juventud Rebelde)