Les joueurs cubains enfin autorisés à jouer dans les ligues majeures - Baseball - MLB

Partager cet article facebook linkedin email

Un accord historique entre le Major League Baseball nord-américain et la fédération cubaine autorise les joueurs cubains à quitter leur île légalement et en sécurité pour aller jouer aux États-Unis.

Le 19 décembre, au stade Latinoamericano de la Havane, Cuba, un match entre deux sélections jeunes, japonaise et cubaine. STRINGER REUTERS

Les joueurs cubains de baseball pourront désormais être recrutés par des clubs des Ligues majeures nord-américaines sans être considérés en défection, selon un accord historique signé mercredi et dévoilé par la Fédération cubaine (FCB).

« C’est un jour heureux pour le baseball cubain, pour le baseball dans le monde, pour notre peuple et pour le peuple américain », s’est félicité Higinio Velez, président de la Fédération cubaine de baseball (FCB), lors d’une conférence de presse à La Havane.

Les joueurs cubains devaient jusque-là faire défection

Les deux pays sont en froid diplomatiquement depuis des décennies mais partagent la même passion pour le baseball.

Jusqu’à présent, les joueurs cubains qui voulaient évoluer en Major League Baseball (MLB) devaient faire défection envers leur pays et établir leur résidence aux États-Unis. Une trentaine d’entre eux sont actuellement dans ce cas.

De nombreux joueurs historiques doivent ainsi leur carrière à des fuites souvent périlleuses, par exemple en radeau pour rejoindre les côtes de Floride depuis les plages de Cuba, et au risque d’être séparés longuement de leurs proches. D’autres ont subi des trafiquants ou profité de rencontres internationales à l’étranger pour faire défection. Un total de 350 joueurs avaient fui depuis 2014, 170 rien qu’en 2015.

Accord entre la MLB et la, FCB

Depuis le 19 décembre, cette règle est révolue : « Les joueurs cubains associés à la FCB [...] peuvent être recrutés par l’une des trente équipes de la Ligue de baseball des États-Unis », a annoncé la Fédération dans un communiqué. « La convention, qui se matérialise après trois ans de négociations, assure une relation de collaboration, stable et non politisée, entre la MLB et la FCB », a-t-elle ajouté.

L’accord, en vigueur jusqu’en octobre 2021 mais pouvant être renouvelé, fixe des « clauses similaires à celles établies par la MLB avec d’autres ligues étrangères comme la Ligue japonaise de baseball professionnelle (NPB), la Ligue d’organisation coréenne de baseball (KBO) et la Ligue de baseball professionnelle de Taïwan (CPBL) ».

Une scène de baseball de rue, à la Havane, en 2015. (F. Seguin/L’Équipe)

L’idée est que « les joueurs cubains puissent jouer sans discrimination, avec des conditions égales en MLB sans être obligés à rompre les liens avec leur pays ». Ils ne perdront donc plus leur résidence à Cuba ni leur possibilité de revenir dans le championnat cubain.

La FCB devra ainsi « libérer » tous les joueurs ayant au moins 25 ans, dont six ans ou plus d’expérience dans le championnat cubain. La fédération cubaine percevra sur eux un pourcentage du montant du contrat (20 % les 25 premiers millions de dollars, 17,5 % les 25 suivants et 15 % au-delà de 50 millions). Les moins de 25 ans seront incités à rester à Cuba et feront l’objet d’un reversement de 25 % sur le bonus à la signature.

« C’est un rêve impossible qui se réalise pour nous tous » - José Abreu

« Je n’ai pas de mots pour exprimer ma joie profonde et mon émotion », a réagi le joueur des Chicago White Sox José Abreu, né à Cuba, qui a fait défection en 2013. « Savoir que la prochaine génération de joueurs de baseball cubains n’aura pas à endurer le destin inimaginable des joueurs cubains dans le passé, c’est un rêve impossible qui se réalise pour nous tous », a-t-il ajouté, cité dans un communiqué de la MLB.

L’accord vise aussi à « freiner les activités illicites comme le trafic de personnes, qui ont mis en danger pendant des années la vie et l’intégrité physique de nombreux jeunes talents du baseball cubain et de leurs familles », selon la FCB.

José Abreu a témoigné en avoir lui-même fait l’expérience et s’est félicité que « l’exploitation par des trafiquants et des agences sans scrupule se termine enfin pour les joueurs de baseball cubains ». Yasiel Puig (Los Angeles Dodgers) avait lui tenté à plusieurs reprises de faire défection, avant de s’adresser à un cartel de drogue qui l’a emmené au Mexique... mais l’a finalement pris en otage, ne le relâchant que contre une rançon de 250 000 dollars. « Savoir que les futurs joueurs cubains n’auront pas à subir ce que nous avons subi, cela me rend tellement heureux », a-t-il déclaré.

Des négociations possibles malgré Trump

Le baseball, appelé « pelota » à Cuba, est un sport historique de l’île, où le premier match officiel a été joué en 1874. Affecté par les désertions de plusieurs de ses stars, le baseball cubain n’a pas gagné de compétition importante depuis la Coupe intercontinentale de 2006, après avoir longtemps raflé les titres de champions du monde amateurs.

Un tel accord aurait été impossible à l’époque des relations entre Cuba et les États-Unis et l’embargo économique imposé à l’île. Les négociations ayant profité au baseball se sont réchauffées en 2014 avec la restauration des liens diplomatiques souhaités par les présidents cubains et américains, Fidel Castro et Barack Obama.

Le président Donald Trump a bien remis en place les restrictions commerciales entre les deux pays depuis sa prise de fonction. Mais les négociations concernant le baseball ont pu se poursuivre grâce à une décision du gouvernement Obama avant qu’il ne quitte sa fonction.