Devox Caribe démarre ses productions dans la ZSD de Mariel

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La zone spéciale de développement de Mariel est située à environs 50 kilomètres de La Havane.
"Devox Caibe" entreprise cubaine à capitaux 100 % étrangers va se consacrer à la production de peinture, un produit fièrement cubain !
Plutôt que d’importer elle va tout simplement produire sur place, employer une main d’oeuvre locale et respecter l’environnement...
"La bataille économique est la bataille principale " Miguel Diaz Canel

La toiture de l’usine est entièrement recouverte de panneaux solaires translucides, dans un souci de respect de l’environnement. Photo : Endrys Correa Vaillant

La Havane, 17 décembre – Partout dans le monde, les zones de développement sont créées pour attirer les capitaux étrangers, remplacer les investissements, créer des emplois et relier les chaînes de production et de valeur. Ceci contribue directement au développement du pays, et c’est précisément ce que poursuit Cuba dans la Zone spéciale de développement de Mariel (ZSDM).

Même s’il faut compter de trois à cinq ans pour créer l’infrastructure et les conditions nécessaires pour attirer des entrepreneurs, la ZSD a conduit ses efforts en parallèle. Après cinq ans, elle a déjà un concessionnaire et

41 usagers agréés, dont 17 mènent actuellement des opérations.

Bien que de nombreuses sociétés implantées dans la Zone fournissent déjà des services, aucune d’entre elles ne s’était à ce jour consacrée à la production. Devox Caribe a récemment commencé sa phase de test et elle est aujourd’hui la première usine à obtenir des produits finis.

LA COULEUR DE CUBA

Un produit fièrement cubain ! Tel est le slogan que l’on peut voir sur les étiquettes des seaux de peinture produits par Devox Caribe. Selon son président, Jaime Murow Troice, Devox exporte depuis 25 ans des peintures en tous genres du Mexique à Cuba.

« La proposition commerciale de la Zone spéciale de développement est attrayante et nous avons décidé de produire plutôt que d’importer. Nous sommes parmi les premiers à nous être installés sur ce site, et aujourd’hui nous sommes les premiers à lancer nos produits ici », explique Murow.

Dans cette première étape, la production se limitera à des peintures à base d’eau, mais dans une deuxième phase, l’offre comportera aussi des peintures de protection anticorrosion et d’autres peintures de haute qualité. Photo : Endrys Correa Vaillant

L’usine, une entreprise cubaine à capitaux 100% étrangers, dispose d’une capacité de production de 60 000 à 70 000 litres en travail par roulement de huit heures, soit l’équivalent d’environ 3 500 seaux de peinture.

« Dans cette première étape, nous n’envisageons de produire que des peintures à base d’eau. Des peinture 100% acrylique de très haute qualité ; des peintures imperméabilisantes, des peintures polyuréthane acrylique pour les toits, des peintures murales souples, certains préparateurs de surface, des vernis pour planchers et bois, le tout à base d’eau », précise le président de Devox.

DE LA HAUTE TECHNOLOGIE

« Les espaces productifs sont prêts. Tous les essais de démarrage ont été effectués et nous avons suffisamment de matières premières », ajoute Murrow, avant de décrire chacun des espaces de l’usine.

De l’extérieur, on peut voir six réservoirs de stockage et le réservoir d’eau, d’une capacité de 130 000 litres. À l’intérieur, les zones sont bien définies. Au centre, à 5,40 mètres de hauteur, on peut voir la plateforme.

Murow souligne que lorsqu’ils ont conçu l’usine, ils ont pensé à de meilleures façons de contribuer à économiser l’électricité et l’eau, ainsi qu’à créer une installation respectueuse de l’environnement.

« Élever la plateforme a entraîné des coûts importants, mais l’idée était de faire en sorte que les réservoirs soient desservis par gravitation. Ainsi, la peinture est conditionnée directement dans les seaux sans avoir besoin système de pompage, qui consomme beaucoup d’énergie », ajoute-t-il.

Dans cet espace, le plus grand des réservoirs est consacré à la peinture blanche. Les autres sont destinés aux verts, rouges et autres nuances. Cette différenciation facilite le lavage et évite de consommer inutilement de l’eau. Cela permet de réutiliser l’eau dans d’autres procédés, comme les toilettes, qui sont reliées à un biodigesteur.

Il est rare de trouver une usine où toutes les cuves sont en acier inoxydable, mais nous avons fait ce choix en raison de sa résistance à la corrosion et ce matériau nous assure de meilleures conditions de propreté et d’hygiène.

« Ce sont toutes des cuves hermétiques en acier inoxydable, et elles ne sont pas dotées des mélangeurs traditionnels à hélice. Contrairement aux autres, ceux-ci consomment 25 % moins d’énergie et sont 50 % plus rapides ».

Sur cette même plateforme se trouve la salle de contrôle, qui est le « cerveau » de toute l’usine, d’où toutes les étapes du processus de production sont contrôlées. Il s’agit d’une installation entièrement automatisée, mais qui permet aussi d’intervenir manuellement.

« Elle est conçue pour ne jamais s’arrêter. Elle est entièrement automatisée, mais si nous avons un problème, il peut être réglé manuellement. Il s’agit d’une usine à haute technologie équipée de fibres optiques pour la communication vocale et de données.

« Elle peut être opérée de n’importe où dans le monde parce qu’elle est intégrée à ce que l’on appelle aujourd’hui l’Internet des objets. À partir d’un téléphone portable ou d’un ordinateur, il est possible d’examiner le fonctionnement du système et d’activer ou de modifier les processus de production de l’usine », affirme le président de Devox Caribe.

Le laboratoire des couleurs, où chacune des couleurs demandées par le client est conçue, est une autre des aires de l’installation. On y utilise une nouvelle technologie pigmentaire.

« Ce sont des pigments qu’il ne faut ni disperser, ni broyer ni utiliser avec des liquides. Ce sont des granulés qui sont ajoutés au matériau solide, et sans faire de poudre, on les ajoute pour obtenir la couleur désirée. Ceci évite de salir les tuyaux de pâte et rend le procédé aussi propre que possible », indique Murow.

Le contrôle de la qualité est une autre des procédures indispensables dans une usine de peinture. Dans cette partie du processus, des tests de viscosité et de lavabilité sont réalisés (aptitude du film sec à être nettoyé de la saleté sans subir de dégradation) et l’on s’assure que la peinture et le lot de production soient conformes à ce qui avait été prévu.

Le processus de remplissage est effectué dans un autre espace. Cette opération s’effectue depuis la plateforme, par gravitation, jusqu’aux seaux de peinture, de manière automatisée et au moyen d’équipements de haute technologie.

UNE USINE DURABLE

Selon le président de Devox, l’équipe de travail recrutée par l’employeur est très bonne. Photo : Endrys Correa Vaillant

S’il est vrai que dans la Zone Spéciale un accent particulier est mis sur la durabilité écologique et l’engagement de ceux qui y travaillent, cette usine est conçue pour économiser l’énergie, l’eau et travailler dans un environnement aussi vert que possible.

À tel point qu’ils ont décidé de combiner l’outil industriel et l’art. Le président de Devox Caribe assure qu’il n’y a pas de raison pour séparer les choses, c’est pourquoi les colonnes qui supportent la plateforme et les autres espaces de la structure ont été peintes par un jeune artiste, afin de créer un environnement naturel et coloré.

« Il s’agit de vivre en harmonie avec le cadre naturel environnant. Par exemple, nous avons décidé d’utiliser du sable et du gravier pour les sols extérieurs, de sorte que lorsqu’il pleut, l’eau, au lieu d’aller dans le système de drainage, s’écoule dans le sous-sol, et permet de recharger la nappe aquifère », indique Murow.

L’usine, conformément à la demande de la Zone et de la municipalité d’Artemisa, est conçue pour résister aux ouragans. Même si sa structure est percée de trous pour être plus légère et permettre une meilleure circulation d’air, la construction a conservé toute sa solidité.

La toiture de l’usine, entièrement recouverte de panneaux solaires translucides, est un autre détail intéressant. Les cellules servent de couverture, permettent de capter l’énergie solaire pour le fonctionnement de l’usine et assurent l’éclairage de tous les espaces.

« D’un point de vue architectural, elle est superbe et nous permet de générer notre propre énergie. Nous avons un contrat avec l’Union électrique cubaine (UNE) et l’énergie qu’il nous reste est acheminée vers le réseau national. Jusqu’à présent, comme l’usine ne fonctionne pas à cent pour cent, nous n’avons livré que 30 000 kilowatts au réseau national, mais lorsque l’usine entrera en pleine production, ce chiffre pourra augmenter encore davantage », ajoute Jaime Murow.

Cette construction est complétée par des lampes dites photovoltaïques. Ce sont des trous lumineux qui absorbent l’énergie solaire et l’amplifient, permettant ainsi une économie d’énergie.

L’usine dispose également d’un groupe électrogène de secours. Selon le président, par un jour nuageux où l’énergie solaire ne suffit pas pour fonctionner, c’est le « cerveau » de l’installation photovoltaïque qui décidera si l’usine doit être alimentée par le réseau ou par l’installation de secours. Par exemple, si l’on travaille la nuit, on utilise toute l’énergie de L’union électrique car le système n’est pas conçu avec des batteries.

LES EXPÉRIENCES DANS LA ZSDM

Jaime Murow Troice, président de Devox Caribe explique que le terrain où se trouve aujourd’hui l’usine leur a été attribuée en janvier 2016. Depuis lors, ils ont entamé le processus de demandes des autorisations, puis les travaux de terrassement, et c’est en janvier 2017 qu’ils ont commencé à installer la structure. Il a fallu environ deux ans pour terminer l’usine.

« Le Guichet unique, qui est notre lien entre la ZSDM et le monde extérieur, nous a appuyé, mais il nous a fallu plus longtemps que prévu pour terminer les travaux. Cela n’a pas été facile, car nous avons dû faire venir pratiquement tous les intrants de l’étranger, la logistique a été compliquée, en dépit de toutes les facilités que nous ont accordées les douanes. Mais nous avons la satisfaction que l’usine se trouve déjà en production et nous avons contrats avec différentes entités », précise-t-il.

S’agissant d’une usine entièrement automatisée, elle n’a pas besoin de beaucoup de travailleurs pour être exploitée, une trentaine suffit pour qu’elle soit opérationnelle. Cependant, il est important de préciser que ce sont tous des professionnels qualifiés pour exercer leur activité. Selon Murrow, l’idée est que tous les travailleurs soient cubains.

« Dans cette première phase, deux Mexicains assurent la formation du personnel, mais l’intention est que si nous sommes à Cuba, il faut qu’ils soient Cubains. L’équipe qui vient à nous par l’entremise de l’employeur est très bonne. Nous avons travaillé avec eux sur des questions liées à la productivité, à l’équipement et à la qualité des produits, et ils apprennent vite et bien », ajoute Murow.

Le but de ce genre d’entreprise ou d’usine est de créer des chaînes de production avec des entreprises cubaines. Son président explique qu’ils ont déjà commencé à utiliser des matériaux de de la Mine Coco Peredo et que tous les produits qu’ils utilisent sont fabriqués par l’industrie agricole cubaine.

« Nous sommes en train d’intégrer des entreprises cubaines dans nos chaînes de production, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas encore réussi à suivre cette voie à un bon rythme. À l’heure actuelle, la plus grande partie de nos matières premières sont importées, de Cuba nous n’utilisons essentiellement que de l’eau et du carbonate de calcium », signale-t-il.

À ce jour, ils ont commencé à fournir des peintures à la société cubaine Almacenes Universales S.A. et à partir de janvier 2019, ils proposeront leurs services à d’autres clients. Dans cette première étape, la production se limitera à des peintures à base d’eau, mais dans une deuxième phase, l’offre comportera aussi des peintures de protection anticorrosion et d’autres peintures de haute qualité, idéales pour tout type de construction, maison ou industrie.

Devox Caribe s’affirme aujourd’hui comme la première entreprise de la Zone spéciale de développement Mariel à proposer des produits finis. Avec une capacité de production de 24 millions de litres de peinture par an, la priorité de cette entreprise est de répondre aux besoins du marché cubain, puis d’exporter ses produits vers d’autres régions des Caraïbes.

Source : Granma International