Une coopération exemplaire, celle portée par le collectif « eau et assainissement » de CCF

une histoire aussi vieille que l’association !

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Une saga que nous vous proposons en deux volets.

Pour débuter, un petit rappel historique, c’est en 1962, plus précisément le 10 août, qu’ est créé par la jeune Révolution cubaine l’INRH (Institut National de Recherche Hydraulique) pour faire face à une situation d’hygiène publique alarmante laissée par des années de laxisme et d’incompétence des gouvernements qui se sont succédés depuis l’indépendance.

Quelques chiffres qui illustrent cette situation de 1962 :

  • Uniquement 36% de la population sont raccordés à un réseau d’assainissement, seuls 10% des effluents de ces réseaux sont traités avant rejet dans le milieu naturel,
  • 60% de la population ne bénéficient que de fosses ou de latrines dont l’entretien laisse à désirer,
  • Pour les 4% restant les rejets vont directement dans le milieu naturel !

Cet organisme avec qui nous coopérons depuis 20 ans dispose de ressources humaines de haut niveau théorique (ingénieurs, techniciens) mais à qui il manque l’expérience de la mise en œuvre, l’approche des nouvelles techniques et ….les moyens financiers en devises, conséquence du blocus des États Unis.

Il faut savoir que la ville de La Havane à la fin du XIXème siècle, à l’apogée de son développement, disposait de réseaux d’assainissement et de distribution d’eau potable comparables à l’époque à ceux de la ville de Paris. Les conditions de l’indépendance, l’inféodation aux USA, le pillage des richesses, l’incompétence et la corruption des dirigeants successifs de l’île ont fait que ces équipements, sans entretien, sans développement se sont dégradés et sont devenus insuffisants !

Depuis l’origine de CCF son collectif « Eau & Assainissement » piloté par Christian Huart, 1er vice-président, en collaboration avec le SIAAP (Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération Parisienne) présidé alors par Daniel Méraud, maire-adjoint de Jacques Chirac, maire de Paris, mène auprès de l’INRH des actions qui répondent littéralement au sens du terme coopérer ! La première de ces actions menée en parallèle avec l’opération fondatrice de l’association « Un bateau pour Cuba » a consisté à l’envoi d’un lot de pompes d’eaux usées réformées.

Depuis, ces coopérations se sont développées, citons d’abord celles répondant aux urgences après le passage d’ouragans.

En 2008 à la suite des ouragans Ike et Gustav il s’est agi de la réhabilitation d’une flotte de 30 camions permettant, en 2 mois, de vidanger les fosses septiques de 2 millions d’habitants dans les provinces de Camaguey, Holguin et Las Tunas réduisant rapidement les risques sanitaires.
Puis en 2012 suite à l’ouragan Sandy, la fourniture de 3 pompes a permis la réalimentation en eau potable en peu de temps de l’agglomération de Baire dans la province de Santiago et actuellement après les dégâts causés par Irma c’est une cinquantaine de pompes en cours de livraison qui remplaceront celles mises à mal par les inondations des postes de relèvement consécutives au passage de cet ouragan.

Après le passage d’Irma

Et puis dans le cadre de ce nous pouvons qualifier d’actions pérennes, nous développons de nombreux projets de formations, sur la durée, tant en France que sur place à Cuba.

Celles dispensées en France :

  • Avec une soixantaine de stagiaires (3 par an en moyenne) ces actions de formation ont permis à l’ENAST (Etablissement National d’Analyses et de Services Techniques) de devenir un ensemble de laboratoires fiables en matière d’analyse d’eau potable et de sécurité alimentaire pour la population cubaine. Cet établissement a ainsi pu rejoindre, en très bonne place, le cercle très fermé des laboratoires d’analyses regroupés dans l’association AGLAE ( Association Générale des Laboratoires d’Analyses en Environnement).
    Deux laborantines de l’ENAST

  • L’introduction de la technique du « micro-tunnelier » solution inconnue à Cuba. À notre initiative deux cadres de l’entreprise cubaine SIOH ont intégré les équipes d’une société française spécialisée dans cette technique pour en acquérir les connaissances. À leur retour ils ont élaboré un projet de réalisation d’un collecteur de 5 km le long de la baie en bordure de la Vieille Havane utilisant cette technique . Après le feu vert des autorités cubaines ce projet a été finalisé, tant et si bien qu’il vient d’être retenu par l’AFD (Agence Française de Développement) qui va le financer et fait actuellement l’objet d’un appel d’offres !
  • Dans un tout autre domaine c’est de la sauvegarde par numérisation des archives de la Fondation Antonio Nunez Jimenez (ONG environnementale cubaine) qu’il s’agit. Quatre responsables de cette Fondation ont effectué une première mission en France auprès de la Cité de l’eau du SIAAP, de la Bibliothèque Nationale de France et de l’INA pour mettre en place les conditions d’un transfert de connaissances en vue de cette numérisation informatique.
    La délégation de la Fondation Antonio Nunez Jimenez devant la maquette de la Bibliothèque François Mitterrand à Paris.

    Et celles dispensées sur place, elles sont privilégiées car elles permettent de toucher un plus grand nombre de participants :

  • Il y a d’abord eu début des années 2000 la tenue de deux semaines de formation relatives à la sécurité des interventions dans les égouts suite à de graves accidents survenus à La Havane, organisées en deux sessions elles ont concerné l’ensemble des cadres de l’assainissement de Cuba. C’est notre regretté ami Bernard Lescale, retraité du SIAAP, qui a assuré cette formation qui a donné lieu à la rédaction de consignes de sécurité pour le travail en égout et qui associées à la donation de matériel de sécurité a considérablement réduit les accidents. En 2016 dans la poursuite de cette démarche, il s’est agi du début de formation à la sécurité des plongeurs et des scaphandriers, formation qui se poursuit sur un cycle de 5 ans.
  • Puis il y a les formations associées à la donation de matériel ou à la réalisation d’une étude . Cela concerne Cienfuegos où après la fourniture d’une hydro-cureuse, machine haute pression (120 bars) permettant le curage de canalisations d’eaux usées, il a été nécessaire de former le personnel appelé à l’utiliser, formation qui a porté ses fruits puisqu’en 18 mois 18 km d’égouts, 4000 regards ont été curés et 1700 tonnes de matériaux divers extraits ! Dans cette même ville la réalisation du SDA (Schéma Directeur d’Assainissement) a nécessité la formation des équipes locales dans l’utilisation des appareils de mesure, formation assurée pendant une semaine par une entreprise française.
L’hydro-cureuse avant son départ pour Cienfuegos

  • Et c’est à nouveau concernant l’ENAST que les formations sur place, en complément des stages dispensés en France, que l’effort se porte, elles sont pratiquement annuelles et concernent l’ensemble des laboratoires de l’île, accès aux normes ISO, accréditations….En 15 ans elles ont permis à cet établissement de faire passer le nombre de laboratoires accrédités de deux, pour deux paramètres à une douzaine, pour quinze paramètres ! À noter également l’organisation de sessions relatives à la microbiologie et l’entretien du matériel et de deux concernant les essais comparatifs suivies par le directeur général d’AGLAE Philippe Guarini.
    Réunion au siège de l’ENAST

Voilà pour ce premier volet, nous évoquerons le second prochainement !