La Coopération exemplaire du collectif EAU & ASSAINISSEMENT de CCF, suite de la saga !

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Nous en étions restés avec le 1er volet et aux actions de formation, nous abordons maintenant celles dites pérennes et celles liées au développement durable.

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Les actions pérennes :

Commençons par l’assainissement de la zone centrale de La Havane qui a mobilisé le collectif dès le début des années 2000. Conçu dans les années 1920 pour une population de 600 000 habitants, le réseau en dessert maintenant le double, ses insuffisances contribuent largement à la pollution de la baie.

Plan du réseau de la zone centrale

En 2010 le remplacement de 3 dégrilleurs (repère 1) a constitué la pièce maîtresse de ce projet, leur mise en service a supprimé la pollution visuelle de la baie et a permis d’éliminer les mauvaises odeurs à l’une des entrées de la vieille ville. La salinité de l’eau (30%) a conduit l’association à prévoir un budget pour la constitution d’un stock de pièces de rechange.

Les dégrilleurs en acier inoxydable ont été enchâssés dans une structure s’intégrant à la zone industrielle du port.

Puis il s’est agi de procéder à une inspection du siphon sous la baie (repère 2), ouvrage réalisé il y a un siècle qui n’a jamais été visité depuis lors ! Pour s’affranchir de tout risque mettant en danger la vie humaine cette inspection s’est effectuée à l’aide d’une caméra provisoirement importée par une entreprise française diligentée par CCF. Cette inspection a révélé un parfait état des maçonneries mais un ensablement de 50% de la galerie à son point bas.

La caméra

L’aboutissement de cette réflexion concernant l’assainissement de cette zone de La Havane c’est le projet de doublement du collecteur Sud (en violet sur le plan ci-dessus). Il s’agit d’un collecteur de 1800 mm de diamètre et de 5 km, pour protéger l’environnement en bordure de la baie, il interceptera les eaux de temps sec se déversant en « surverse » dans la baie ainsi que les effluents des 110 000 habitants de la rive gauche du Rio Luyano. Les sondages réalisés en 2017 ont confirmé la compatibilité d’une réalisation par micro-tunnelier.

Sondages sur le futur tracé du collecteur Sud

Les laboratoires de l’ENSAT déjà évoqués dans le 1er volet de cette saga. L’action du collectif « Eau & Assainissement » en complément de celle liée à la formation s’est portée sur l’équipement des laboratoires provinciaux en matériel moderne suivant un rythme régulier. Après ceux des provinces de Cienfuegos, Ciego de Avila, Guantanamo et Santiago (en 2012), de Las Tunas et Camaguey (en 2013), ceux de Gramma et Pinar el Rio (en 2014), ceux de Santa Clara (en 2015), Sancti Spiritus (en 2016) et ceux de l’île de la jeunesse (en 2017) il reste 6 laboratoires à équiper dans les prochaines années. Ces équipements permettent l’analyse de toutes les eaux et de répondre aux situations d’urgence, sur place, évitant le transfert des échantillons à La Havane dans des conditions de conservation souvent précaires.

Les postes de relèvement. Le réseau de La Havane avec de faibles pentes est équipé de 27 stations de relèvement dont les pompes sont protégées par des dégrilleurs. Beaucoup de ces postes présentent des risques de formation d’un gaz mortel (H2S) dans les bâches de pompage, notamment celles qui nécessitent une extraction des refus sous le niveau de l’eau. L’intervention du collectif de CCF consiste à équiper les plus dangereux de grilles inox automatisées. Cette campagne a débuté en 2018 par le poste de Miramar, quatre autres sites ont été retenus, en 2019 c’est celui de Florès à Playa qui fera l’objet d’une modernisation.

L’ancien et le nouveau dégrilleur du poste de Miramar.

Les actions relevant du développement durable :

La protection de la nappe du Vento. Cette nappe alimente en eau potable 43% de la population de La Havane (900 000 habitants), réserve correspondant au bassin versant du Rio Almendares, rivière très polluée présentant un danger de contamination de la nappe. Par ailleurs est apparu l’intérêt de réguler les prélèvements et donc de corréler, en décalé, hauteur de la nappe et précipitations. A donc été conçu et mis en œuvre un SAR (Service d’Alerte Rapide), une quinzaine d’appareils ont été installés (pluviomètres, appareils de mesure de la hauteur de la nappe de sa conductimétrie…..) le fonctionnement donne satisfaction, l’ensemble sera complété à raison de 2 ou 3 appareils par an.

La réhabilitation du bassin du Rio Ariguanabo. CCF s’est vu confier par l’INRH la coordination des travaux de sauvegarde de ce rio, véritable égout à ciel ouvert, dont le lit sur 11 km se situe au-dessus d’une nappe alimentant une partie de la province d’Artemisa et certains quartiers de La Havane. Ces travaux portent sur 3 actions :

  • la mise en place d’un SAR (Service d’Alerte Rapide), réseau opérationnel grâce à l’installation de pluviographes, limnigraphes et pluviomètres, le système est maintenant opérationnel. Des relevés sont effectués toutes les semaines et l’exploitation de la nappe est optimisée, reste à mettre en œuvre le rapatriement des données, en temps réel, vers un centre de gestion,
  • la réalisation d’un réseau de collecte des eaux usées de Las Margaritas (1700 habitants) complété par un système de traitement par lagunage. Fourniture par notre intermédiaire de 40 tonnes de granulats pour la fabrication de 7 km de canalisation dont la pose en tranchée sera achevée cette année.
La tranchée avant la pose de la tuyauterie
  • réhabilitation de la station d’épuration des eaux usées de Bejucal (22 000 habitants), avec remplacement du matériel obsolète, inauguration en 2015, mais des opérations de réglage longues en raison d’une DBO importante, la présence d’un élevage intensif de porcs qui favorise la formation d’azote dans les boues et …. d’un personnel instable manquant de technicité.

La station d’épuration de Béjucal.

Ces 3 interventions nécessitent encore l’intervention du collectif « Eau & Assainissement » et compte tenu des difficultés rencontrées, à conduire l’INRH à en reprendre en main la maîtrise d’œuvre déléguée expérimentalement aux autorités locales pour les finitions.

L’étude du SDA (Schéma Directeur d’Assainissement) de Cienfuegos. Cette étude sera achevée fin 2019, elle vise à la préservation de la baie de Cienfuegos conclue au maintien des quatre actuelles lagunes périphériques et à la construction de deux stations d’épuration alimentées par deux émissaires. Le dimensionnement de ces deux équipements nécessite une campagne de mesures actuellement en cours de réalisation. L’AFD vient de décider de financer l’étude d’un schéma directeur d’eau potable et d’intégrer à ce financement l’étude de dimensionnement du réseau d’assainissement et des stations d’épuration.

Un premier barrage flottant, celui installé sur le Rio Almendarès. C’est à la suite des passages à Paris de la présidente, puis du vice-président de l’INRH, au cours desquels ont été organisées des visites des barrages flottants du pont de Sèvres et de Villeneuve St Georges, qu’est née l’idée de l’installation d’un barrage sur le rio Almendares. Avec l’esprit de débrouillardise qui les caractérise, nos amis cubains ont réalisé avec des rebuts de tuyaux en PEAD un barrage sur ce rio. Cet équipement barre le rio, il est curé manuellement et permet de récupérer chaque semaine 2 bennes de déchets de 12 m3 à la grande satisfaction des pêcheurs qui constatent une augmentation de leurs prises !

Le barrage et les déchets collectés

Voilà donc résumées les actions entreprises par le collectif « Eau & Assainissement » de CCF depuis de nombreuses années. Certaines sont achevées, beaucoup sont encore en cours et de nouvelles, n’en doutons pas, viendront occuper nos amis du collectif !