L’histoire d’une ville racontée par ses bâtiments

500e anniversaire de la ville de La Havane

Partager cet article facebook linkedin email

La Havane fêtera prochainement son 500ème anniversaire : je crois qu’il n’y a pas de meilleur moyen de le célébrer que de parcourir des détails qui la font remarquer, des éléments qui la rendent différente.

3 avril 2019 / Lainerys Carbonell González


La Giraldilla

L’ancienne ville de San Cristobal de La Havane est aujourd’hui « Ville Merveille du monde moderne ». Il existe une façon de connaître son histoire, ce sont ses édifices qui se dressent à la vue curieuse des visiteurs nationaux et étrangers avec une transparence infinie, comme le dira notre Héros National José Marti dans « l’histoire de l’homme contée par ses maisons ».

Comme dans tous les pays du monde, les styles architecturaux expriment le moment historique de construction mais La Havane est beaucoup plus complexe que cela.

Le Prado

Cette ville présente un développement urbanistique très irrégulier, très lié à la vie socio-économique du pays dans une espèce de disparité que certains confondent avec de l’éclectisme et que l’on peut estimer être un certain ordre de chaos visuel.
Un mélange de quartiers et de populations, avec des constructions emblématiques se détachent dans chaque parcours, en accord avec un processus d’expansion urbanistique depuis la ville intramuros jusqu’aux quartiers ouvriers actuels.

Ce travail, bien qu’il se réfère à la capitale en hommage à son 500ème anniversaire, reflète des réalités de cette ville qui sont aussi celles d’autres villes cubaines.
Mais faisons la connaissance de quelques constructions de cette Cité Merveille qui racontent son histoire.

La Place de la Cathédrale

On pourrait d’abord mentionner la Cathédrale de La Havane. Cet endroit, depuis son apogée en 1777, a été le centre de la religiosité catholique de la capitale antillaise. Comme il se dit, c’est le meilleur exemple de ce que l’on appelle « le baroque cubain », comme une espère de variante caribéenne de l’influence coloniale espagnole de cette époque. Dans la Vieille Havane ou « Havane de pierre », comme disent certaines personnes, la Cathédrale de La Havane est l’édifice le plus emblématique, architecturalement parlant.

Le Château de la Force Royale

D’un autre côté, pour protéger les grandes richesses qui entraient ou sortaient du port tout proche des attaques de pirates, corsaires ou d’empires ennemis, l’Espagne a construit une muraille et un grand nombre de fortifications tout autour de la zone : San Salvador de la Pointe, Château de la Force Royale, San Carlos de la Cabana et le Château des Trois Rois du Morro pour n’en citer que quelques-unes.

Le Palais des Capitaines Généraux

Dans la quasi-totalité des constructions de cette époque-là, les styles et cultures différentes comme l’influence arabe, italienne, grecque, romaine et toscane se font évidents. On érige ainsi le Couvent de Santa Clara et le Palais des Capitaines Généraux.

C’est également le cas du Palais Adama, exemple le plus marquant du style néoclassique résidentiel de La Havane, avec des arcades rythmiques, de grands patios intérieurs à l’image de Séville, Cadix et Grenade.

Dans cette ligne architecturale perdure aussi l’Hôtel Inglaterra et le Templete, petit mausolée érigé en 1828 sur le lieu même ou par tradition on célèbre la première messe et le premier Conseil qui donnèrent vie à la cité. Devant se trouve le célèbre flamboyant sacré et en face la Place d’Armes.

Le Capitole de La Havane

Et bien sûr, il y a le Capitole National, lieu de visite obligatoire, paradigme de l’éclectisme architectural à Cuba.

Dans ce dernier cas, depuis sa construction, il occupe la première place dans l’imaginaire et la symbolique de l’identité nationale, bien qu’il soit inspiré de celui de Washington. Sa coupole de 62 mètres fut en son temps le point le plus haut de la Capitale. On y voit un escalier de 55 marches de granit qui nous conduisent jusqu’au portique de 12 colonnes ioniques et qui comporte sur les côtés 2 énormes statues connues en tant que « La vertu tutélaire du peuple » et « Le Progrès dans l’activité humaine ».

A l’intérieur de l’édifice, tout est solennité et majesté, de grands salons, des voûtes en plein cintre et d’élégantes peintures murales à quoi s’ajoute « La Statue de le République », l’une des plus grandes au monde en intérieur.

La Place Vieille

Au cours de ces années-là, on incorpore tardivement à Cuba l’Art Nouveau. Selon des études, les exemples les plus représentatifs se trouvent sur la Plaza Vieja, Le Palais Cueto, et la Casa Rosada dans les rues Beloscoain et Clavel.

Le paysage urbain de La Havane s’est modernisé au cours des années 40 et 50 au siècle dernier. Sont ainsi apparus de grands édifices qui rendent encore aujourd’hui ce panorama si typique, comme l’Hôtel Habana Libre Tryp précédemment dénommé « Hôtel Havana Hilton ». De la même façon apparurent le FOCSA, le Théâtre National, Le Palais Présidentiel.

Le Malecon

Les archives attestent que la capitale cubaine a attiré des architectes fameux comme Oscar Niemeyer, Walter Gropius et Richard Neutra. Un promeneur peut passer en quelques blocs du baroque colonial à l’Art déco et de là au modernisme.

Place du 13 Mars et Musée de la Révolution

C’est pour cela que l’on parle de l’éclectisme de la Ville de La Havane, non comme un courant architectural du même nom mais comme un ensemble urbanistique et constructif compte tenu de la cohabitation de tant de styles, les uns purs, d’autres avec des influences et qui forment en soi l’identité havanaise.

Ces dernières décennies, les habitants de cette ville ont été les témoins d’un important processus de récupération et restauration d’immeubles coloniaux, témoins du patrimoine culturel de la nation cubaine.

Il est méritoire de signaler et de féliciter le Bureau de l’Historien de La Havane comme centre de cette transformation, instance fortement impliquée dans la célébration du demi-millénaire de La Havane.


3 avril 2019 web@radiorebelde.icrt.cu / Lainerys Carbonell González