Notre Dame de Paris

Le roman « Notre-Dame de Paris » au sommet des ventes sur le Web

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PARIS — Le roman de Victor Hugo « Notre-Dame de Paris » est devenu le numéro un des ventes sur Internet et de nombreuses librairies sont en rupture de stock depuis le terrible incendie qui a partiellement détruit lundi soir la cathédrale parisienne mondialement connue.

Après les attentats ayant frappé Paris le 13 novembre 2015, le même phénomène avait été observé. Le livre "Paris est une fête" de l’Américain Ernest Hemingway était subitement devenu très populaire dans les librairies.

Face à cette demande, les éditeurs du roman en format de poche ont décidé de lancer de nouveaux tirages et de reverser les bénéfices au fonds de souscription lancé pour financer la reconstruction de l’édifice.
Agence France-Presse-18 avril 2019

Rédigé en 1831, Notre-Dame de Paris, du poète et romancier français Victor Hugo, se situe en 1482 au moment du règne de Louis XI. Le roman a été maintes fois adapté au cinéma.

Un passage du roman attire particulièrement l’attention aujourd’hui. « Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée », écrit Victor Hugo.

Autour des personnages comme la bohémienne Esmeralda, le « monstre » Quasimodo, Frollo ou Phoebus, Hugo fait de la cathédrale la véritable héroïne de son roman. L’objectif du romancier est de réhabiliter un monument tombé en décrépitude.

« Sans doute, c’est encore aujourd’hui un majestueux et sublime édifice que l’église de Notre-Dame de Paris », écrit-il dans le chapitre intitulé Notre-Dame.

« Mais, ajoute-t-il, si belle qu’elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s’indigner devant des dégradations, des mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui avait posé la première pierre, pour Philippe-Auguste qui en avait posé la dernière. »

La publication du livre, qui connut un grand succès public, attira l’attention générale sur l’état « inadmissible » du monument.

Le mouvement d’opinion aboutira à la décision d’établir des concours auxquels participèrent de nombreux architectes, dont Jean-Baptiste-Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc, dont le projet de réhabilitation du monument fut retenu en 1844.

Le roman Notre-Dame de Paris est également accessible gratuitement et légalement sur Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.

Victor Hugo, l’homme qui sauva Notre-Dame

La cathédrale était délaissée, délabrée, menacée…
Avec son roman « Notre-Dame de Paris », Hugo sensibilisa l’opinion publique à l’urgence de son sauvetage.
Par Marc Fourny
, publié dans Le Point le 20/04/2019

En 1828, Victor Hugo n’est encore qu’un jeune écrivain prometteur… Âgé de 26 ans, il est pensionné par le roi, s’est fait un nom avec le succès de Cromwell, commence à fréquenter les auteurs qui comptent et cherche depuis quelque temps à s’imposer avec un grand roman dramatique et populaire. Pourquoi ne pas aller sur le terrain historique ? lui suggère son éditeur Charles Gosselin, puisque les récits de Walter Scott sont à la mode... Un contrat est signé, Hugo se lance dans l’écriture, mais la rédaction va prendre plus de temps que prévu : il travaille en même temps sur Hernani, connaît des problèmes avec sa pièce Marion Delorme, sans compter l’insurrection de 1830 qui vient tout retarder…

En revanche, il tient son histoire : une rivalité passionnelle autour d’une gitane, la jeune Esmeralda, entre un bossu et un archidiacre tout-puissant. Quant au décor, ce sera Notre-Dame, dont la lente décrépitude ne cesse de l’attrister et de l’alarmer. À l’époque, la cathédrale n’est plus que l’ombre d’elle-même : sa flèche centrale a été démantelée à la fin du XVIIIe siècle, la Révolution l’a transformée en temple de la Raison, puis en entrepôt de vin ; on répare le plus urgent pour le sacre de Napoléon, on camoufle les fissures, ressoude à la hâte des vitraux, avant de la rendre au culte… Comme un vaisseau fantôme sur l’île de la Cité, l’édifice reste en l’état dans une France endettée et dépassée par d’autres urgences nationales. Va-t-elle finir comme d’autres monuments vendus puis rasés, car jugés vieillots et trop chers à entretenir ?

« Il faut arrêter le marteau qui mutile »
Un scandale pour Victor Hugo, qui s’est très tôt investi dans la défense du patrimoine, une idée neuve portée à l’époque par le courant romantique. À 23 ans, il signait son premier pamphlet contre les bandes de « démolisseurs », qui rachetaient les vieilles bâtisses pour revendre les pierres, dans l’indifférence ou, pire, avec la complicité de l’administration. Il remet ça en 1832, sans mâcher ses mots : « On ne restaure plus, on ne gâte plus, on n’enlaidit plus un monument, on le jette bas. Et l’on a de bonnes raisons pour cela. Une église, c’est le fanatisme ; un donjon, c’est la féodalité. On dénonce un monument, on massacre un tas de pierres (…) À quoi servent ces monuments ? disent-ils. Cela coûte des frais d’entretien, et voilà tout. Jetez-les à terre et vendez les matériaux. C’est toujours cela de gagné. Sous le pur rapport économique, le raisonnement est mauvais. »

L’écrivain se fait soudain prophétique en pressentant qu’un jour ces œuvres attireront les curieux : « Ces monuments sont des capitaux poursuit-il. Un grand nombre d’entre eux, dont la renommée attire les étrangers riches en France, rapportent au pays au-delà de l’intérêt de l’argent qu’ils ont coûté. Les détruire, c’est priver le pays d’un revenu. » Et de conclure : « Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait. Qu’on la fasse ».

Pillage de 1831

Un cri du cœur qui tombe au moment où son roman sur Notre-Dame connaît un vrai succès, malgré un accueil critique plutôt tiède. On redécouvre le Moyen Âge, Esmeralda inspire déjà des ballets et des opéras… En faisant de la cathédrale le principal personnage de son roman, en rendant les pierres vivantes et vibrantes, Hugo frappe les consciences, d’autant que l’édifice a été une nouvelle fois vandalisé l’année même de la sortie du roman. En février 1831, la cathédrale et l’archevêché sont en effet dévastés par des émeutiers après un service à la mémoire du duc de Berry à Saint-Germain-d’Auxerrois : vitraux brisés, mobilier saccagé, trésor et sacristie pillés… La restauration du bâtiment s’impose peu à peu dans les esprits.

Un petit groupe d’intellectuels et de politiques va soutenir cet intérêt nouveau pour le patrimoine dans les années qui suivent. Il y a là l’historien et ministre François Guizot, qui crée l’Inspection générale des monuments historiques, le journaliste Charles de Montalembert, le baron Justin Taylor, auteur des fameux Voyages pittoresques et romantiques… et bien sûr Victor Hugo qui lance en préface de son best-seller un appel à la mobilisation : « Inspirons, s’il est possible, à la nation l’amour de l’architecture nationale. C’est là, l’auteur le déclare, un des buts principaux de ce livre ; c’est là un des buts principaux de sa vie. »

Pétition entendue
Cela tombe bien, le roi Louis-Philippe entend rassembler la France autour de ses racines, sans effacer ni les vestiges de la monarchie ni l’épopée du drapeau tricolore. En 1842, le Conseil des bâtiments civils s’attaque enfin à la restauration de Notre-Dame, suite à une pétition soutenue une fois de plus par Victor Hugo, toujours en première ligne du combat. Un concours est lancé, plusieurs architectes déposent leurs projets, dont le tandem Lassus-Viollet-le-Duc. Ce dernier est seulement âgé de 29 ans, mais s’est fait connaître avec la restauration de la basilique de Vézelay et a la confiance de Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments. Les travaux débutent enfin en 1845 pour s’achever vingt ans plus tard. Hugo était toujours vivant pour contempler, au soir de sa vie, la résurrection de ce « livre de pierre » dont il avait tant plaidé la cause.


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