Dessins de Thomas Henriot à la Maison Victor Hugo

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« Le mois de la culture française est un nouveau moment de coopération, d’amitié et d’échange de connaissances entre Cuba et la France ». Avec ces mots, Philippe Murcia, attaché culturel de l’ambassade de France à Cuba, a décrit la quatrième édition de cette journée, célébrée à Cuba du 17 mai au 30 juin. Cette célébration constitue le troisième grand événement consacré à la culture française que la Maison Victor Hugo a accueilli cette année, comme l’un des principaux espaces pour la réalisation de multiples activités.

A cette occasion, l’exposition de dessins « Una noche en La Habana » de l’artiste français Thomas Henriot se présente dans le centre culturel. La présentation de ces œuvres d’art a été coordonnée par l’ambassade de France à Cuba et par la Maison Victor Hugo. L’inauguration a eu lieu le 24 mai en présence de M. Patrick Paoli, ambassadeur de France à Cuba. La série de dessins fait partie d’un projet du même titre, qui compilera le travail de l’artiste français à La Havane, ville avec laquelle il a tissé des liens étroits lors des innombrables visites qu’il a effectuées sur l’île au cours de la dernière décennie.

Depuis son premier voyage en 2009, l’artiste parcourt La Havane et montre l’énergie de la ville à travers un dessin à l’encre de Chine et au pinceau sur papier japonais. Les paysages, les architectures, sont faits au même terrain, dans l’inconfort des rues, par périodes de travail de 10 à 12 heures. Le travail lui-même est donc le résultat de la relation établie entre le sujet créateur et l’espace à représenter. Selon les mots de l’artiste, chaque dessin devient « trace d’une expérience, voire d’un test (...) Ce que je recherche dans tout cela (...) c’est que le dessin témoigne d’un acte de liberté’.

L’exposition d’Henriot peut être interprétée comme un hommage à Cuba et en particulier à La Havane. Dans chacune des 13 œuvres composant l’exposition, le motif est choisi, encadré et représenté avec une sensibilité profonde. Un segment d’un vieil immeuble, un fragment de paysage boisé, une vue panoramique du Capitole, peuvent sembler des vues habituelles pour beaucoup ; cependant, le trait de Thomas transforme chaque image en acte de fragilité et d’admiration. Il est intéressant de noter l’opinion de Gustavo Valdés, cubain qui a travaillé avec Henriot dans une exposition aux États-Unis, il affirme que chaque œuvre produit une sensation différente, un souvenir et une mémoire, une impression de respect, d’engagement, de représentation, de flatterie et d’hommage.

Mais, pour Henriot à La Havane, tout n’est pas ’couleur de rose’. La critique est présentée de manière subtile, dosée, concise, car ses longues périodes de séjour à Cuba lui ont permis de pénétrer peu à peu dans la manière d’être cubaine.

La représentation fréquente de pages de journaux cubains est montrée dans une grande partie ses travaux. Selon Henriot, lors de son séjour à La Havane, il se sentait dépassé par la présence des journaux dans la vie quotidienne cubaine, bien qu’il ne s’agisse pas d’un support d’information, mais d’une matière première utile pour la vie quotidienne. Il est courant que les cubains utilisent un journal pour emballer toutes sortes d’objets, confectionner des objets d’artisanat, nettoyer, transporter de la nourriture, etc. Henriot, attiré par la connotation que les journaux peuvent avoir à Cuba, a commencé à reproduire des titres et des fragments de journaux, comme dans l’article « Le génie de Fidel a vaincu le complot Trujillo-Yankee-Batista », publié dans Granma en 2014.

Les dessins de Thomas Henriot resteront dans la Maison Victor Hugo jusqu’au 28 juin. Cette exposition coïncidera avec la célébration de la Fête de la Musique qui se déroulera dans le même centre le 21 juin dans le cadre du Mois de la culture française à Cuba. Pour ceux qui visitent l’exposition, ce sera l’occasion de reconnaître les différents visages de La Havane, marqués par le filtre de sensibilité.