Un après-midi de confidences avec Sotomayor

Publié le 29 mai 2019 • 16h38 par Joel García León pour « Trabajadores »

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La conférence de presse sur la deuxième édition de l’événement mondial Run 24 : 1, qui s’est tenue à La Havane le 2 juin à 9 heures du matin, s’est achevée au siège de la Fédération cubaine d’athlétisme, dans le quartier du Vedado. Javier Sotomayor, exposant et capitaine de la course, ne s’est pas levé du siège où il avait communiqué les détails de la manifestation.

Javier Sotomayor a parlé naturellement des évènements de sa carrière sportive.

Il semblait prêt pour plus de questions, ou mieux, pour une conversation informelle, mais illustrant l’être humain qu’il y a derrière le recordman du monde du saut en hauteur ; Les enregistreurs n’avaient pas encore été éteints lorsque le champion olympique et universel a accepté le défi des confidences, celles qui sont parfois difficiles à réaliser lors d’un entretien convenu avec tout le protocole requis. Le vent de l’après-midi ensoleillé a soufflé, sans le vouloir, en faveur du journalisme devant l’un des plus grands athlètes de Cuba et d’Amérique de tous les temps.
Soto conta des anecdotes presque inconnues, donna des leçons de discipline et de sacrifice, rit à gorge déployée pour se souvenir des blagues faites par ses amis de toujours sur le matelas de sauts et a même révélé, avec une vidéo sur son téléphone portable, que son dernier saut pour se moquer de la force de gravité était de 1,80 mètres il y a moins de 15 jours, alors qu’il préparait le festival José Godoy in Memorian.

Après avoir avancé une prévision risquée de cinq médailles d’or pour nos athlètes lors des prochains Jeux panaméricains à Lima en 2019, le détenteur du record de ces récompenses a également reconnu une logique nostalgie pour les médailles d’or de sa spécialité, qui n’ont pas été obtenues depuis que Víctor Moya l’a eue en 2007.
"difficile, mais aujourd’hui nous n’avons personne qui atteigne 2,30 mètres, avec ce qui doit se gagner au Pérou."

Soudainement, il a déclaré que « aucun sauteur n’a couru autant que lui », bien qu’il précise qu’au cours de ses entraînements, il n’était jamais indispensable de travailler autant ce genre de résistance. "Le maximum que j’ai couru c’est 5 kilomètres même si j’ai pris beaucoup de soleil parce que je commençais à m’entraîner sur le stade vers 10 heures du matin et que je ne m’arrêtais pas avant 13h ou 13h30."

Je découvre par inadvertance l’un des secrets de ses résultats, qui commençait par l’étude de l’heure et du jour de sa compétition jusqu’à l’importance d’un échauffement. "18 heures avant mon épreuve, j’avais une routine inviolable dans laquelle je programmais tout avec alarme, depuis le repos et le sommeil jusqu’aux minutes où je devais me lever, quand je devais manger, quand je devais me coucher. Et j’étais strict, presque perfectionniste avec ça.

"Quand j’arrivais à l’échauffement, je savais combien de sauts je devais faire et je ne l’ai jamais dépassé car cela pouvait me faire perdre une médaille. À une occasion, en 1994, je suis arrivé à Chicago pour un tournoi et j’ai dû changer de vêtements dans le taxi entre l’aéroport et le stade car le vol avait été retardé. Ils ont déplacé le début de la manifestation de 15 ou 20 minutes pour moi. Il m’a juste fallu deux sauts d’échauffement pour gagner avec une relative facilité.

Bien que son record du monde de 2,45 mètres reste inégalé depuis près de 26 ans, Sotomayor parle des relations qu’il entretient actuellement avec le Qatari Mutaz Essa Barshim, peut-être le seul sauteur d’aujourd’hui possédant les conditions pour approcher son record ou le détrôner, qui lui demande des conseils sur watsapp . Il m’a récemment envoyé une vidéo le montrant dans sa voiture écoutant la musique du Buena Vista Social Club » souligne-t-il en montrant les secondes où l’on voit la sauterelle du Moyen orient chanter de la musique caribéenne.

Avant d’éteindre son téléphone portable, il cherche et me montre une photo récente du chien acquis par le suédois Patrick Sjoeberg, ami et rival de son époque d’athlète, alors qu’il battait son record du monde de 2,42 mètres. "Il a appelé le chien Soto et lui a également mis des chaussettes blanches sur les pattes parce que j’aimais porter de hautes chaussettes blanches." Il sourit et n’écarte pas l’idée pas à l’avenir de l’inviter, ainsi que Charles Austin et d’autres dirigeants, pour un match de sauts à Cuba.

Une fois, en Europe, nous nous sommes tous retrouvés entre sauteurs et nous avons un peu fait la fête la veille de la compétition. Nous avons bu quelques bières puis nous avons dû parcourir des centaines de kilomètres pour nous rendre sur le lieu du tournoi. Nous avions convenu que le lendemain, nous ferions tous un saut en cinq étapes car la fatigue était généralisée. En deux tentatives, je suis passé devant avec 2,33 m, puis j’ai demandé 2,36 m et finalement 2,40 m. Personne ne pouvait croire que je le ferais, mais je l’ai fait facilement ", dit-il en souriant comme un enfant qui se souvient de son jouet préféré.

Sans cabales ni amulettes, Sotomayor admet que sa spécialité ne vit pas aujourd’hui la dure obstination d’hier. Cependant, le secret de l’entraînement encore et encore le poursuit, car il se rend au gymnase trois fois par semaine et n’exclut pas qu’un jour il réapparaisse dans le championnat des seniors.

"J’ai déjà vérifié le record pour la catégorie des plus de 50 ans : 2,01 mètres et il y a quelques jours à peine, sans préparation particulière, avec une combinaison de sport et sans les meilleures conditions du terrain, j’ai sauté de 1,80 m.
Ils ont relevé la barre et j’ai dû m’arrêter là, mais je sais que je peux obtenir un peu plus. "

Les confidences de Soto ont duré plus d’une heure et nous souhaitions tous beaucoup plus.

Un coup de téléphone de la famille mit, sans le vouloir, fin à un après-midi de découvertes et d’histoire.

"Bientôt, nous nous verrons et parlerons du temps où j’ai sauté 2,50 mètres en séance d’entraînement ..."

Javier Sotomayor a la fédération cubaine d’athlétisme