Les défis actuels de la culture cubaine

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L’Union des écrivains et des artistes de Cuba (UNEAC) défend les espaces de liberté pour la création artistique et littéraire.

Elle œuvre chaque jour en faveur de l’unité des intellectuels et des artistes et canalise leur participation active, critique et engagée dans la construction de notre socialisme.

Un article de Miguel Barnet, écrivain, poète, essayiste et ethnologue, Président d’Honneur de l’UNEAC et de la Fondation Fernando Ortiz.

[…] Une profonde réflexion collective a été menée entre nous sur les défis auxquels la culture cubaine doit faire face à l’heure actuelle, lesquels sont étroitement liés à ceux auxquels la Révolution est confrontée aujourd’hui. Plusieurs questions essentielles ont été présentes à tous moments : comment pouvons-nous, écrivains et artistes regroupés au sein de l’Union des écrivains et des artistes de Cuba (UNEAC), apporter davantage d’aide à notre pays dans cette conjoncture ?

 I

Comment contribuer de façon plus active à l’amélioration de notre politique culturelle ? Comment combattre plus efficacement les tentatives de division et l’impact de la vague de colonisation mondiale sur la société cubaine ? Quelles propositions pouvons-nous apporter qui nous rapprocheraient de la conquête de nouveaux espaces pour le développement de la vie spirituelle de la nation ?

Le gouvernement des États-Unis a ressuscité la doctrine Monroe et la philosophie du maccarthysme [...] Renverser la Révolution cubaine est l’une de ses principales obsessions [...]

[...] Nous, les écrivains et artistes cubains, avons toujours été les défenseurs de la cause de la Révolution sur toutes les scènes nationales et internationales. Le langage de l’art et de nos intellectuels est parvenu souvent jusque là où des diplomates et des représentants officiels du pays ne peuvent avoir accès. De nos jours, les circonstances exigent davantage de nous.

 II

Nous sommes engagés dans la vocation de résistance et de transformation révolutionnaire de notre société. L’héritage de la génération historique qui nous a conduits jusqu’ici se renforce et se multiplie. Raul, à la tête du Parti, est le dépositaire de la tradition émancipatrice qui nous convoque de façon permanente

[...] Nous, écrivains et artistes, avons le devoir d’aider depuis la création et la pensée à la concrétisation des aspirations du peuple cubain.

Nous sommes animés par l’intérêt d’être plus utiles et de renforcer un dialogue systématique, fructueux et proactif avec l’avant-garde politique et d’autres instances gouvernementales et de la société civile. Nous voulons contribuer avec davantage d’intelligence et de responsabilité à l’amélioration continue et à la mise en œuvre de notre politique culturelle et de ces secteurs qui sont indissociablement liés à la culture, tels que l’éducation, les sciences sociales et les médias.

 III

Les tentatives des ennemis de Cuba de créer une cinquième colonne intellectuelle contre la Révolution ont tourné court pendant toutes ces années et sont vouées à l’échec. Les quelques-uns qu’ils ont pu recruter ne signifient rien au sein du puissant mouvement culturel cubain, qui comprend également de nombreux créateurs de grande valeur résidant à l’étranger, engagés envers le destin de la nation.

 IV

L’Union des écrivains et des artistes de Cuba défend les espaces de liberté pour la création artistique et littéraire. Elle œuvre chaque jour en faveur de l’unité des intellectuels et des artistes et canalise leur participation active, critique et engagée dans la construction de notre socialisme.

Nous privilégions un dialogue franc et ouvert avec les institutions culturelles et nous reconnaissons comme fondamentale la présence d’une institutionnalité associée au talent, étrangère par essence au sectarisme et à la bureaucratie.

L’UNEAC accepte le rôle du marché national et international comme un moyen légitime de circulation de l’art, mais refuse de remettre entre les mains de la logique marchande l’établissement de hiérarchies artistiques et, dans son ensemble, la politique culturelle, qui ne saurait être privatisée.

L’art, de par sa nature, ne peut être réduit à des formules. Si nous aspirons à un art vivant, authentique, qui aborde les conflits et les contradictions, qui nous émeut et nous enrichit, depuis l’Uneac, nous devrons faire beaucoup plus pour protéger et stimuler le talent, combattre la facilité, le confort et la médiocrité, promouvoir de véritables propositions artistiques, encourager l’originalité, résoudre les carences et les faiblesses dans l’exercice de la critique et mettre avant tout les valeurs culturelles.

La politique culturelle de la Révolution qui, depuis sa gestation, a misé sur la démocratisation de l’accès à la culture, la défense de l’identité nationale et du patrimoine, a toujours pris en compte la participation des intellectuels et des artistes.

 V

Penser cette nation, qui s’est forgée dans une lutte soutenue contre le colonialisme et le néocolonialisme, contre les interventions et les ingérences, est un autre de nos grands et incontournables défis.

Prenant la parole lors du Congrès fondateur de l’UNEAC, son premier président, Nicolas Guillén, exigea de travailler en faveur d’une « culture qui nous donne notre propre caractère et notre propre esprit [...], une culture qui nous libère et qui nous exalte, qui distribue ensemble le pain et la rose, sans honte ni crainte ».

Si nous partageons l’idée que l’être humain est à la fois le sujet protagoniste et le principal bénéficiaire de notre société, et que nous le considérons comme porteur de la culture et de l’identité cubaine, tout ce que nous ferons à partir de la création et de la pensée devra rendre hommage à sa dignité, son égalité et sa liberté pleines.

Si nous souhaitons que chaque citoyen intègre dans son action quotidienne l’éthique de la solidarité, de l’humanisme, de la justice et de l’équité, et rejette et lutte contre le matérialisme vulgaire, les comportements marginaux, l’égoïsme, la discrimination et l’intolérance, nous devons prendre conscience que la culture est un terrain propice pour développer ces valeurs.

Lorsque Fidel, au Congrès de l’UNEAC de 1993, a appelé à sauver la culture, il n’évoquait pas de façon étriquée la protection des œuvres, des programmes et des institutions, mais la vie spirituelle des Cubains, inscrite dans des expressions et des valeurs culturelles. En effet, la culture est la première chose à sauver, car la culture, c’est l’imaginaire et la mémoire de la nation, le pivot de sa résistance et de son avenir.

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