Silvio RODRIGUEZ, le CHE et l’internationalisme

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Paroles prononcées par Silvio RODRIGUEZ lors de la remise du titre de Docteur Honoris Causa par l’Université Nationale de Cordoba, Argentine.

"Lors des différentes luttes d´émancipation de Cuba, des hommes de divers pays y ont toujours pris part : des Latino-américains, des Espagnols, des Polonais, des Chinois, des Nord-américains ; pour ses mérites, le Dominicain Máximo Gómez Báez est arrivé à être Général en Chef.
Postérieurement, comme en gratitude, des générations de Cubains ont participé à différentes prouesses dans certains pays du monde. Seulement durant les années 30, lors de la guerre civile espagnole, plus d’un millier de volontaires cubains ont combattu dans les brigades internationales.

Le Che a été la lucidité inspiratrice des actes, des poèmes et des chansons

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Mais après le triomphe de la Révolution, dans les années 60, l´idée d´être internationaliste a commencé à être comme une maximum à Cuba et pour être disposé à l’être on est arrivé à mesurer la qualité des hommes et des femmes. Il était même habituel que nous mettions par écrit notre disposition d´aller à n’importe quel point de la planète où la solidarité nous réclamerait.
Encore ainsi, initialement je ne comprenais pas très bien l´internationalisme. Jusqu´à l’âge de 20 ans je pensais que c´était un geste généreux, mais je n´étais pas totalement convaincu du fait de partir aider un autre pays, quand il restait tant à faire dans le notre.
Seulement quelques années avant, dans notre plus récente étape de libération, après une dure traversée depuis le Mexique jusqu´à Cuba, un argentin avait fait partie du noyau qui fonderait l’Armée Rebelle. Déjà dans la Sierra Maestra il commandait la seconde de guérilleros et il avait réalisé l´invasion de l’orient à l´occident de Cuba, à l´égal du légendaire Camilo Cienfuegos. Ensuite il avait été à la tête de la prise de l´importante ville de Santa Clara, une action qui a infligé une déroute significative à l´armée de la tyrannie. Cet argentin a fait partie du Gouvernement Révolutionnaire, il a été président de la Banque Nationale et Ministre des Industries. Il a en outre fondé une famille et il a eu plusieurs enfants à Cuba. Mais il a laissé toutes ses charges, y compris sa famille aimée, car il a été capable de sentir la gifle donnée à une autre personne, dans un autre lieu du monde sur sa joue, selon ses propres paroles.

Comprendre la dimension du sacrifice de cet homme, son idée de l´internationalisme comme acte suprême de solidarité, comme expression maximale de la condition humaine, a mû mes convictions.

En juin 1967, quand j’ai été démobilisé de mon service militaire, cet homme que ses compagnons cubains avaient affectueusement surnommé Che, se trouvait déjà en Bolivie dans une autre expérience internationaliste. Il lui restait à peine quatre mois de vie.

Sa mort, en octobre, a été une commotion dans mon pays, très spécialement pour les jeunes de ma génération. Ce fait, qui a aussi eu des répercussions universelles, a terminé de forger un archétype humain qui nous servirait comme boussole pendant des années. Cela a tant été que depuis lors, dans mes compositions, j’ai essayé d´expliquer les significations de son altruisme.

La première des chansons que j´ai composées motivé par le Che a été La era está pariendo un corazón. (L’ère accouche d’un coeur). Cette chanson, qui au début a suscité des polémiques pour l´utilisation du mot parir (accoucher), a fini par se convertir en un succès national, interprétée par l’extraordinaire Omara Portuondo. Curieusement, c’est aussi la première chanson de l’appelée Nueva Trova qui a transcendé les frontières de Cuba, quand Pino Solanas l´a incluse dans son important documentaire La Hora de los Hornos.

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