Pourquoi ne sommes-nous pas face à une nouvelle période spéciale ?

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Bien que la situation énergétique que connaît le pays, entre autres restrictions, pourrait laisser supposer un retour à une nouvelle période spéciale en temps de paix, comme les ennemis de la Révolution voudraient nous le faire croire

Cette certitude a été défendue et argumentée par le président cubain Miguel Diaz-Canel Bermudez.

"Si la population est confrontée à des pénuries, c’est bien à cause du gouvernement des États-Unis "


Nous disposons d’une stratégie de développement économique et social approuvée lors des deux derniers congrès du Parti communiste de Cuba. En outre, il y a la Conceptualisation du modèle et les bases pour l’élaboration du Plan national à l’horizon 2030, pour le développement à long terme de l’Île, a souligné le président du Conseil d’État et du Conseil des ministres.

En outre, dans le cadre d’un exercice démocratique et social, le pays a adopté cette année une nouvelle Constitution et, au mois d’octobre, les nouveaux postes du Gouvernement seront élus, conformément à cette Loi fondamentale, a-t-il ajouté.

Ce sont des démarches qui ont reçu l’appui majoritaire de la population et qui nous dotent d’une base programmatique pour le présent et pour l’avenir. Cuba n’est ni désemparée, ni isolée, a-t-il indiqué.

LES SECTEURS DE L’ÉCONOMIE CUBAINE RESTENT STABLES

Nous ne pouvons pas parler d’une nouvelle période spéciale tant que la base fondamentale du système énergétique du pays reste stable dans sa production, a affirmé le président cubain.

« L’industrie nationale garantit 40% du carburant du pays, une production qui permet le fonctionnement des centrales thermoélectriques de l’île », a-t-il dit.

Le tourisme maintient son dynamisme. Ce secteur continue d’accueillir les visiteurs dans les plus de 70 000 chambres que compte le pays, et les tensions financières n’ont pas empêché l’entrée des devises étrangères.

« Même si les États-Unis refusent à leurs propres citoyens le droit de se rendre à Cuba, notre pays reste une destination de choix pour les voyageurs de toutes nationalités », a rappelé Diaz-Canel.

Ce secteur a affiché des niveaux stables au cours des dernières années, malgré la légère baisse causée par l’interdiction faite par l’administration Trump aux navires de croisière à Cuba en provenance des États-Unis.

D’autre part, a assuré le président cubain, les principaux investisseurs cubains ne se sont pas retirés, pas plus que des alliés comme l’Union européenne, qui a proposé de défendre ses investisseurs dans cette région contre les sanctions imposées par les États-Unis à travers le blocus économique. La preuve en est qu’un tribunal européen a récemment rejeté une action en justice contre le groupe hôtelier Melia Hotels International.

Lors de la dernière Foire du tourisme, a-t-il précisé, « nous avons rencontré des hommes d’affaires de différentes parties du monde, y compris des États-Unis, ce qui prouve que Cuba entretient un échange permanent ».

Le secteur des services médicaux et de la production de médicaments obtient lui aussi des revenus stables.

« L’industrie pharmaceutique a maintenu sa croissance depuis sa création, dans les années 1990, en pleine période spéciale. Ce ne sera pas différent aujourd’hui. Malgré la situation énergétique que nous traversons, ce secteur reste productif et poursuit ses exportations. Par ailleurs, nous avons dynamisé les investissements étrangers dans des productions telles que le nickel, le tabac et autres », a affirmé Diaz-Canel.

Selon le président, nous pouvons également compter aujourd’hui sur une économie plus diversifiée et dotée de meilleures capacités constructives, ce qui constitue une force. Nous entretenons aussi des relations économiques avec le Venezuela, la Russie, l’Union européenne et plusieurs autres pays.

Il a rappelé que ces dernières semaines, le ministre canadien des Affaires étrangères, des représentants de l’Union européenne et du Vatican ont visité La Havane. Cuba n’est pas un pays isolé, a-t-il souligné, et c’est un pays salué avec respect et admiration dans le monde.

Selon Diaz-Canel, nous avons diversifié nos marchés. Avant, nous étions pratiquement dépendants du marché du sucre. Nous avons pu aussi nous appuyer sur les enseignements et les expériences tirés des moments les plus durs de la période spéciale et « notre victoire a démontré que oui, nous avons pu, oui, nous pouvons et nous pourrons toujours ! »

EN CAS DE SITUATION CONJONCTURELLE, DES MESURES CONJONCTURELLES

Une autre matrice d’opinion que les adversaires tentent de répandre est que cette situation conjoncturelle est due au manque de gestion et à l’incapacité du gouvernement.

Nous avons beaucoup de choses à régler, a reconnu Diaz-Canel, mais cette situation particulière n’a rien à voir avec nous. Il s’agit de mesures arbitraires de la part des États-Unis. Des mesures qui portent préjudice à notre population, et ils tentent vendre l’idée selon laquelle, depuis le Nord, ils veulent aider le peuple cubain. Si la population est confrontée à des pénuries, c’est bien à cause du gouvernement des États-Unis.

Le gouvernement cubain, a-t-il dit, déploie des efforts pour améliorer la situation du peuple, comme en témoignent toutes les mesures qui, en ce sens, ont été mises en œuvre, malgré les limitations.

Il a mentionné l’augmentation des salaires, la relance de certains secteurs de l’économique, l’amélioration du transport ferroviaire, l’adoption de mesures pour éviter l’augmentation des prix des produits, la préparation de la rentrée scolaire, la gestion des désapprovisionnements alimentaires dans les premiers mois et la minimisation des dommages sur la production d’électricité.

Toutes les mesures mises en œuvre pour régler ces problèmes ont porté leurs fruits, a-t-il souligné.

Toutefois, a-t-il dit, en dépit des efforts déployés, nous ne sommes pas parvenus à faire venir ces jours-ci des pétroliers pour faire la jonction, et la connexion nécessaire avec d’autres. Face à cette situation, nous devrons faire face à deux moments importants.

Le premier, a-t-il dit, est celui que nous vivons et qui durera jusqu’au 14 septembre, puisque le carburant n’arrivera pas avant cette date. Nous devons travailler à des mesures d’ajustement et d’économie pour atténuer ce contretemps, mais le 14, a-t-il souligné, un navire pétrolier nous arrivera. Les prochaines livraisons sont attendues pour la fin septembre.

« Par conséquent, nous devons maintenir des mesures d’économie et d’efficacité pour que ce carburant dure jusqu’à la fin du mois, étape durant laquelle l’entrée des autres navires est prévue, ce qui nous permettra de stabiliser la situation ».

Le président a signalé que les contrats pour le mois d’octobre sont déjà négociés.

« Les prochaines livraisons arriveront fin septembre, ce qui signifie que nous devons économiser. La bonne nouvelle, c’est que tous les contrats dont nous avons besoin pour garantir le mois d’octobre sont négociés, si bien que nous continuons à travailler pour améliorer la situation d’aujourd’hui jusqu’au week-end », a-t-il précisé.

Ensuite, a-t-il dit, nous vivrons une étape plus confortable, mais nous devons continuer à prendre des mesures, même si la situation est conjoncturelle. « Nous devons en profiter pour mettre au point des stratégies et prendre conscience que cette situation peut se reproduire. C’est une sorte de test pour faire face à n’importe quelle situation, aussi complexe soit-elle ».

Cependant, a-t-il affirmé, il n’y a aucune situation d’alarme pour le moment, il n’y a pas de désapprovisionnements en produits. Nous ne sommes touchés que dans certains secteurs et nous devons appliquer des mesures d’économie.

En ce qui concerne les éventuels effets négatifs, le président cubain a souligné la distribution de certains produits, car elle dépend du transport, qui fonctionne avec du carburant diesel.

Pour ce qui est de la production d’électricité, il a fait remarquer que si nous parvenons à diminuer la demande aux heures de pointe, nous pourrons nous épargner les coupures d’électricité, mais nous devons économiser autant que possible.

De même, il a fait référence au plan énergétique qui sera communiqué à la population, avant de signaler qu’il est fort probable que nous n’aurons pas de problèmes avant dimanche, bien qu’il puisse y avoir certaines pannes.

Si nécessaire, a-t-il souligné, nous aurons un plan d’information sur les coupures d’électricité, qui ne seront jamais aussi intenses que pendant la période spéciale.

Selon lui, les actions qui ont été menées ont permis d’atténuer l’impact négatif de ce scénario, mais nous devons être conscients qu’il peut se répéter en raison de l’agressivité des États-Unis à l’égard de la Révolution.