Une expérience digne de se généraliser

Partager cet article facebook linkedin email

Des zones industrielles productrices de denrées alimentaires.
En phase avec la protestation brandie face au durcissement du blocus économique du gouvernement des États-Unis, un projet s’est fait jour qui fonctionne de manière expérimentale. En n’utilisant ni combustible ni électricité, il produit aujourd’hui de façon artisanale 23 sortes d’aliments traditionnels.

Plus de 17 000 cornets à glaces sont fabriqués quotidiennement - Photo : Eduardo Palomares

Santiago de Cuba – Patria, tel est le nom de l’avenue où l’on pourrait dire qu’est niché le site producteur de denrées alimentaires créé dans cette ville, étant donné que le fait de pouvoir garantir à la population un large choix dans les circonstances actuelles s’avère une expérience digne de se généraliser dans le pays.

La découverte de ses potentialités a suffi pour que Miguel Díaz-Canel Bermúdez, l’actuel président des conseils d’État et des ministres, affirme, en évaluant les mesures destinées à assurer les services de base sur le territoire, que cette initiative menée à quinze parmi les communes et districts de la province de Santiago revient à ce qu’on peut appeler « réfléchir en tant que nation ».

En phase avec cette protestation brandie face au durcissement du blocus économique, commercial et financier du gouvernement des États-Unis, le projet apparu en mars de manière expérimentale pour les temps de guerre et de désastres naturels fonctionne puisque, en n’utilisant ni combustible ni électricité, il produit aujourd’hui de façon artisanale 23 sortes d’aliments traditionnels.

DES RÊVES À GRANDE ÉCHELLE

C’est le premier secrétaire du Parti dans la province, Lázaro Expósito Canto, à l’origine de cette idée et son meilleur promoteur, qui affirme qu’un aussi noble objectif parti de zéro permet de rêver à grande échelle, en proposant ainsi à la population une quantité toujours plus grande de produits traditionnels ou nouveaux, et dans les mêmes conditions que celles connues autrefois par les familles cubaines.

Tout a commencé en tirant parti de locaux sous-utilisés de la fabrique de cornets à glaces, propriété de l’industrie alimentaire, où ont été aménagées les aires de production des biscuits salés, des biscuits aromatisés, des biscuits Cristina et de ceux cent pour cent à base de riz, ainsi que des bonbons cristallisés, des milk-shake, des sucres d’orge et des sucettes pirulí(1).

C’est là aussi qu’ont été fabriqués les petits pains et les gâteaux,les tartes à la farine de maïs, les pâtes cubaines, la mayonnaise, les boissons rafraîchissantes, les sirops, les chips de yucca, le pinol (2), les cacahuètes grillées, le prú (3), le vinaigre, le vin doux, le vin sec, les liqueurs, le guarapo (4) et les gaufrettes, l’ensemble, à l’exception de ces deux derniers et des biscuits de riz, ayantpourqualité essentielle de ne pas nécessiter de combustible.

Selon l’administrateur général Gumersindo Fernández Reyes, le plus important est l’état d’esprit du collectif, composé de soixante-quatre travailleurs hommes et femmes, quelques-uns ayant de l’expérience avecun bon nombre d’entre eux relativement jeunes, mais tous pourvus d’un enthousiasme qui ne connaît pas de missions impossibles et accordent une grande valeur au service rendu à la société.

Rey Michel Rivera Acosta, ouvrier stagiaire du secteur des biscuits, remercie grandement le maître de la spécialité, Yordenis Sarmiento Hechavarría, « parce qu’il n’a pas gardé de secrets dans le métier ; j’ai dix-neuf ans et j’étudie l’électricité dans une école polytechnique, mais je ne vais pas arrêter car je me sens très utile en produisant de la nourriture pour la population. »

Amoureuses du travail qui parfois se prolonge dans la nuit ou en fin de semaine, les jeunes cheffes d’équipe Indira Jardines Durán et Sayonara Destra de Castillo s’accordent à dire qu’en plus de permettre des économies de résidus de canne à sucre, de bois ou de charbon végétal dans les fours, elles ont pu fabriquer à la façon de leurs grands-mères ces choses si savoureuses.

Outre la qualité des produits, la population constate la belle présentation de l’emballage et sa qualité hygiénique – Photo : Eduardo Palomares

QUALITÉ ET ADHÉSION

Peut-être est-ce grâce à l’ajout de cet « ingrédient » apporté par l’amour avec lequel sont habituellement faites les productions artisanales et par le respect des normes établies pour les matières premières que tous les produits finissent assortis d’une qualité particulière qui est assurée de l’adhésion de la population sur les marchés « Ideales » et en d’autres lieux où ils sont vendus.

Les foires qui, chaque fin de semaine, se déroulent en centre-ville sur la Place de Mars peuvent représenter un bon thermomètre à cet égard car les productions des différents systèmes alimentaires se font concurrence dans des dizaines de stands. Selon la vendeuse Keyla Brea Rivero, tout ce qui est proposé est vendu le jour même, et il n’y a riend’étonnant à voir des files d’attente d’adultes et de jeunes.

C’est mus par cet intérêt que, il y a deux jours, Ronald Tamayo Hardy et Yaquelín Ferrer Holder ont patienté sous une averse pendant presqu’une heure parce que, « en plus de leur durée de conservation, les produits sont emballés, ils ont une belle présentation et un prix abordable,de telle sorte qu’il ne reste qu’à en assurer rapidement le transport. »

D’autres habitants de Santiago s’émerveillent en voyant un centre d’État qui propose des denrées toujours recherchées mais presque oubliées, telles la glace créole, la raspadura (5),la chambelona (6), les sucettes pirulí (1), les diverses sortes de turrón(7),les tartes à la farine de maïs et les sorbets, et lorsqu’on lui demande si cela va durer, Gumersindo Fernández Reyes répond que la zone industrielle s’est constituée pour demeurer et se développer en quantité et en qualité.

Pour l’assurer, on peut dire que la semaine dernière ont été ajoutés les petits biscuits Pelly, les palitroques(8) et cocotazos (9), qu’une petite entreprise de fruits et de légumes s’est installée, que les chaînes de fabrication des bonbons, des gâteaux et des pains se sont agrandies, qu’une chaîne d’aliments fumés sera montée et que l’on construit des structures organoponiques (10), et quetout celanon seulement élargit l’offre et les volumes de productionmais génère de nouveaux emplois.

L’objectif principal est de passer de 23 produits à environ 80 à la fin de l’année, et ensuite de rassembler les exigences pour transformer ce qui peut actuellement s’appeler Polygone Patria en une entreprise qui engloberait, outre le niveau de la province, les zones industrielles municipales et districales, lesquelles après avis du conseil populaire sur les productions tiennent compte des ressources locales.

Dans le contexte

● Le leader historique de la Révolution, Fidel Castro Ruz, a souligné l’importance de la production pour le pays : « L’unique chemin permettant d’améliorer le niveau de vie passe par celui de l’augmentation de la production. Et le chemin de l’augmentation de la production passe par l’accroissement de la productivité. Et c’est avec la technique et l’organisation que l’on augmente la productivité. »

● En mars 2019, lors d’une réunion des présidents des assemblées provinciales du Pouvoir populaire dans le pays, présidée par Miguel Díaz-Canel Bermúdez, l’importance du programme d’autosuffisance municipale pour la sécurité et la souveraineté alimentaires a été mise en évidence.

● En ce qui concerne les zones industrielles qui produisent des aliments de façon artisanale, avec un minimum d’électricité et aucun carburant à Santiago de Cuba, le président Miguel Díaz-Canel s’est récemment exprimé : « C’est ainsi que se conçoit Cuba, car vous en avez déjà une dans chaque municipalité. Quand le conseil populaire s’appuiera dessus, ce sera pareil à la production locale de matériaux de construction, c’est-à-dire que chaque lieu pourra disposer de ce qu’il sera en mesure d’élaborer et c’est ainsi qu’on va fournir des tonnes d’aliments avec un minimum de ressources importées. »

1. Sucettes allongées à base de sucre blanc et de citron [NDT].
2. Maïs moulu avec du sucre et un peu de cannelle [NDT].
3. Boisson fermentée à base de racines et de sucre brun [NDT].
4. Jus de canne à sucre [NDT].
5. Sucrerie à base de jus de canne à sucre brun [NDT].
6. Sorte de sucette [NDT].
7. Confiserie à base de miel, de sucre, de blanc d’œuf et d’amandes entières ou pilées[NDT].
8. Petits pains croustillants [NDT].
9. Petits pains ronds salés [NDT].
10. Exploitations maraîchères urbaines en agriculture écologique, sur des parcelles surélevées par rapport au sol [NDT].