16 novembre : anniversaire de la fondation de La Havane

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A l’occasion du 500ème anniversaire de la fondation de la ville de La Havane, nous publions un article paru en 2014 dans la revue WHAT’S ON LA HAVANE, LE MEILLEUR GUIDE CULTUREL MENSUEL DE VOYAGE À LA HAVANE (C’est la revue qui le dit !) et décrivant une pratique traditionnelle que l’on pourrait qualifier de religio-cuturelle (ou culturo-religieuse) et qui se déroule autour du Templete et de l’arbre fromager, point de départ de la construction de la ville, tout près de la Place d’Armes où l’on trouve aussi le Palais des Capitaines Généraux, un joli parc rafraîchissant les jours de grande chaleur, le musée situé à l’intérieur de la forteresse de la Real Fuerza (Force Royale), un peu plus loin, la Cathédrale et sa place et de là, la charmante promenade dans la vieille Havane (Habana Vieja).

La Havane, 15 novembre. Des centaines de personnes attendent devant l’ancien Palacio de los Capitanes Generales (aujourd’hui musée de la Ville), le départ d’une procession singulière. Des jeunes souriants et des personnes âgées solennelles, des couples accompagnés de leurs enfants, des grands-parents avec leurs petits-enfants, des amoureux et des cœurs solitaires y font partie. Beaucoup d’entre eux portent des habits de tous les jours et d’autres, des habits de gala, voire des vêtements neufs.

Il est dix-huit heures et le tintement des cloches du Castillo de La Real Fuerza annonce le début de la cérémonie. Précédé des enfants d’écoles voisines qui portent les masses d’argent d’origine du conseil municipal havanais, et accompagné par un groupe de collaborateurs, Eusebio Leal Spengler, Historien de la ville de La Havane, sort du Palacio de los Capitanes Generales. Une voix se fait entendre : « Voilà Leal qui arrive ! » Les gens qui y attendaient depuis des heures se joignent à la procession et traversent la Plaza de Armas pour se rendre ensuite au Templete.
Comme d’habitude, l’art oratoire de Leal captive les gens. Mais l’historien qui est, depuis des années, à la tête de la procession, sait que quelques-uns s’impatientent. Aussi, est-il concis. Il rappelle au public que La Havane fêtera dans quelques années le 500e anniversaire de sa fondation. Les Havanais se réjouissent d’être ici maintenant pour célébrer la naissance du bourg de San Cristóbal de La Havane.
En faisant allusion à la tradition de faire trois fois le tour du fromager, Leal a exprimé : « Oui, il faut faire le tour de l’arbre et demander au temps de nous aider ; nous devons nous réconcilier avec le temps, tout en sachant que pour accéder au futur il faut nécessairement prendre le passé comme point de départ.

À la seule mention du fromager, qui évoque celui qui y existait au XVIe siècle et à l’ombre duquel la première messe a été célébrée, un frisson parcourt la longue file de gens, qui pressentent que la procession va bientôt commencer. Leal, lui, est le premier à faire trois fois le tour de l’arbre et à jeter une pièce de monnaie à chaque tour. L’Historien invite alors le public à faire autant. C’est ainsi que débute un rituel qui se prolonge pendant toute la nuit, l’aube et le matin du 16 novembre.
La tradition dit qu’il faut faire le tour en gardant un silence absolu et qu’il ne faut pas du tout révéler le souhait que l’on va formuler, mais il est pratiquement impossible pour un Cubain d’attendre tant de temps sans dire un mot. Des personnes qui ne se sont jamais rencontrées échangent leurs vœux : guérisons de maladies propres ou d’autrui, dénouement heureux d’un amour contrarié, prospérité dans les affaires, réussite dans les démarches prolongées d’immigration, succès dans les traitements de l’infertilité, bons résultats aux examens d’admission dans l’université, rencontre avec le prince charmant…Il y en a d’autres plus pragmatiques qui répètent tout simplement l’habituelle phrase des Espagnols : « santé et prospérité ».

On ignore en réalité les détails du rituel. Personne ne sait avec certitude si l’on répète le même vœu pendant les trois tours ou si l’on formule un vœu différent à chaque tour ou s’il faut jeter une monnaie à chaque tour ou s’il en faut jeter une ou plusieurs à la fin. Le montant à verser n’est pas non plus défini. La circulation de deux monnaies dans l’île pose de nouvelles inquiétudes. L’offrande, doit-on la donner en monnaie nationale ou en pesos convertibles ? D’aucuns s’interrogent sur le sort de l’argent ainsi jeté au pied de l’arbre ; or, comme on le sait, il est consacré aux ouvrages de restauration de la ville.

Et les heures s’écoulent ainsi entre commentaires, questions et hypothèses… La levée du jour s’empare de la ville et la file d’attente ne cesse pas de se nourrir des travailleurs qui s’y rendent avant de s’incorporer à leurs tâches habituelles : aux écoles, aux banques, aux magasins, aux bureaux… De toutes façons, ils préfèrent consacrer un peu de leur temps pour assurer la bonne chance jusqu’au prochain anniversaire de la ville.

Commentaire supplémentaire publié par la revue de parution de l’article :

Novembre 2014. Cet article fait partie du numéro de Août 2014 de WHAT’S ON LA HAVANE, LE MEILLEUR GUIDE CULTUREL MENSUEL DE VOYAGE À LA HAVANE Téléchargez notre dernier numéro de What’s On La Havane, le guide de voyages, de culture et de loisirs le plus complet sur tout ce qui se passe à La Havane, la mystérieuse et grouillante capitale de Cuba. Nous incluons des articles provenant de tous les coins de Cuba écrits par les meilleurs auteurs internationaux de voyage et de culture spécialisés sur Cuba. Notre revue digitale mensuelle en ligne peut aussi être consultée en anglais et en espagnol.