La ceinture de La Havane

Le rempart de la Vieille Havane

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Granma nous propose en images la Muraille de La Havane qui faisait partie du système de fortifications créé pour protéger la Ville de San Cristobal de La Habana.

Par José M. Correa Armas

Dans certaines parties du centre historique de La Havane on peut trouver des morceaux de murs qui paraissent ne pas avoir de raison d’être. En réalité, ces murs ou fragments font partie de ce qui fut un rempart en pierre et qui se serait étendu depuis La Punta (NdT : La Pointe, carrefour sur le Malecon face au Castillo del Morro-de l’autre côté de l’entrée de la baie- et où aboutit Le Prado qui sépare le Malecon de la vieille Havane de celui connu plus communément) jusqu’à l’Arsenal . Ce rempart comportait des bastions, des guérites et des portes, avec des ponts levis – deux au départ puis jusqu’à neuf.

Pourquoi construire une muraille à La Havane ?

Depuis l’origine, La Havane fut reconnue par sa situation géographique et les potentialités qu’elle avait pour le développement économique de l’île, comme c’est la cas pour son port, le plus important du pays pour être le centre de l’activité portuaire.

C’est pour cela qu’elle fut attaquée un nombre incalculable de fois par des corsaires et des pirates qui mettaient en danger la vie des péninsulaires (NdT : les espagnols de la péninsule ibérique) et les richesses que la couronne emmagasinait dans la ville. Ses fortifications étaient rendues indispensables par ses ouvrages d’architecture militaire qui permettraient de sauvegarder la florissante cité. Dès lors, les forteresses de La Fuerza, La Punta, El Morro, La Cabaña et les tourelles de Cojimar, La Chorrera et San Lazaro furent construites.

Toutefois, la ville restait vulnérable et dès 1603 exista un projet de création d’une muraille pour éviter l’accès des ennemis par l’intérieur des terres.

La partie des terres était la côte nue, spécialement la partie boisée qui deviendra plus tard le Vedado et qui s’interposait entre la mer et la cité. L’étude de l’édification des fortifications a révélé que le coût de réalisation aurait été de 207 375 ducats et prévu initialement pour s’étaler sur trois ans.

Cette muraille devait s’étendre depuis le quartier de Campeche jusqu’à La Punta, avec quatre pieds d’épaisseur et huit de hauteur, à quoi devaient s’ajouter trois pieds additionnels en grosses briques mais rien de tout cela ne fut mené à terme compte tenu des nombreuses complications bureaucratiques et le manque de fonds dont se justifie l’Espagne.

Par conséquent on élabore d’autres propositions comme d’élever un rempart en bois et entourer la ville de fossés remplis d’eau comme pour les châteaux médiévaux. La première proposition fut rapidement rejetée car le rempart serait facilement détruit par le feu et la deuxième car peu pratique et deviendrait un problème sanitaire pour la ville.

Ces plans ne progressent pas et restent pratiquement dans l’oubli pendant plusieurs années jusqu’à ce que surviennent des faits divers entre l’Espagne et des puissances de l’époque comme l’Angleterre et la Hollande. Ces faits exigeaient que la Couronne porte plus d’attention quant à la protection de ses possessions d’outre mer et c’est pourquoi le roi d’Espagne ordonna en 1667 de fortifier davantage La Havane.
On commença la construction de la muraille sous le gouvernement de Francisco Rodriguez de Lesdema le 3 janvier 1671 et fut terminée presque un siècle plus tard. La portion qui était construite sur la partie « terre » fut donnée pour terminée en 1698 mais ne fut complétée par la partie qui rejoignait la baie qu’en 1740, soit 137 ans après que naisse l’idée de sa construction à un coût de trois millions de pesos.

Diagramme de la muraille.

Sa longueur était d’environ 4892 mètres et avait, en moyenne 1,40 mètre d’épaisseur et 10 de hauteur, comptait une garnison de 3400 hommes et 180 pièces d’artillerie. Ces murailles devinrent un élément caractéristique de la ville.
AU début, on comptait deux portes : La Porte de la Muraille (appelée postérieurement Porte de Terre) et la Porte de la Punta. On en ouvrit d’autres ensuite, certaines seront remplacées comme celle de la Tenaza (NdT : Porte « de la Tenaille ») qui fut remplacée par celle de l’Arsenal.

En général, elle comporta jusqu’à neuf portes actives, entre autre celles de Monserrate, de Luz, de San José et celle de Jesùs Maria. Tout ce qui était dans l’espace appelé intramuros était le siège préféré des péninsulaires alors que le reste extramuros, était habité principalment par ceux que l’on appelle les indigènes du pays ou créoles.

Avec les années, cette construction suivit la répartition de la ville et pendant que se développaient plus d’activités et d’installations à l’extérieur, l’existence de la muraille était moins nécessaire.

En 1863 commença sa démolition par le grand mur des portes de Monserrate et c’est au début du XXème siècle qu’elle culmine. Actuellement on conserve les restes de la muraille qui attestent les caractéristiques et le tracé de cette importante construction du système défensif de La Havane qui, selon les spécialistes n’eut jamais une réelle utilité. Elle n’a jamais dû affronter un siège ni contenir de vraies machines d’assaut. L’unique occasion au cours de laquelle cela eut été possible, ce fut lors de la prise de La Havane par les Anglais, l’ennemi astucieux évitant l’enceinte de pierre et pénétrant dans la ville par la colline non protégée de La Cabaña.

Tradition centenaire associée à la muraille.

Actuellement, comme tradition centenaire, le canon tonne au cours de chaque nuit havanaise. Cela se déroule à 21 heures, dans une mise en scène qui, dans la forteresse même de La Cabaña, recrée l’époque où l’on annonçait ainsi la fermeture des portes de la muraille.

Des fouilles ultérieures menées à terme par le bureau de l’historien sont venues montrer ce que fut la ceinture de La Havane.

Bien qu’il eût une vie utile de 123 ans, il reste aujourd’hui quelques vestiges épars dans la partie ancienne de la capitale, le plus grand étant la Porte de la Tenaza qui se trouve à Egidoy Desamparados ou prédomine un lien de la mole.

En 1863, sa démolition a commencé par l’effondrement du grand mur vers les Portes de Monserrate et le point culminant ne sera pas atteint avant le début du XXème siècle.

Ces batteries étaient situées à droite du canal et en position plus basse que les autres pièces d’artillerie.

De gros canons de différents calibres faisaient partie du système de défense de La Havane, les uns pointés sur la mer et d’autres vers l’entrée de la baie et le fond du port.

Le château de San Salvador de la punta, connu communément sous le nom de La Punta ou Château de la Punta. Il se dresse à l’entrée du port de La Havane et fait partie du premier système de défense de La Havane. De là partait le périmètre du grand mur de pierre vers l’intérieur des terres.

Porte de la Tenaza qui fut remplacée par celle de l’Arsenal, l’un des tronçons les plus grands qui reste encore, témoin muet de ce qui fut l’ouvrage le plus coûteux et inutile que réalisa le gouvernement colonial à Cuba.

Un tronçon de ce qui fut le corps de garde de la Porte Nouvelle, face à la gare centrale de chemins de fer, dans la rue Egido.

Pour entrer et sortir de la ville fortifiée, on créa neuf portes, certaines avec un pont-levis et qui étaient ouvertes à quatre heures trente du matin et fermaient à huit heures du soir, sous des tirs de canons depuis la Forteresse de San Carlos de la Cabaña.

La Tourelle de saint Lazare ou Tourelle de la Baie. Elle fut construite avec l’objectif de maintenir une vigilance d’un point où, compte tenu de la géographie du terrain, celle-ci ne pouvait se faire depuis les forteresses de La Havane.

Face au Musée de la Révolution, au croisement de l’Avenue des Missions et et de la rue Refugio, il est possible d’observer ce que des siècles auparavant fut le Bastion de l’Ange.

Diagramme de la Muraille. Son longueur était de 4892 mètres, elle avait une épaisseur de 1,40 mètre et une hauteur de 10 mètres en moyenne.

Elle faisait partie du système de fortifications de la cité dans le but d’empêcher les attaques de corsaires et pirates qui croisaient dans les eaux des Caraïbes à la recherche des trésors que la Métropole espagnole accumulait là.

Autres vestiges de la Muraille : les guérites de la Maestranza, proches de l’Avenue du Port et du Séminaire de San Carlos et San Ambrosio. On remarque les restes de l’enceinte qui entourait les guérites, un large fossé et des signes d’un de ses bastions défensifs.

Disséminés en divers endroits de l’ancienne ville comme témoins de l’histoire, les vestiges de cette imposante barrière de pierre surprennent encore.

Aujourd’hui, les remparts sont un sujet d’intérêt pour les visiteurs et les habitants, principalemnt dans le tronçon compris entre l’Avenue du port et la rue Cuba et qui a été très bien restauré par le Bureau de l’Historien.

Petites tours qui servaient de point d’observation à la vigie de garde.

Bastion de la Chorrera : Forteresse militaire espagnole inaugurée en 1646 et qui fit partie du système défensif de La Havane.