Le doc « Cuba, la révolution et le monde »

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Le doc « Cuba, la révolution et le monde »

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Posté par Michel Porcheron

Réalisateurs Delphine Jaudeau et Mick Gold / sur Arte, première diffusion le 3 décembre 2019 / Disponible jusqu’au 31/01/2020 sur Arte.tv (1H56)/


Ce programme est disponible en vidéo à la demande ou DVD.

https://www.arte.tv/fr/videos/082188-001-A/cuba-la-revolution-et-le-monde-1-2/

A Télérama « On aime beaucoup » 

« Un documentaire magistral »

La critique de Marie Cailletet

Lorsque, quelques jours avant l’investiture de Donald Trump, le conseiller diplomatique d’Obama rencontre Raúl Castro à La Havane, souhaitant que le nouveau président américain entérine l’embellie des relations entre leurs deux pays, ce dernier s’amuse : « Vous savez, il y a eu un général soviétique qui pouvait lancer des missiles nucléaires depuis notre sol alors que j’étais ministre de la Défense, menaçant d’aboutir à la destruction de Cuba. Vous voyez, j’ai eu à gérer des choses plus compliquées que Trump. »

Une pirouette autoréalisatrice ? Pas vraiment… plutôt la rude expérience de l’exercice du pouvoir, aux côtés de son frère, Fidel, dans un pays qui chercha tout à la fois à exporter son modèle de révolution, à s’affranchir de la tutelle soviétique, à contourner les effets dévastateurs de l’embargo américain.

C’est donc à la politique étrangère de l’île depuis plus de cinquante ans que s’attache le film.

Fidèle à la touche Percy/Lapping, les réalisateurs entrecroisent les propos des dirigeants, des membres de service de renseignement, des diplomates, éclairant avec brio les coulisses des stratégies, les tractations secrètes.

Quoique déjà en partie arpentée par Cuba, une odyssée africaine, de Jihan El-Tahri, ou Cuba, année zéro, de Xavier Villetard, la ­séquence, qui se clôt en 1991 avec l’éclatement de l’URSS, fourmille de savoureuses anecdotes et d’archives somptueuses, parfois inédites.

Le second volet met en scène le repositionnement de Cuba, désormais privé de son principal soutien économique, contraint de se chercher d’autres alliés. Rompant avec la lutte ­armée, Castro fait de ses médecins et de ses enseignants les nouveaux vecteurs de sa révolution. Rôle joué par Castro lors du putsch contre le président vénézuélien Chávez, tentatives de Clinton puis d’Obama pour assouplir l’embargo… l’histoire diplomatique haletante s’écrit sous nos yeux.

Ce qu’en dit Le Monde :

« Soixante ans de diplomatie cubaine décryptés »

« Mike Gold et Delphine Jaudeau expliquent pourquoi la politique extérieure de Fidel Castro n’a cessé de déconcerter alliés comme adversaires. »

Par Alain Constant

https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/12/03/cuba-la-revolution-et-le-monde-soixante-ans-de-diplomatie-cubaine-decryptes_6021534_3246.html

Sous le titre « La Longue route de Cuba », Le Figaro (Francois Bèle) écrit notamment :

(…) Le premier volet, « Les combattants » raconte comment, après avoir été trahi par Khrouchtchev dans l’affaire des missiles nucléaires, Fidel Castro a choisi la stratégie de l’exportation de la révolution cubaine. Il noua des liens étroits avec les pays non alignés et n’hésita pas à participer ou à financer des conflits extérieurs, comme en Algérie, en Angola, en Bolivie ou au Salvador. Le guérillero salvadorien Joaquin Villalobos rappelle comment il fut reçu par le Leader maximo et comment, lui demandant 950.000 dollars, il « (lui) donna exactement la somme qu’(il) demandait ».

Mais quand Villalobos accepte de négocier pour sortir son pays du conflit, les contacts cessent immédiatement, car « pour Fidel, c’était un reniement. Une fois la guerre finie, je n’ai plus eu de contacts avec Fidel. Il aimait seulement ceux qui font la guerre ». Le récit reprend parfois un peu trop largement la phraséologie castriste présentant Batista comme « un tenancier du bordel qu’était devenu Cuba sous le joug des États-Unis et de la mafia américaine ».

Le second volet, titré « Les diplomates » est plus intéressant. Les auteurs ont réussi à interroger des témoins directs de la plupart des épisodes diplomatiques qui ont marqué l’après- guerre froide.

La parole de Clinton

Ainsi Bill Clinton raconte dans le détail comment il a négocié avec Fidel Castro une solution à l’afflux de réfugiés cubains qui déferlaient sur les côtes de Floride au début des années 1990.

Le président mexicain de l’époque, Carlos Salinas de Gortari, détaille comment d’un coup de téléphone, Bill Clinton lui a demandé de l’aider à entrer en contact avec Fidel Castro.

Le président américain voulait un accord avec Fidel Castro pour que celui-ci stoppe le flux de balseros, ces malheureux qui prenaient la mer sur des embarcations de fortune pour quitter l’île castriste. Dans un premier temps, selon l’ancien président mexicain, Fidel veut discuter en même temps des réfugiés et du blocus. Bill Clinton explique que la période électorale ne lui permet pas de discuter du blocus, mais qu’il s’engageait à en discuter ensuite, une fois la question des balseros « arrangée ».

Très réticent au début, Fidel finit par rappeler Carlos Salinas : « Il m’a dit : j’accepte la proposition de Clinton et je fais confiance à sa parole. » Salinas informe Clinton qui lui demande : « C’est tout ? - C’est tout. »

Bill Clinton raconte lui-même qu’il n’a pas pu respecter sa parole, après que deux avions de dissidents cubains ont été abattus au-dessus de La Havane. Pour un début de levée du blocus et le rétablissement des relations diplomatiques, il faudra attendre les déclarations télévisées simultanées de Barack Obama et de Raul Castro en décembre 2014. Une avancée que Donald Trump annulera.

Signalons enfin, à 22hS0, la diffusion d’un autre documentaire inédit, teinté d’ironie, signé Frédéric Compain. Ce film, intitulé Cuba, un aller et un retour, revient sur « la caravane de la liberté » menée par Fidel Castro en 1959. ■

(mp)