Sport cubain : des raisons d’être reconnaissants mais pas complaisants

Dialogue avec le Président de l’Inder, Osvaldo Vento Montiller, au dernier jour de 2019

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par Roberto Ramírez
Publié in JIT le mercredi 1er janvier 2020

La Havane - Maintenir Cuba parmi les 20 pays à l’avant-garde des Jeux Olympiques de Tokyo sera le grand défi que devra affronter l’Institut National des Sports, de l’Education Physique et des Loisirs (Inder) durant l’année qui commence aujourd’hui.
Ce but, exigeant en lui- même, l’est encore plus avec les coups portés par le Blocus Economique, Commercial et Financier imposé par le gouvernement américain, un obstacle qui nous limite dans tous les domaines et exige le maximum de créativité.

« Elle s’impose comme jamais avant de faire appel à l’intelligence collective, à l’apport de tous, au sentiment d’appartenance et à l’utilisation des ressources potentielles sur lesquelles nous comptons, synonyme de penser comme pays, dit à ce sujet le Président de l’Inder, Osvaldo Vento Montiller.

Dans son dialogue avec JIT, il évoqua les pas importants accomplis au cours de l’année 2019 et s’est dit également convaincu qu’on travaille pour une bonne participation aux Jeux Paralympiques de la capitale japonaise.

« Au- delà des événements mêmes, cela montre clairement que nos compatriotes nous suivent, mais surtout qu’à Cuba le sport est un droit et un devoir du peuple, affirma Vento en insistant sur la vision unificatrice qui va au-delà des médailles.

A suivre l’entretien donné à la fin de son habituel parcours dans la Cité Sportive...

Quelles actions retenir de l’année écoulée ?

Cette année nous avons avancé dans le processus de perfectionnement du système sportif cubain, depuis la base, en y incluant toutes ses structures. Se détache la récupération d’installations, ce qui laissa des traces positives dans tout le pays, avec un impact tout particulier à La Havane, à partir de la large implication de l’Inder dans les actions menées pour le 500ème anniversaire, notamment dans la Cité Sportive et le Stade Latino-américain.

Cela fut fait tout en améliorant les liens avec les provinces et la Municipalité Spéciale de l’Ile de la Jeunesse, travail qui franchit un pas supplémentaire avec les visites du Président de la République, intégrées dans son système de travail.
Parlons de la formation des ressources humaines...

Nous avons soutenu une solide alliance avec l’Université des Sciences de la Culture Physique et Sportive Manuel Fajardo et ses facultés de provinces qui, comme vous le savez, sont passées au Ministère de l’Enseignement Supérieur. Nous continuons à prêter grande attention aux Eide et aux Epef, disons aux matières enseignées, aux conditions de vie et à l’entraînement, ainsi qu’à la qualité des professeurs.

En même temps on a continué à mettre l’accent sur l’activité scientifique, assurée particulièrement par des entités comme Le Centre de Recherches du Sport Cubain( CIDC), l’Institut de Médecine du Sport(IMD) , le Laboratoire anti-dopage et le Centre d’Information pour le Sport Cubain (CRIDC).

En outre, nous jugeons positive la Convention Internationale d’Activité Physique et Sportive (Afide 2019) et nous nous réjouissons des avancées de la Tarea Vida (N.d.T plan face au changement climatique).

Le Laboratoire anti-dopage, il continue à s’ériger comme un modèle...

Malgré les limites dues au Blocus, mais grâce à la volonté politique du pays et au dévouement de son personnel il a soutenu son accréditation devant l’Agence mondiale antidopage (WADA, sigles en anglais) et éleva à cinq mille les tests réalisés dont quatre mille venaient de l’extérieur.

De plus, le travail de la Brigade Nationale Antidopage fut renforcé, conformément à la philosophie du jeu propre impulsée par le Commandant en Chef Fidel Castro Ruz comme caractéristique de notre développement sportif.

En interne , que distingueriez-vous ?

L’intégrité à laquelle nous sommes appelés et notre propre processus de Perfectionnement nous a conduit à faire des efforts pour organiser et systématiser la plate-forme juridique de l’organisme et la convertir en outils de travail pour les cadres à tous les niveaux.

Il en fut de même avec le travail effectué pour contrôler les ressources matérielles et financières, et pour rénover le système d’inspection et le contrôle de la base, ce qui se traduit par un travail plus étroit avec les municipalités et les provinces.
Le sport à la base ?

Nous continuons à travailler au perfectionnement de l’éducation physique à tous les niveaux. Les efforts déployés pour sauver les installations touchèrent celles qui existent dans les écoles. On a avancé aussi sur le programme national pour la sauvegarde des festivals sportifs dans chaque localité. On a aussi soutenu les programmes de promotion de la santé et d’attention aux différentes tranches d’âges.
D’autre part, on a respecté grandement le calendrier sportif du pays, particulièrement pour les jeux scolaires et de la jeunesse, ainsi que la plupart des championnats nationaux. Le projet Marabana-Maracuba a développé un large programme événementiel et a obtenu des records de participation au Marathon de La Havane le 10 novembre.

Cela veut-il dire que nous sommes satisfaits ?

Bien sûr que non. Cela ne sera jamais suffisant tant que subsisteront des problèmes comme le manque de matériels, le non- respect des horaires consacrés à l’activité physique dans les centres scolaires ou si la qualité du cours d’éducation physique laisse à désirer.

Comment se projette l’Inder à l’international ?

Malgré le harcèlement des Etats-Unis, avec des manifestations extraterritoriales, on a continué à resserrer les liens avec des organisations sportives internationales, des fédérations et des entités équivalentes. Cette collaboration a conjugué des moments de dignité et de professionnalisme et on a maintenu la présence de techniciens dans divers pays.

L’organisme travaille à la création de son système entrepreneurial et à l’augmentation de ses revenus par l’exportation, au travers de projets évalués systématiquement avec le Ministère du Commerce Extérieur. Dans ce domaine nous avons besoin de plus de dynamisme et d’une projection plus contemporaine.
Dans cet optique , comment évaluer les contrats à l’extérieur ?

Nous avons insisté sur le fait qu’il s’agit d’un processus de perfectionnement, converti en apprentissage pour tous. Cette année a fourni les meilleurs exemples avec les joueurs de base-ball intégrés à la ligue professionnelle japonaise, en particulier Alfredo Despaigne, Yurisbel Gracial et Liván Moinelo, la cycliste Arlenis Sierra, les lutteurs qui combattent en Allemagne, les volleyeurs qui servent en Argentine et Italie, le basketteur Javier Justiz en Espagne et les handballeurs présents en Europe.

En même temps on a continué la politique qui permet aux athlètes de revenir dans le système du sport cubain, comme par exemple le volleyeur Robertlandy Simón.
L’Accord entre la FCB (fédération cubaine de base-ball) et la MLB (ligue majeure de base-ball - américaine) n’a pas pu être conclu.

Les fédérations et les avocats cubains et ceux de la ML.B firent tout leur possible pour concrétiser l’Accord et pour entreprendre sa mise en œuvre. On avançait dans la bonne direction, nous allions donner un coup certain au trafic d’athlètes, à la contrebande d’êtres humains. Mais les ennemis de la Révolution, et du sport, logiquement, influèrent sur la perfide décision de l’arrêter, prise par Donald Trump en avançant des arguments infâmes.

Abordons la haute compétition

Les jeux panaméricains de Lima furent l’engagement fondamental, affronté avec une délégation qui se distingua par sa discipline et son dévouement de chaque instant ; 20 sports apportèrent des médailles, neuf en or et trois médailles de plus qu’à Toronto en 1015.

La récente modification du tableau des classements, provoquée par des cas de dopage dans d’autres délégations, nous plaça à la sixième place avec une récolte de 33 médailles d’or , 28 d’argent et 39 de bronze. Un sentiment logique d’insatisfaction a prévalu mais il faut rappeler qu’ un certain nombre de pays plus développés se placèrent derrière.

Dans les jeux Parapanaméricains on a atteint la septième place avec 13 médailles d’or, 10 d’argent et 16 de bronze, obtenues avec une délégation d’à peine 33 athlètes, parmi lesquels 71, 7 pour cent monta sur le podium, preuve que primèrent l’efficacité, la discipline et le dévouement total.

Cela fut en outre une autre année de champions et médaillés mondiaux, adultes et jeunes, avec les rois absolus du monde Ismael Borrero (lutte), Andy Cruz (boxe), Yaimé Pérez (athlétisme) et Rafael Alba (taekwondo).

L’élection des meilleurs athlètes de l’année montra la qualité des votes et le potentiel sportif existant dans le pays, non seulement avec des athlètes consacrés mais aussi avec des étoiles montantes comme la lutteuse Milaymis Marín Potrillé, son compagnon Gabriel Rosillo et le canoéiste José Ramón Pelier , entre autres.
Rien de ce qui a été accompli ne justifie la complaisance, mais ceux qui ont écrit ces exploits méritent reconnaissance, ainsi que les entraîneurs, les personnels techniques et les nombreuses personnes qui contribuent au succès.

Tokyo et autres défis pour 2020 ?

Nous terminons l’année avec 26 sélectionnés pour les jeux olympiques. On a défini les scénarios pour conquérir d’autres places, de même que le plan et l’attention différenciée pour ceux qui viseront des médailles et des titres. Nous devons nous positionner parmi les 20 premiers pays.

Cet objectif et d’autres seront atteints en continuant à surmonter les obstacles du blocus et du harcèlement ennemi et en respectant ce qui a été mis en avant dans les documents programmatiques du PCC et ce qui est prévu dans la nouvelle Constitution de la République.

D’autre part, nous prévoyons de terminer le Perfectionnement du Système Sportif Cubain, continuer à récupérer des installations à tous les niveaux, renforcer le contrôle des ressources financières et matérielles, accroître les liens de travail avec la base et la UCCFD Manuel Fajardo, encourager la récupération des Eide et des Epef ; prendre des mesures pour la réouverture de l’Espa Nationale, une nécessité qui a rencontré une compréhension totale chez les dirigeants du pays.

Il faut aussi absolument continuer à renforcer la plate-forme juridique du système sportif cubain ainsi que son système de communication institutionnelle ; améliorer les services comme l’éducation physique, le sport de masse et les loisirs ; approfondir l’activité scientifique et la Tarea Vida ; développer avec succès, rationalité et efficacité le calendrier sportif national ; augmenter les revenus par l’exportation de services ; appuyer toujours le peuple frère du Venezuela et approfondir l’attention au base-ball et sa nouvelle stratégie de développement.
Il y a beaucoup à faire, c’est pourquoi nous insistons sur la nécessité de la contribution de tous et la prise en compte d’autres organismes et ministères. Nous sommes toujours engagés pour un sport devenu orgueil de notre peuple, selon la conception de Fidel.

SPA Ecole supérieure de perfectionnement athlétique
Eide Ecole d’initiation sportive scolaire
Epef Ecole de professeurs d’éducation physique