L’histoire ’officielle’ du blocus des États-Unis contre Cuba

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Le blocus économique, financier et commercial des États-Unis contre Cuba a officiellement 58 ans, mais Washington l’a appliqué bien avant à la Révolution cubaine.

Le 3 février 1962, le président John F. Kennedy a décrété le blocus total du commerce avec l’île voisine, conformément à l’article 620 (a) de la loi sur l’assistance extérieure.

Mais en réalité, la loi elle-même était déjà appliquée dans le cadre d’une politique d’hostilité contre Cuba, qui comprenait une tentative de renverser le processus révolutionnaire par l’invasion mercenaire d’avril 1961, ainsi que le soutien à des bandes armées semant la terreur en divers points de l’archipel.

La Proclamation présidentielle 3437 de février 1963 officialise alors la guerre économique, financière et commerciale que les Etats-Unis exercent contre Cuba depuis près de 60 ans.

Depuis lors, le Règlement relatif au contrôle des avoirs cubains du Département du Trésor a imposé le gel de tous les avoirs de l’île aux États-Unis.

Il a également interdit les transactions financières et commerciales à moins qu’elles ne soient approuvées par une licence fédérale.

De même, les exportations cubaines vers le pays voisin ont été interdites et les transactions en dollars avec Cuba ont été interdites à toute personne physique ou morale des États-Unis ou de pays tiers. Législations, réglementations et décrets constituent le bouclier du siège de la plus grande des Antilles, dans le souci de faire plier par la faim, la maladie et les besoins ses habitants en raison de leur soutien au processus révolutionnaire.

La loi de 1992 sur la Démocratie Cubaine, ou loi Torricelli constitue un nouveau pas dans la mise en oeuvre du blocus et dans son caractère extraterritorial.

Par la Torricelli, les sociétés étasuniennes ou leurs filiales dans d’autres pays sont empêchées de faire du commerce avec Cuba ou avec des concitoyens cubains.

Elle interdit aux navires de pays tiers qui débarquent dans des ports cubains d´aborder aux États-Unis dans un délai de 180 jours, à l’exception de ceux qui ont une licence du Secrétariat au Trésor.

Cette mesure vise à rendre encore plus difficile le commerce de l’île des Caraïbes, y compris la fourniture de biens essentiels pour la population.

De son côté, la loi Helms-Burton, adoptée en 1996 sous le gouvernement de William Clinton, a codifié les dispositions du blocus et en a élargi la portée extraterritoriale.

Cela passe par l’imposition de sanctions aux dirigeants de sociétés étrangères qui effectuent des transactions par des propriétés nationalisées à Cuba.

Parallèlement, l’article 211 de la loi sur les allocations supplémentaires et d’urgence pour l’année fiscale 1999 dispose de la non-reconnaissance par des tribunaux des États-Unis des droits des entreprises cubaines sur les marques liées à des propriétés nationalisées.

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche marque une escalade des actions anticubaines et un renforcement du blocus. Cette intention est officiellement consignée le 16 juin 2017.

À cette date, Trump signe en Floride un mémorandum présidentiel sur la politique à l’égard de Cuba, annonce la fin du rapprochement initié par son prédécesseur Barack Obama (2009-2017) et ordonne de nouvelles restrictions aux déplacements individuels et au commerce.

En septembre de cette même année, le Département d’État annonce le retrait de la plupart de son personnel diplomatique à La Havane et suspend la délivrance des visas.

Par la suite, l’administration Trump a décidé de prendre d’autres mesures qui rendent difficile l’obtention de visas par les citoyens cubains, lesquels doivent maintenant se rende dans les consulats des États-Unis à l’étranger pour toute démarche.

Fin 2017, Washington a décrété d’autres restrictions aux voyages et aux échanges commerciaux avec Cuba, notamment une nouvelle liste de 180 entités et sous-entités cubaines avec lesquelles les étasuniens ne peuvent effectuer de transactions.

Cette liste noire a depuis été élargie et dépasse déjà les 200 entreprises et entités concernées.

Le 5 avril 2019, la Maison Blanche a imposé des sanctions contre les navires et les compagnies pétrolières qui transportent du pétrole vénézuélien à Cuba, une mesure qui a été répétée en d’autres occasions au cours de cette année et a entraîné une pénurie de combustible sur l’île.

De même, le 2 mai 2019, les autorités nord-américaines ont activé le titre III de la loi Helms-Burton, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires contre des entreprises cubaines et de pays tiers ayant des affaires et des investissements concernant des propriétés nationalisées à Cuba.

En outre, les voyages de bateaux de croisière, d’avions et de yachts privés à destination de l’île ont été interdits, puis les possibilités de visites de ressortissants étasuniens et les envois de fonds ont été restreintes.

Depuis septembre 2019, les États-Unis ont également lancé une croisade contre le programme de missions médicales cubaines à l’étranger.

Puis à la fin de l’année, une mesure est entrée en vigueur qui empêche les compagnies aériennes commerciales nord-américaines de se rendre dans toutes les destinations de Cuba, à l’exception de l´aéroport international de La Havane. En janvier 2020, le même sort a été réservé aux vols affrétés.

Les atteintes concernent tous les aspects de la vie, dont l’accès aux médicaments et aux technologies de la santé, et même le sport, les échanges universitaires, ou encore l’absence forcée (par le refus de visas) de fonctionnaires et de scientifiques cubains lors d´événements internationaux aux États-Unis, y compris de l´ONU.

La grande majorité des cubains est née sous le blocus des États-Unis, que Cuba considère comme une politique génocidaire et une violation des droits de l’Homme de ses citoyens.
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Par Orlando Oramas Leon*_ *Chef de la rédaction nationale de Prensa Latina