La tragédie de Tchernobyl, 30 ans après le programme médical cubain (2ème partie)

Par Roberto Chile et Maribel Acosta Damas – 30 mars 2020 – Cubadebate - publié dans Solidaridad cubana

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En novembre 2019, une équipe de réalisation s’est rendue à Kiev à la recherche des traces laissées par l’accident nucléaire de Tchernobyl. Elle y a rencontré la journaliste ukrainienne Olena Panstsiuk qui vivait à Pripiat en 1986. Celle-ci a ouvert son album photo, l’occasion d’y retrouver des enfants qui ont été soignés par les médecins cubains et de rappeler la persistance de ce programme médical qui s’est poursuivi durant vingt-et-une années.
Nicole Bedez

La journaliste ukrainienne Olena Panstsiuk habitait à Pripiat. Elle se souvient encore du jour où elle a dû s’en aller, en emportant seulement certaines choses et en partant précipitamment. Tous pensaient qu’ils reviendraient. À ce moment-là, ils ne connaissaient pas l’ampleur de la tragédie. Elle a laissé chez elle les souvenirs, les photos et les peluches de d’enfance.

Le 26 avril 1986, elle était adolescente quand a explosé le quatrième réacteur de la centrale nucléaire Vladimir Ilitch Lénine de Tchernobyl. Sa ville, Pripiat, était située à seulement deux kilomètres. Sa famille n’a plus jamais été la même. Certains n’existent plus, d’autres ont dû réorganiser leur vie. Et elle-même, comme tant d’autres, est allée de l’avant avec les souvenirs bloqués dans la tête jour et nuit, ainsi que la peur d’une mort nouvelle.

Nous avons rencontré Olena à Kiev. En novembre 2019, notre équipe de réalisation Resumen Latinoamericano est arrivée en Ukraine à la recherche des traces laissées par l’accident nucléaire, de ses témoins et de ses protagonistes, et pour retrouver ces enfants qui étaient allés à Cuba afin d’y bénéficier de soins médicaux pour les séquelles dues à la radioactivité.

Olena Pantsiuk à Pripiat, novembre 2019 – Photo : Roberto Chile/ Resumen Latinoamericano / Cubadebate
Nous avons pénétré ensemble dans la centrale nucléaire et dans la Pripiat d’aujourd’hui. Olena était avec nous et elle nous a raconté les détails de sa vie d’alors, où se trouvait son école, le plus beau boulevard de la ville, les amis qu’elle n’a pas revus…

Olena, comme beaucoup d’autres, était revenue en cachette à Pripiat pour récupérer dans son ancien appartement l’album photo et tout ce qui était demeuré intact parmi ses souvenirs les plus chers. Elle a créé récemment l’association Les sœurs de Pripiat pour retrouver l’identité de ceux qui habitaient là-bas et celle du site lui-même, au-delà de l’alarme catastrophiste que les medias ont imposée en oubliant les êtres humains qui constituaient Pripiat.

Olena se rend toujours à l’ambassade de Cuba et elle prend part aux appels à rencontres. Des amis et des habitants de sa ville sont allés se faire soigner à Cuba. Olena les connaît. Et elle connaît toute l’histoire depuis le début : quand les médecins cubains sont arrivés, en 1990, et qu’ils ont parcouru chacun des villages contaminés pour sélectionner les enfants les plus malades qui iraient à Cuba pour y recevoir un traitement médical.

Le 29 mars 1990, les premiers 139 enfants, garçons et filles, sont arrivés dans l’île. Étaient ainsi créé le programme médical cubain pour soigner les enfants de Tchernobyl qui s’est poursuivi durant vingt-et-une années consécutives à titre gracieux et qui a permis d’apporter des soins médicaux à plus de 26 000 enfants de Russie, de Biélorussie, de Moldavie et d’Ukraine.

À cette époque, bien des choses sont advenues : l’Union soviétique s’est désintégrée, le camp socialiste a disparu, des guerres civiles et des tragédies humaines se sont développées chez ces peuples, Cuba est entré dans une profonde récession économique résultant de l’arrêt des relations commerciales avec le bloc socialiste qui n’existait plus et du blocus des États-Unis avec un acharnement accru… mais le programme médical ne s’est jamais arrêté.

Les statistiques de plus de deux décennies affichent plus de 70 000 consultations réalisées dans vingt spécialités médicales, les plus relevées dans le domaine des maladies endocriniennes et gastroentérologiques. Un grand nombre des médicaments prescrits aux enfants de Tchernobyl a été produit par la biotechnologie cubaine.

Quand Olena nous montre l’album photo de Pripiat et compte ceux qui ont été tirés d’affaire, il se trouve parmi eux des enfants, garçons et filles, qui ont été soignés par les médecins cubains.

Album photo d’Olena Pantsiuk, novembre 2019 – Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Boulevard de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Rue principale de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Ville de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Dans les broussailles de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Les petites voitures de l’aire de jeu des enfants de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

L’aire de jeu des enfants de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Le bureau de la Jeunesse communiste de Pripiat, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Pripiat un après-midi d’hiver, novembre 2019 - Photo : Roberto Chile / Resumen Latinoamericano / Cubadebate

Équipe médicale cubaine devant la centrale nucléaire de Tchernobyl, 1992 – Photo : archive médicale cubaine

Équipe médicale cubaine devant la centrale nucléaire de Tchernobyl, 1992 – Photo : archive médicale cubaine

Arrivée d’enfants de Tchernobyl, 1990 – Photo : archive du journal Juventud Rebelde

Enfants de Tchernobyl à Cuba, 1990 - Photo : archive du journal Juventud Rebelde

Une mère de Tchernobyl et son fils, 1990, à Tarará (Cuba) – Photo : Fernando Lezcano, archive du journal Granma