Journée de la Terre : il faudra aussi aplanir la courbe du changement climatique

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Cubadebate, 22 avril 2020

Le changement climatique s’est accéléré dans la dernière décade et on assistera dans les cinq prochaines années à un nouveau record de température moyenne dans le monde, selon les prédictions de l’Organisation Météorologique Mondiale publiées ce mercredi 22 avril, journée de la Terre.

Lever du jour sur le lac de Chapala, au Mexique

Le changement climatique s’est accéléré dans la dernière décade et on assistera dans les cinq prochaines années à un nouveau record de température moyenne dans le monde, selon les prédictions de l’Organisation Météorologique Mondiale publiées ce mercredi 22 avril, journée de la Terre.

Il y a 50 ans, quand on célébra pour la première fois cette date, à une époque où la protection de l’environnement n’était pas une priorité de l’agenda politique, les scientifiques commençaient déjà à se préoccuper de l’augmentation des concentrations de dioxyde de carbone.

Et ils ne se trompaient pas. Aujourd’hui, la concentration de CO2 enregistrée par les principaux sites d’observations météorologiques dans le monde est plus élevée d’ environ 26°/° qu ’en 1970, tandis que la température a augmenté de 0,86°C, plus élevée de 1,1°C qu’ à l’ère préindustrielle.

Et à l’avenir se profile une augmentation de la tendance. Selon les prévisions de l’agence de l’ONU, pour 2024 il est probable que l’on enregistre de nouvelles hausses de la température mondiale, en particulier dans les régions de hautes latitudes et dans les zones terrestres ; il est aussi probable que le réchauffement des océans soit plus lent, en particulier dans l’Atlantique Nord et l’océan Austral.

La température, mais aussi les variations du degré de chaleur dans les océans et leur acidification, le niveau de la mer, la taille des glaciers et la couche de la glace de mer dans les pôles, ont démontré une accélération du changement climatique ces cinq dernières années.

En Islande la lagune glaciaire Jökulsárlón continue de s’élargir à mesure que fond le glacier du même nom

On ne peut pas arrêter la lutte à cause du COVID-19

« La biodiversité est en voie de disparition et les perturbations du climat s’approchent du point de non retour, avertit le Secrétaire Général de l’ONU dans son message officiel pour la Journée de la Terre.

Pour António Guterres comme pour le Secrétaire Général de l’Organisation Météorologique Mondiale, Petteri Taalas, « on doit agir et prendre des décisions pour protéger la planète du coronavirus mais aussi de la menace existentielle due au changement climatique.

La pandémie a entraîné une réduction passagère des émissions de gaz à effet de serre de 6°/° mais elle ne remplace pas une action continue pour le climat. La situation rendrait aussi plus difficile la lutte contre les risques de catastrophes naturelles, dont la gravité ne fait que croître à cause du changement climatique.

« Le COVID-19 a provoqué une grave crise économique et sanitaire à l’échelle internationale, mais le fait de ne pas s’attaquer au changement climatique peut mettre à mal le bien-être des personnes, les écosystèmes et les économies durant des siècles. Nous devons aplanir la courbe de la pandémie mais aussi celle du changement climatique », affirma Taalas

Pour le chef de l’Organisation Météorologique il est nécessaire de montrer la même détermination, la même unité contre le changement climatique que contre le coronavirus.

« Nous devons agir ensemble pour la santé et la prospérité de l’humanité, non seulement pendant les prochaines semaines, les prochains mois, mais en pensant aux générations futures », affirma-t-il.
Les phénomènes météorologiques extrêmes ont augmenté et ils ne disparaîtront pas à cause du coronavirus.

« La pandémie ne fait que rendre plus difficile le défi qu’entraîne l’évacuation des personnes pour les protéger des cyclones tropicaux, comme avec Harold, le cyclone de catégorie 5 qui s’abattit sur le Pacifique Sud. Nous courons le risque que des systèmes de santé saturés ne puissent pas faire face à une charge supplémentaire de patients, due par exemple à des vagues de chaleur », signala Taalas.

Le chef de cette agence demanda aux gouvernements de redoubler d’efforts pour renforcer les systèmes d’alerte et pouvoir ainsi affronter plusieurs risques.

Un plan pour le futur de la Terre

Aux Philippines un paysan inspecte ses cultures après une inondation. Le changement climatique entraînera davantage de phénomènes comme celui-là.

Pour Guterres il est aussi essentiel que les plans de relance après le COVID-19 fassent en sorte que l’économie reprenne sous une forme plus écologique.
« Fréquemment, les crises économiques antérieures ont été suivies de périodes de « reprise », avec des augmentations d’émissions à des niveaux très supérieurs à ceux d’avant la crise », avertit l’Organisation Météorologique.

Fin 2020, les émissions mondiales de carbone doivent diminuer de 7,6°/° et continuer ainsi dans les mêmes proportions chaque année pendant la prochaine décade pour que l’on réussisse à maintenir le réchauffement mondial en dessous de 1,5 °C à la fin du siècle, selon le rapport 2019 sur « l’Écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions » du Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

Maintenir le réchauffement mondial à ce niveau permettra d’éviter une catastrophe, ont averti les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Cette année on commémore non seulement les 50 ans de la Journée de la Terre, mais aussi le quatrième anniversaire de la signature de l’Accord de Paris.

L’actuelle pandémie du COVID-19 est un message clair sur la vulnérabilité des êtres humains et de la planète face à des menaces d’ampleur mondiale. On doit s’attaquer aux dommages incontrôlés sur l’environnement.

Selon Guterres « si nous avions répondu plus rapidement aux Objectifs du Développement Durable et à l’Accord de Paris sur le Changement Climatique nous pourrions mieux affronter ce défi ».

Le chef de l’ONU rappela que la crise actuelle est un avertissement sans précédent et qu’il est nécessaire de convertir la reprise en une véritable opportunité de faire dorénavant ce qu’il faut.

Pour y parvenir, il a proposé six mesures :

– Dépenser de l’argent pour la reprise après le coronavirus doit s’accompagner de la création de nouveaux emplois et entreprises à travers une transition propre et écologique.
– Si on utilise l’argent des contribuables pour sauver des entreprises, il est nécessaire de le conditionner à la création d’emplois verts et à une croissance durable.
– L’arsenal fiscal doit promouvoir le passage de l’économie grise à la verte, et augmenter la résilience des sociétés et des personnes.
– Les fonds publics doivent être utilisés pour investir dans l’avenir et non dans le passé et dirigés vers des secteurs et des projets durables, bons pour l’environnement et le climat.
– Les risques et les phénomènes climatiques doivent être incorporés au système financier de même qu’à tous les aspects de la formulation des politiques publiques et des infrastructures.
– Travailler ensemble en tant que communauté internationale.

Pour le Secrétaire Général, ces 6 principes constituent un guide important pour la reprise.

« Les gaz à effet de serre, de même que les virus, ne respectent pas les frontières nationales. En cette Journée de la Terre, ajoutez vos voix à la mienne pour exiger un avenir sain et résilient pour les personnes et la planète », assura le responsable de l’ONU.

Données clés du changement climatique durant ces cinq dernières années

Graphique présentant la hausse de la température mondiale en degrés centigrades/OMM

– 2015-2019 fut la période quinquennale la plus chaude dont on connaît les données. La température moyenne a augmenté de 1,1°C depuis l’ère préindustrielle et de 0,2°C par rapport à 2011-2015. Depuis les années quatre-vingt, chaque nouvelle décade a été plus chaude que la précédente.
– La concentration de CO2 a été 18°/° plus forte dans la période 2015-2019 que dans les cinq années précédentes. Tout confirme que la concentration moyenne mondiale de CO2 pourrait atteindre, voire dépasser 410 parties par million (ppm) d’ici à la fin de 2019.
– En 2019 on a enregistré les valeurs les plus élevées de la teneur en chaleur dans les 700 mètres supérieurs de l’océan. La hausse des températures de la superficie de la mer met en danger la vie marine et les écosystèmes.
– Les vagues de chaleur représentèrent le risque météorologique le plus mortel dans la période 2105-2019, elles ont affecté tous les continents, occasionnèrent des records de température dans de nombreux pays et furent accompagnées de feux de forêts sans précédent, en particulier en Europe, Amérique du Nord, Australie, forêt tropicale amazonienne et régions arctiques.
– Le risque généralisé de maladies ou de morts causés par la chaleur a augmenté d’une façon constante depuis 1980 ; actuellement près de 30°/°de la population mondiale vit dans des zones dont les conditions climatiques entraînent des températures potentiellement mortelles au moins 20 jours par an.
– Les risques liés au changement climatique et la variabilité du climat ont aggravé l’insécurité alimentaire dans de nombreux endroits, en particulier en Afrique, où la sécheresse a augmenté le risque global de tomber malade ou de mourir à cause du climat.
– Les pluies intenses et les inondations qui s’ensuivent créent les conditions favorables à l’ apparition de différents types de foyers épidémiques. Dans ces pays où le choléra est endémique, on estime que 1300 millions de personnes courent le risque de contracter la maladie alors que rien qu’en Afrique environ 40 millions vivent dans des « endroits chauds » de cette maladie.
– Pendant la période 2015-2019, les cyclones tropicaux ont entraîné les pertes économiques les plus importantes.
– La hausse des températures menace de compromettre le développement suite aux effets néfastes sur le produit intérieur brut (PIB) des pays en développement.
– Le Fonds Monétaire International estima que pour les pays en développement à revenu faible et moyen dont la température moyenne annuelle est de 25°C, une hausse de la température de 1°C entraîne une réduction de la croissance de 1,2°/°.

(Tiré de Nations Unies)