L’alimentation en eau, un facteur déterminant dans la lutte contre le Covid-19

Par Yenia Silva Correa et Alberto Borrego Ávila – Granma – 23 avril 2020 Source : Présidence de Cuba

Partager cet article facebook linkedin email

Même si les chiffres globaux ne provoquent pas d’inquiétude, dans certains territoires la situation hydrologique n’est pas celle souhaitée.

Les travaux réalisés à Yaguajay ont un impact positif dans différentes zones du chef-lieu municipal – Photo : Rolando Prado Varela (courtoisie)

Au cœur du fléau du Covid-19, les efforts déployés pour assurer l’eau potable à la population n’est pas une tâche aisée. La crise provoquée par la grave sécheresse dans les sources d’approvisionnement exige un effort supplémentaire dans ce domaine.

Le 21 avril, il y avait 4 230 millions de mètres cubes d’eau cumulés dans les réservoirs du pays. Par rapport au jour précédent, on a enregistré une baisse de 18 millions de mètres cubes. C’est pourquoi cette question est en permanence évaluée par les autorités nationales.

Argelio Fernández Richelme, directeur du Département d’hydrologie et d’hydrogéologie de l’Institut national des ressources hydrauliques (INRH), certifie qu’il est normal qu’en cette période de sécheresse il y ait une diminution du remplissage des réservoirs, ajoutant qu’aujourd’hui dans le pays ceux-ci sont remplis à 46 % de leur capacité de stockage. Il fait remarquer que c’est une bonne chose à cette date.

Cuba compte 242 réservoirs et 101 bassins souterrains. Même si les chiffres globaux ne provoquent pas d’inquiétude, dans certains territoires la situation hydrologique n’est pas celle souhaitée. « La province de Sancti Spíritus se trouve à ce jour dans une situation très difficile car elle ne dispose que de 18 % de remplissage. Ce pourcentage est doublement négatif, tout d’abord à cause du pourcentage lui-même, ensuite parce que se situe à Sancti Spíritus le principal barrage du pays, celui de Zaza, qui représente 10 % de la capacité de réservoir nationale et ne contient actuellement que 112 millions de mètres cubes (11 % de sa capacité). »

Sancti Spíritus face au fardeau de la sécheresse

Aujourd’hui, dans cette province, les sources d’approvisionnement traditionnelles sont épuisées dans 54 localités, ce qui a nécessité de rechercher des solutions alternatives dans les endroits les plus touchés, y compris dans plusieurs secteurs de la capitale provinciale.

Teresita Romero Rodríguez, vice-présidente du Conseil de défense provincial, a précisé que bien que la problématique s’étende aux huit municipalités du territoire où 45 000 personnes se trouvent aujourd’hui directement affectées, le plus gros impact est constaté actuellement à Trinidad et à Fomento.

Dans une allocution à la télévision locale, celle qui est aussi gouverneure de Sancti Spíritus a expliqué que, conformément à la disponibilité en carburant, il s’agit de maintenir l’approvisionnement en eau par des camions citerne tous les sept à dix jours, et elle a appelé la population à renforcer les mesures d’économie d’eau et à mettre à profit l’existence de puits dans le quartier pour s’approvisionner, chaque fois que cela s’avère possible.

Laritza Rivero Jorge, directrice de l’Entreprise provinciale d’adduction d’eau et d’assainissement, a expliqué à la presse qu’en ce qui concerne Trinidad le plus grand dommage provient du tarissement de sa source principale : les sources naturelles de San Juan de Letrán – un dispositif situé au milieu des collines de l’Escambray – ne produisent plus que 5 litres par seconde contre 110 auparavant, tandis qu’à Fomento, les tensions sont dues à l’assèchement de 15 sources d’approvisionnement qui fournissent habituellement 6 895 habitants.

Dans ce contexte, la bonne nouvelle est celle de l’achèvement à Yaguajay de la grosse conduite de trois kilomètres de long, depuis la colline de Vergara jusqu’à proximité du chef-lieu municipal, laquelle, selon les autorités locales, a commencé à améliorer progressivement l’alimentation de plusieurs quartiers jusqu’à présent très déficitaires.

Dans le cadre des actions destinées à lutter contre l’impact de la sécheresse dans les collectivités, à Cabaiguán on a pris des mesures concrètes tel le nettoyage du canal de captage du réseau de El Saltadero et l’installation de la pompe de Elcires Pérez, tandis qu’à Fomento on a effectué le remplacement d’un tronçon de 150 mètres de conduite dans la canalisation de Agua Fría, ainsi que d’autres travaux destinés à supprimer des fuites dans plusieurs localités de la province.

En ce qui concerne les réservoirs, c’est le barrage de Zaza qui connaît la situation la plus critique et qui, même s’il n’alimente pas la population, s’avère décisif pour les programmes agricoles de la région, alors que d’autres barrages comme ceux de Tuinucú, Lebrije et Siguaney, tout en étant reliés au réseau d’adduction d’eau, conservent des volumes leur permettant de satisfaire les demandes, conformément aux rapports de la Délégation provinciale des ressources hydrauliques.

Un aparté pour la capitale

En ce qui concerne La Havane, où l’on signale le plus grand nombre de malades positifs au Covid-19, le gouverneur Reinaldo García Zapata a parlé, lors d’un bilan réalisé récemment par le président de Cuba Miguel Díaz-Canel, de l’intense travail mené via diverses solutions pour améliorer la situation tendue que connaît la distribution d’eau à la population. Il a précisé que « plus d’un demi-million de personnes sont actuellement ravitaillées en eau par des camions citerne. »

Des opérations de maintenance sont entreprises dans le bassin de Cuenca Sur et d’autres travaux sur le barrage Maurín. En outre, d’après ce qu’a précisé García Zapata, l’installation de deux usines de désalinisation doit s’achever en avril dans la zone est de La Havane, lesquelles participeront aussi à résoudre le problème.

Les réservoirs qui alimentent La Havane ne sont pas dans le meilleur état. Les eaux souterraines constituent le principal élément de l’approvisionnement des habitants de la capitale ; elles proviennent de nappes phréatiques situées sur son territoire et sur celui des municipalités voisines d’Artemisa et de Mayabeque. Contrairement à d’autres lieux, les plus de deux millions d’habitants de la cité sont les principaux utilisateurs de cette ressource.

« Aujourd’hui dans la capitale 486 000 personnes sont concernées par les dysfonctionnements dans l’approvisionnement. D’une part, elles ont cessé d’avoir de l’eau par les réseaux de distribution et sont ravitaillées en grande partie par des camions citerne mais y compris celles qui ont des livraisons par camions sont touchées. »

Argelio Fernández Richelme a précisé que « les quatre bassins souterrains qui alimentent la population (Ariguanabo, Vento, Cuenca Sur et Jaruco), parmi tous les autres, ne sont pas aujourd’hui en très bon état ».

En ce qui concerne Cuenca Sur, le directeur de l’Hydrologie et de l’hydrogéologie de l’INRH a expliqué que « jusqu’au 20 avril sa distribution était limitée par des problèmes de connexion. La connexion Cuenca Sur – Vento a été réalisée et elle doit commencer à soulager l’approvisionnement de la capitale. »

Pour la période 2019-2021, le budget total planifié en investissements dans le secteur hydraulique s’élève à 1 664 millions de pesos, un montant qui comprend des travaux de réparation de réseaux, l’élimination de fuites et le forage de puits, parmi d’autres mesures qui contribuent à atténuer la pénurie d’eau.

Parmi les principaux chantiers et investissements en cours, ainsi que l’a commenté l’expert, il s’en trouve plusieurs qui sont presque achevés.

« Tant les hôpitaux que les centres de confinement doivent avoir l’assurance d’être alimentés en eau, mais la population a elle aussi besoin d’avoir, à tout le moins, le meilleur approvisionnement possible. »

S’il est vrai que la situation de pénurie est une réalité, les performances des précipitations en période humide peuvent inverser la tendance actuelle. Argelio Fernández l’a souligné : « Nous espérons que la période humide aura un comportement normal avec des cumuls de pluie et que cela permettra de rétablir l’approvisionnement en eau, surtout en juin, mois où il pleut le plus à Cuba ».

Le président de Cuba, Miguel Díaz-Canel, a appelé à garder à l’esprit que, compte tenu des mesures prises pour lutter contre le Covid-19 dans le pays, on gardera un ensemble de sites où la consommation d’eau diminuera, laquelle pourra être redistribuée pour un usage par la population pour que celle-ci soit le moins possible affectée.

En outre, il est apparu important de rechercher toutes les alternatives pour l’utilisation des usines de désalinisation, d’installer rapidement des compteurs dans les foyers, en particulier dans les zones repérées comme grandes consommatrices, et de réaliser un entretien approprié des différents ouvrages.

Il sera également essentiel de continuer à développer, dans la population, la culture de l’économie d’eau comme un élément clé pour avoir un meilleur approvisionnement de ce liquide vital en ces temps de Covid-19 et de sécheresse sur le territoire national.

Dans ce cadre : développement de l’infrastructure hydraulique dans le pays en 2019

 Achèvement de 379 chantiers, 348 avec une valeur d’usage, en particulier 2 usines de désalinisation, 3 stations d’eau potable et 5 usines de traitement d’eaux usées.
 Réalisation de 426 kilomètres de réseaux et de canalisations, et de 98 kilomètres de collecteurs d’eaux usées et de drainage d’eau pluviale, au profit de 1 693 000 habitants pour l’alimentation en eau et de 136 416 habitants au titre de l’assainissement.
 Les travaux sur des ouvrages et des réseaux d’eau et d’assainissement ont bénéficié, respectivement, à plus de 6 millions et à 2,3 millions de personnes.
 Les bienfaits de ces travaux ont permis des mesures à fort impact dans les villes de Pinar del Río, Viñales, La Vieille Havane, Santa Clara, Vueltas, Mataguá, Moa, Banes, Holguín, San Antonio de los Baños, La Maya et Maisí.
 Démarrage de la dérivation nord-sud à Guantánamo pour accroître l’approvisionnement en eau et lutter contre les effets de la sécheresse.
 Progrès dans la réhabilitation hydraulique de 12 villes : La Havane, Cárdenas, Trinidad, Camagüey, Las Tunas, Bayamo, Manzanillo, Holguín, Palma Soriano, Guantánamo, Baracoa et la municipalité spéciale de l’Île de la jeunesse.