Des couleurs pour les droits LGBTIQ+

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Par Roberto Alfonso Lara.
Publié dans "5 de Septiembre" le journal digital de Cienfuegos le 17 mai 2020

Les droits de la communauté des personnes lesbiennes, gays, bisexuels, trans, intersexuels et queer (LGBTIQ+) apparaissent chaque fois plus dans le débat public de notre société depuis quelque temps. Une autre édition des journées cubaines contre l’homophobie et la transphobie met en avant le thème, cette fois depuis les espaces virtuels, pandémie du Covid oblige, résultant du nécessaire confinement. Mais depuis 13 éditions de ces célébrations, où en sommes-nous, qu’avons-nous obtenu exactement ?

Depuis la création du centre national d’éducation sexuelle (Cenesex) en 1989, on peut noter plusieurs faits qui pèsent dans la balance : la dépénalisation de l’homosexualité vue à l’époque comme un scandale public, la réglementation pour l’égalité dans le travail sans discrimination pour orientation sexuelle et, plus récemment, la reconnaissance de tous les cubains devant la constitution de la république, sans distinction de sexe, de race, de genre ou autres différences qui portent atteinte à la dignité humaine.

Maintenant on écrit et on parle plus facilement de ces sujets, mais de tels progrès s’expliquent par le fort activisme et la volonté politique qui ont permis d’y arriver.
Cependant, selon ce journaliste, la plus grande conquête a été la salutaire ouverture du dialogue national sur les droits de la population LGBTIQ+ dans le pays, succès que nous devons interpréter comme un coup à la culture machiste très ancrée dans l’archipel. Les discussions qui précédèrent l’approbation de la Carta Magna (N.d.T. : la Constitution de la République) qui régit aujourd’hui le destin des cubains, mirent en lumière la profondeur de cette polémique, surtout sur le mariage égalitaire touchant par là à la construction de la famille.

Il est certain que la consultation populaire a mis en lumière la grande polarisation dans la société cubaine sur ces points, s’exprimant par des critiques sévères, des plus conservateurs aux plus libéraux. Cependant, cette discussion profonde a ouvert le chemin vers d’autres avancées dans la recherche de plus grands changements. Nous parlons maintenant de la présentation d’un nouveau code de la famille où se reconnaissent les droits des couples homosexuels au mariage et à l’adoption, lequel sera soumis à référendum, conséquence du débat social que nous décidons de soutenir. Dans d’autres moments de notre histoire cela n’aurait même pas été possible.

Il est clair que nous nous attendions à ce que d’un seul coup soient reconnus les droits de la communauté LGBTQI+ à Cuba, au vu de l’expérience d’autres nations et comme juste leçon morale face aux anciens préjugés discriminatoires du patriarcat. Mais le sentier que nous parcourons, même lorsque l’on porte au vote ce que nous considérons comme légitime paraît téméraire.

Au final, avant ou après, il sera toujours nécessaire d’obtenir le consensus de la majorité, parce que les lois seules ne font pas justice et ne suffisent pas à mettre à bas les fortes résistances. Nous ne le savons que trop.

Le dialogue continuera d’être la meilleure carte pour obtenir que « tous les droits pour toutes les personnes » cessent d’être écrits comme devise ou consigne mais devienne la réalité pour laquelle on lutte depuis des décennies. Les ruptures, les intolérances et les incitations à la haine ne devraient pas devenir les armes d’une population qui en a été victime. Cette voie ne mènera nulle part et ne transformera rien ; c’est un inutile détournement de la voie première que nous traçons pour obtenir que les droits LGBTQI+ se colorent des couleurs de son drapeau.