Che Guevara, médecin des pauvres et des lépreux en Amérique latine (années 1950)

par Chloé Maurel

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Résumé de l’article que Chloé Maurel a accepté gracieusement de nous faire profiter, merci à elle. RG

Le révolutionnaire argentin Ernesto Guevara (1928-1967), surnommé le « Che », a été tout à la fois intellectuel, médecin, guérillero, économiste, homme d’état… Cet homme qui a quitté son Argentine natale pour aider Fidel Castro à faire la révolution à Cuba, puis est mort en Bolivie en essayant d’y susciter une révolution paysanne, est inclassable. Dans cet article, à la lumière de l’actualité de la grave crise pandémique de 2020, nous analysons comment Che Guevara, diplômé en médecine, s’est consacré avec dévouement et passion, lors de ses pérégrinations à travers l’Amérique latine au cours des années 1950, à soigner bénévolement les malades et notamment les lépreux, ce qui révèle son caractère profondément humaniste.

Biographie :
Chloé Maurel, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, est agrégée et docteure en histoire. Elle travaille sur l’histoire de l’Unesco, de l’ONU, et l’histoire globale. Elle a publié notamment Manuel d’histoire globale (Armand Colin, 2014) et Che Guevara (Ellipses 2011).

Qu’il suscite l’admiration ou le rejet, le révolutionnaire argentin Ernesto Guevara (1928-1967), surnommé le « Che », ne laisse personne indifférent. Intellectuel, médecin, guérillero, économiste, homme d’état, cet homme qui a quitté son Argentine natale pour aider Fidel Castro à faire la révolution à Cuba puis est mort en martyr en Bolivie en essayant d’y susciter une révolution paysanne, a été un peu tout cela à la fois, mais il est impossible de le classer dans une catégorie. Passionné, idéaliste et généreux, il apparaît à beaucoup de gens comme un héros romanesque. A l’inverse, il est parfois représenté comme dur, inflexible, et même sanguinaire, ayant effectivement tué lui-même ou fait exécuter des ennemis durant ses périodes de guérilla et de mise en place du régime castriste à Cuba. Comment évaluer la personnalité complexe de Che Guevara ? Dans cet article, à la lumière de l’actualité de la grave crise pandémique de 2020, il s’agira d’analyser comment Che Guevara, diplômé en médecine, s’est consacré avec dévouement et passion, lors de ses pérégrinations à travers l’Amérique latine au cours des années 1950, à soigner bénévolement les malades et notamment les lépreux, ce qui révèle son caractère profondément humaniste.

Un petit garçon à la santé fragile

Le jeune Ernesto, né dans une famille bourgeoise d’Argentine, est, dès l’enfance, un petit garçon de santé fragile. Inquiets, ses parents consultent de nombreux médecins, font faire des radios, des analyses, essaient des médicaments divers, ne lésinant pas sur l’argent. En vain. Ernesto devient asthmatique et la famille vit dès lors dans la peur constante du déclenchement d’une crise d’asthme et au rythme de ces crises.

Malgré les attentions constantes dont il est l’objet, Ernesto, en grandissant, reste chétif et son asthme persiste. Les médecins, à nouveau sollicités, se montrent inquiets et recommandent un changement de climat radical. Les parents d’Ernesto, bien que très attachés à la ville de Buenos Aires, décident donc de déménager. En 1933 la famille s’installe à Alta Gracia, petite station touristique de moyenne montagne au centre de l’Argentine, à 700 kilomètres de la capitale. Cette région à l’air limpide et tonifiant, au climat sec et chaud, est parfaite pour soigner les affections respiratoires. Les sanatoriums y abondent, accueillant de nombreux tuberculeux venus de tout le pays. C’est à Alta Gracia qu’Ernesto passe toute son enfance et son adolescence, de l’âge de quatre ans à celui de dix-neuf ans Chloé Maurel, Che Guevara, Paris, Ellipses, 2011, p. 9-22.


Le choix d’étudier la médecine

En 1947, la famille rentre à Buenos Aires. Ernesto entame des études de médecine. Le choix d’Ernesto de s’inscrire en faculté de médecine s’explique sans doute par son expérience personnelle de la maladie, à savoir son asthme qui ne le quitte pas, et par la maladie puis le décès de sa grand-mère adorée, Ana Isabel, emportée par un cancer, et que le jeune Ernesto a veillée un mois entier à son chevet jusqu’à sa mort, aspirant à pouvoir la soigner.

Ayant échappé au service militaire à cause de son asthme, Ernesto se consacre beaucoup à l’étude, se plonge avec sérieux et intérêt dans ses livres de médecine. Très actif, soucieux de ne pas perdre une minute, il poursuit des activités variées parallèlement à ses études : sports, photographie, échecs, bridge…

Après un voyage en solitaire à travers l’Argentine en 1950, durant lequel il parcourt 4000 kilomètres sur un vieux vélomoteur bricolé, il travaille occasionnellement dans des dispensaires municipaux, ce qui lui permet de mettre en pratique ses connaissances médicales. Il travaille temporairement comme laborantin auprès d’un médecin allergologue qu’il avait consulté pour son asthme. Il tente également de se lancer dans les affaires grâce à ses connaissances en médecine et en chimie : avec quelques camarades, il entreprend de fabriquer des insecticides et met au point une poudre qu’il fait breveter sour le nom de « Vendaval » (« ouragan »), constituée en réalité de DDT dilué avec du talc. Toutefois il doit renoncer rapidement à l’exploiter car elle se révèle toxique et dangereuse pour l’homme.

En février 1951, Ernesto obtient un emploi comme infirmier sur un bateau de la marine marchande argentine. Ainsi, de février à juin 1951, il navigue du sud au nord du continent latino-américain, longeant les Caraïbes et le Brésil. Il profite aussi de ce périple pour réviser ses examens de médecine, qu’il passe avec succès quelques mois plus tard. Considéré comme un étudiant brillant et prometteur, il devient l’élève d’un médecin allergologue réputé, le Dr. Pisani, qui le prend sous sa protection et espère en faire son disciple et son collaborateur Chloé Maurel, op. cit., p. 23-29.

Un grand voyage initiatique à travers l’Amérique latine (1952)

En 1952, il entame un second voyage, à travers l’Amérique latine, avec son ami le jeune médecin Alberto Granado[[Plus tard, Devenu médecin et biochimiste, Granado a fondé l’École de médecine de Santiago de Cuba, et a contribué à la lutte contre la faim en mettant au point une variété de vache grosse productrice de lait. Il a publié un livre de souvenirs sur son voyage avec Guevara : Sur la route avec Che Guevara. Ce livre a inspiré le scénario du film Carnets de voyage, de Walter Salles, sorti en 2004.

Au bout de 500 kilomètres, arrivés dans la station balnéaire huppée de Miramar, ils font escale chez la famille de la fiancée d’Ernesto. Là, face aux parents de sa fiancée, parlant de médecine, il prononce un réquisitoire : « Il faut abolir la médecine en tant que commerce ! Je dénonce la répartition inéquitable des médecins entre les villes et la campagne, l’abandon où se trouvent les médecins ruraux, qui n’ont d’autre solution que d’essayer de faire du chiffre ! » J. Cormier, Che Guevara, Paris, éditions du Rocher, 2003, p. 35 témoignage d’Alberto Granado.

Il se montre tellement virulent face aux parents de sa fiancée que, suite à cette scène, cette dernière décide de rompre avec lui !

Après Santiago, où ils ne s’attardent pas, les deux amis visitent la ville portuaire de Valparaiso, objet de rêves et de mythes. Là, ils font connaissance avec un groupe de médecins chiliens qui leur fournissent une lettre de recommandation pour la « Société des amis de l’île de Pâques », leur laissant espérer qu’ils pourront obtenir de faire la traversée gratuitement pour cette île au prétexte d’aller mener des études médicales dans la léproserie de l’île. Cependant, malgré leur lettre de recommandation, les deux jeunes médecins ne trouvent pas de moyen de gagner l’île de Pâques, aucun départ de navire n’étant prévu pour s’y rendre au départ de Valparaiso avant six mois.

Ils se consolent en arpentant les bas-fonds de Valparaiso. Ils se plaisent à se perdre au cœur des quartiers populaires, à se mêler au petit peuple, aux mendiants et aux marginaux. « Avec une patience de détectives, nous sommes allés enquêter dans les petits escaliers sales et dans les encoignures, nous avons bavardé avec les mendiants qui pullulent […] Nos narines captaient la misère avec un zèle sadique », écrit Ernesto J. Cormier, op. cit., 2003 p. 43 ; P. O’Donnell, Che, la vida por un mundo mejor, Debolsillo, 2005, p. 70.

L’attirance d’Ernesto pour la marginalité, qui apparaît dans cette lettre, et l’intérêt sociologique et politique d’Alberto pour le peuple exploité, contribuent à expliquer leur goût pour ces pérégrinations dans les quartiers les plus misérables de Valparaiso.

D’avoir ainsi côtoyé les pauvres et les marginaux fait prendre conscience à Ernesto de ce qu’il considérera bientôt comme sa « mission » : « avec les pauvres de la terre je veux faire ma vie », déclare-t-il peu après à son ami Alberto, reprenant par là un vers de José Martí (1853-1895), poète et père de la révolution cubaine au XIXe siècle, fondateur du Partido Revolucionario Cubano, le Parti révolutionnaire cubain, et libérateur de Cuba[J. Cormier, op. cit., 2003, p. 50.

Par la suite, durant ce périple à travers l’Amérique latine, et même plus tard, Ernesto se réfèrera souvent à José Martí, et à d’autres héros indépendantistes et révolutionnaires latino-américains, comme Simón Bolívar, le « libertador  » (« libérateur ») vénézuélien du début du XIXe siècle qui a donné son nom à la Bolivie. L’exemple de ces personnages est omniprésent dans l’esprit d’Ernesto, qui, le soir, a coutume de lire, de relire et de déclamer des vers de José Martí ou des passages de lettres de Bolívar Chloé Maurel, op. cit., p. 36-38.

Quelques temps plus tard, après la visite des richesses archéologiques du Machu Picchu, les deux amis prennent le chemin de Lima, la capitale du Pérou. Sur la route, n’ayant plus beaucoup d’argent en poche, ils partagent dans une certaine mesure la vie du petit peuple péruvien, qu’ils côtoient, souffrant parfois de la faim comme lui. Sur le chemin, Ernesto se fait à l’occasion médecin bénévole auprès de ce peuple, soignant des ouvriers blessés, prenant soin de femmes tuberculeuses, vaccinant des enfants.


Rencontre marquante avec le Docteur Pesce

À Lima, ville morne placée sous une brume persistante huit mois par an, ils sont accueillis par le Docteur Pesce, un médecin dont on leur avait donné le contact. Celui-ci les loge à l’hôpital des lépreux et les invite à dîner. Une longue conversation animée s’engage entre les deux jeunes hommes et ce médecin communiste. Par sa personnalité et ses propos, le Docteur Pesce exercera une profonde influence sur Guevara. En signe de respect et d’admiration, Ernesto le surnomme « el Maestro », « le maître ».

Le Docteur Pesce leur raconte son parcours : lorsque le général Manuel A. Odría a pris le pouvoir au Pérou en 1948, devenant président au terme d’un coup d’État militaire, Pesce a été déplacé de sa chaire de médecine tropicale à l’université de Lima, en raison de ses opinions politiques, et muté d’office à Humabo, un village misérable situé à 3000 mètres d’altitude, éloigné de 800 kilomètres de la capitale. Malgré ce véritable exil qui lui a été imposé, il a cependant poursuivi sans se décourager ses activités, fondant une léproserie et menant sur le terrain des recherches au sujet du typhus et de la lèpre. Il a ensuite fini par récupérer sa chaire à l’université de Lima Chloé Maurel, op. cit., p. 29-42.

Le Dr Pesce, par ses analyses politiques, sa personnalité généreuse et sa grandeur d’esprit, marquera durablement Ernesto. En 1960, celui-ci, devenu le « Che », lui dédiera son livre La Guerre de guérilla, écrivant dans la dédicace : « Au Docteur Hugo Pesce, qui peut-être sans le savoir a provoqué un grand changement dans mon attitude à l’égard de la vie et de la société, attitude qui garde le même esprit aventureux de toujours, mais est désormais canalisée vers des objectifs davantage en harmonie avec les besoins de l’Amérique »P. O’ Donnell, op. cit., p. 75.

Action humanitaire auprès des lépreux

Après trois semaines passées à Lima, les deux voyageurs reprennent la route début juin 1952. Sur les conseils du Dr Pesce, qui leur a donné des contacts, ils se dirigent vers une autre léproserie située à San Pablo, sur les rives de l’Amazone, à 1500 kilomètres au nord-est de Lima, près de la frontière commune entre le Pérou, le Brésil et la Colombie. À cette époque, la lèpre est un grave problème de santé publique dans plusieurs pays d’Amérique du du Sud, favorisée par le climat tropical et par le manque d’hygiène lié à la pauvreté des habitants. Apparue dès l’Antiquité, cette maladie infectieuse due à une bactérie touche la peau et les nerfs périhériques ; évoluant lentement, par poussées, elle provoque des mutilations douloureuses et invalidantes. En l’absence de traitement efficace, l’exclusion systématique des lépreux et leur regroupement dans des léproseries isolées sont alors le principal moyen employé pour endiguer la maladie, à titre de prophylaxie. Pourtant la lèpre est en réalité peu contagieuse. Aujourd’hui, si la prévalence de la lèpre a beaucoup décru du fait de la mise au point de traitements antibiotiques efficaces, la maladie reste présente à l’état endémique en Asie (principalement en Inde), en Afrique et en Amérique latine (notamment au Brésil), où elle constitue toujours selon l’OMS un problème de santé publique Chloé Maurel, op. cit, p. 43-45.

Après un voyage riche en péripéties, Ernesto et Alberto arrivent dans cette léproserie où ils sont frappés par la détresse des malades. Ils découvrent 600 patients, confinés dans une zone interdite, à l’écart, traités comme des parias, vivant dans des cabanes de bois sur pilotis, mis au ban par le reste de la population et par les médecins locaux. Les deux compagnons, au contraire, n’hésitent pas à aller vers les malades et à les soigner avec dévouement pendant les douze jours de leur séjour à San Pablo. Convaincus que cette forme de lèpre n’est pas très contagieuse, ils n’ont pas peur de s’approcher des malades, de parler avec eux, bref de les traiter comme des êtres humains. Ils organisent même des activités ludiques pour égayer le quotidien des malades, comme des parties d’échecs, matchs de football auxquels ils participent eux aussi. Ernesto prend ses repas avec les lépreux, n’hésite pas à les toucher, et opère un malade au coude, ce qui lui sauve la vie. Plus tard, devenu ministre à Cuba, Ernesto se rappellera de ce malade et lui écrira une lettre pour prendre de ses nouvelles J. Cormier, op. cit., 2003, p. 67-68.

L’altruisme avec lequel Ernesto se comporte avec les lépreux de San Pablo, faisant passer leur intérêt avant le sien et n’hésitant pas à les côtoyer de près au risque d’être contaminé, est un élément caractéristique de sa personnalité : sa sensibilité humanitaire, son dévouement total, qui va jusqu’à l’abnégation, au don de soi, le fait d’être toujours prêt à faire le sacrifice de sa personne pour une cause élevée, ont pu être rapprochés des préceptes chrétiens, et le Che, par plusieurs de ses actions et plus tard par les circonstances de sa mort, a pu être souvent comparé à Jésus-Christ. Cependant, une telle analogie est paradoxale car Ernesto a toujours été fermement athée et ses actions, inspirées par des valeurs sociales puis par les principes communistes, correspondaient à l’objectif d’améliorer matériellement la situation des hommes sur terre, et en aucun cas à l’idée religieuse de gagner son propre salut dans un éventuel au-delà.

Pour remercier Ernesto de ses bienfaits, les lépreux organisent une fête pour son vingt-quatrième anniversaire, le 14 juin 1952. Ernesto, en levant un verre de pisco (alcool péruvien) en leur honneur, prononce un discours dont un passage révèle l’évolution du jeune homme vers des conceptions internationalistes : « nous croyons, et depuis ce voyage avec une plus grande fermeté que jamais, que la division de l’Amérique latine en nationalités illusoires et incertaines est complètement fictive. Nous constituons une unique race métisse, qui depuis le Mexique jusqu’au détroit de Magellan présente des similitudes ethnographiques notables. C’est pourquoi, essayant de me libérer du poids de tout provincialisme mesquin, je porte un toast au Pérou et à une Amérique unie » P. O’ Donnell, op. cit., p. 77.

C’est une des premières expressions par Ernesto de l’idée d’un internationalisme latino-américain. Cette conception restera toute sa vie un fil conducteur de sa pensée. Son internationalisme ira même croissant, s’élargissant ensuite aux peuples d’Asie et d’Afrique.

Lors du départ des deux jeunes médecins, les lépreux leur offrent un radeau, le Mambo-Tango, qu’ils ont eux-mêmes construits, pour leur permettre de quitter la léproserie en navigant sur les marécages. Les malades organisent aussi une fête d’adieu en l’honneur de leurs deux bienfaiteurs, avec buffet, discours et orchestre. Dans une lettre à sa mère rédigée peu après, Ernesto décrit ce spectacle incongru et touchant : « L’accordéoniste n’avait plus de doigts à la main droite, il les avait remplacés par des bâtonnets attachés à son poignet. Le chanteur était aveugle, et presque tous étaient défigurés par la forme nerveuse que la maladie prend dans cette région. Tout cela à la lueur des falots et des lanternes. Un spectacle de film d’horreur, qui restera pourtant comme l’un des plus beaux souvenirs de mon existence »[[Lettre d’Ernesto Guevara à sa mère, 6 juillet 1952, cité dans J. Cormier, op. cit., p. 69.

Il évoquera aussi ce spectacle marquant dans un article qu’il écrira l’année suivante pour une revue panaméenne, évoquant « leurs faciès léonins, éclairés par la lumière des torches, [qui] offraient un spectacle impressionnant dans la nuit amazonienne » [[Ernesto Guevara, « Un coup d’œil sur les rives du géant des fleuves », dans le supplément dominical de la revue Panamá-América, 22 novembre 1953, in Ernesto Che Guevara, Second voyage à travers l’Amérique latine : 1953-1956 : journal, Paris, Mille et une nuits, 2002,p. 146.

Réussite aux examens et obtention du doctorat de médecine

En août 1952, il est de retour chez lui en Argentine. Il se plonge avec acharnement dans la préparation de ses examens de médecine. Entre décembre 1952 et avril 1953, il se présente à quatorze examens de médecine qu’il réussit tous, obtenant ainsi son doctorat de médecine.

L’Argentine est alors sous la dictature de Juan Perón. Lorsque, quelques mois plus tôt, en juillet 1952, Eva Perón, la femme du dictateur, âgée de seulement trente-trois ans, est morte d’un cancer de l’utérus, la population a porté massivement son deuil. En effet cette femme issue du peuple, par ses actions en faveur des « descamisados », et par sa sincère sollicitude à leur égard, avait gagné le soutien des couches défavorisées. Elle avait notamment créé la Fondation Eva-Perón, à l’origine de la création de nombreux hôpitaux et orphelinats. Devenue très populaire parmi le peuple, « Evita » était même l’objet d’un culte de la personnalité. Proche du peuple lui aussi, Ernesto n’est pas insensible à cet aspect social qui est une des composantes du péronisme.

Rapidement, Ernesto est tenaillé à nouveau par l’envie de voyager. Il est avide de visiter de nouvelles contrées d’Amérique latine. Son ami Alberto étant désormais installé comme pharmacien au Venezuela, c’est avec un autre compagnon qu’Ernesto se lance à nouveau sur les routes : Carlos Ferrer, autre ami d’enfance, surnommé « Calica » Chloé Maurel, op. cit., p. 51-72.

Nouveau voyage à travers l’Amérique latine

Le 7 juillet 1953, les deux jeunes hommes partent en train pour la Bolivie. L’état de santé précaire d’Ernesto, qui souffre alors de fortes crises d’asthme, leur impose d’effectuer ce trajet en première classe, avec l’argent collecté de la vente de leur vieille motocyclette.

En Équateur, Guevara fait connaissance avec plusieurs dirigeants de la Jeunesse communiste et rencontre de nombreux intellectuels. Le jeune Argentin fait aussi connaissance avec des médecins équatoriens de gauche, le Dr Safadi et le Dr Macdonaldo.

Au Panama, en 1953, Ernesto publie quelques articles et donne aussi une conférence de médecine sur l’allergie, sujet sur lequel il avait fait sa thèse. Cependant, ces activités ne suffisent pas à rétablir ses finances.

Puis, avec son nouveau compagnon de voyage, l’Argentin Eduardo Garcia, Ernesto traverse le Costa Rica. Se trouvant à nouveau à court d’argent, il doit laisser en gage tous ses livres de médecine dans ce pays.

En 1954, Guevara est au Guatemala, où il rencontre sa future femme, Hilda Gadea. Le jeune homme, qui aspire à s’implanter au Guatemala, espère obtenir du gouvernement un poste de médecin dans la région du Petén, au nord du pays, au cœur des plus beaux vestiges mayas. Mais ce projet professionnel, comme beaucoup d’autres que forge Ernesto à cette époque, échoue. En effet, si le Guatemala est accueillant avec les exilés politiques, en revanche il est très difficile en tant qu’étranger d’y trouver un travail, par exemple de s’y installer comme médecin, du fait de problèmes d’équivalence de diplômes et d’inscription à l’ordre des médecins. Ernesto se contente donc d’effectuer divers petits boulots, qu’il enchaîne : il se fait professeur particulier, traducteur, colporteur d’artisanat, et même, bien qu’étant athée, vendeur d’images religieuses !

L’attente vaine d’un poste continue à miner Ernesto. « Il s’est écoulé des jours où des choses se sont passées et ne se sont pas passées. J’ai la ferme promesse d’un poste d’adjoint auprès d’un médecin du service de Santé. […] Les journées se succèdent à nouveau sans que rien de neuf ne se passe. […] Pour le poste j’y vais un jour puis un autre et rien, maintenant ils m’ont dit de laisser passer la semaine et je ne sais pas très bien quoi faire » [[Ernesto Che Guevara, Second voyage …, op. cit., p. 77.

Finalement, à la fin du mois d’avril 1954, il réussira à obtenir une place de médecin interne dans une école d’instituteurs.

Des expériences marquantes au Guatemala et au Mexique

En juin 1954, il se trouve au Guatemala lors du coup d’État. Comme il l’écrit dans son journal, Ernesto, exalté par les événements, se montre avide d’y participer, s’efforce d’y jouer un rôle, d’être au cœur de l’action. Il s’inscrit dans les équipes de secours médical d’urgence, et, grâce à une recommandation d’une dirigeante communiste chilienne, obtient d’être intégré comme volontaire au sein de la brigade des Jeunesses communistes : il reçoit des armes et une instruction militaire et est désigné pour monter la garde devant le secrétariat général de la Jeunesse communiste du Guatemala Chloé Maurel, op. cit, p. 73-94.

Ce coup d’État au Guatemala, effectué sous la direction des États-Unis afin de mettre fin aux nationalisations qui menaçaient leurs intérêts économiques et à un régime démocratique qu’ils suspectaient de sympathies communistes, marque profondément le jeune Guevara.

Quelques mois plus tard, il est au Mexique. Là, il parvient enfin à être nommé interne à l’hôpital, grâce à des travaux de recherche sur l’allergie qu’il a présentés à des confrères médecins.

Vers cette époque, Ernesto est marqué par une pauvre femme du peuple qu’il tente en vain de guérir de son asthme, et qui finit, malgré ses soins, par mourir étouffée. Peut-être parce que lui-même est aussi asthmatique, ce cas le touche particulièrement, et renforce sa prise de conscience des injustices sociales et sa volonté de les combattre. Il compose un poème en hommage à cette vieille femme :

« Pauvre vieille María

Ta vie fut meurtrie horriblement par la faim

Et elle se termine meurtrie par l’asthme.

Mais je veux t’annoncer

D’une voix basse et virile d’espérances,

La plus rouge et virile des vengeances.

Je veux te le jurer dans l’exacte

Dimension de mes idées. […]

Repose en paix, vieille Maria,

Repose en paix, vieille combattante,

Tes petits enfants vivront pour voir l’aurore »[[P. O’Donnell, op. cit., p. 115.

Le sort de cette vieille femme et ses efforts vains pour la soigner le confortent sans doute dans le projet de livre qu’il envisage alors d’écrire, et dont il a choisi le titre : La Fonction du médecin en Amérique latine. Indigné par la situation sanitaire déplorable dans laquelle vit la population pauvre du Mexique, révolté par l’impossibilité pratique de réellement soigner les malades à cause du manque de moyens, il entend développer dans cet ouvrage l’idée que les questions de santé sont au carrefour de tous les problèmes de la société. Les circonstances ne lui laisseront finalement pas le temps de rédiger ce livre, car il mène à Mexico des journées très remplies, entre recherche médicale, réflexion et militantisme politique, et activité de photographe et journaliste sportif Chloé Maurel, op. cit, p. 73-94.

C’est au Mexique qu’en juillet 1955 Guevara rencontre Fidel Castro, avocat cubain installé en exil au Mexique. Les deux jeunes hommes ont plusieurs points communs : tous deux sont d’origine bourgeoise, ont fait des études supérieures (l’un est devenu médecin, l’autre avocat), sont athées et détestent la bourgeoisie. Surtout, tous deux sont révoltés contre la souffrance du peuple, l’injustice sociale et l’impérialisme. Fidel Castro va proposer à Ernesto de se joindre à l’expédition de débarquement armé à Cuba qu’il prépare avec ses partisans Chloé Maurel, op. cit, p. 95-108.

A Mexico, Guevara reprend ses consultations à l’hôpital et prépare le concours pour devenir professeur de physiologie. Il continue à refuser l’aide financière et matérielle proposée par sa famille et par ses relations, soucieux de ne pas se laisser « conduire sur le chemin de la bourgeoisie » et au contraire de « rester dans un statut de prolétaire », comme en témoigne Alberto Granado Témoignage d’A. Granado, in Ernesto Che Guevara, Second voyage …, op. cit, p. 205.

Engagement pour Fidel Castro et emprisonnement

À partir du mois de mai 1956, Guevara abandonne son poste à l’hôpital pour se consacrer à temps plein à l’entraînement militaire et à la gestion des guérilleros. Fidel Castro, pour sa part, se consacre au volet politique de la préparation de l’opération. Le « Che » a été aussi nommé par Castro médecin de l’expédition et veille à la bonne santé de toute la troupe, à qui il inculque des notions de secourisme.

Mais leurs projets sont découverts et bientôt Guevara, Castro et plusieurs de leurs partisans sont mis en prison. En prison, le Che réorganise ses plans de vie, les centrant désormais autour de l’objectif révolutionnaire, ainsi qu’il le confie à sa mère : « J’avais préparé un projet de vie comprenant dix années de vagabondage, puis des années d’étude de la médecine, et après, s’il restait du temps, tenter la grande aventure de la science physique. Tout cela est passé ; la seule chose qui soit claire c’est que les dix années de vagabondage ont l’air de vouloir durer plus […], mais cela se passera d’une manière totalement différente de celle dont j’avais rêvé, et quand j’arriverai dans un nouveau pays ce ne sera pas seulement pour parcourir des terres, voir des musées et des ruines, mais en plus et surtout pour me joindre à la lutte du peuple » [[Lettre d’Ernesto Guevara à sa mère, 15 juillet 1956, in Ernesto
Che Guevara,Second voyage …, op. cit., p. 191.

Guérilla à Cuba et soins aux malades et blessés

Puis ils sont libérés, et, en décembre 1956, ils débarquent clandestinement à Cuba pour y mener la guérilla et libérer l’île de la domination étasunienne. Médecin de la troupe, le Che se consacre à soigner ses compagnons blessés. Il poursuit aussi son étude de la situation sociale et des conditions de vie des guajiros. Frappé et consterné par la situation proprement « effroyable » de cette paysannerie déshéritée, il se dévoue avec patience pour gagner leur confiance et soulager leur sort par des soins médicaux. Dans une conférence qu’il prononcera peu de temps après la victoire, Guevara soulignera le temps et les efforts qu’il a fallu aux guérilleros pour se faire accepter par ces paysans misérables, méfiants, analphabètes, qu’ils ont dû apprivoiser pour les mettre de leur côté. Après une guérilla de plusieurs mois au cours des années 1957 et 1958, et notamment au terme de la bataille de Santa Clara fin décembre 1958, les combattants castristes sont victorieux, et Fidel Castro prend le pouvoir à Cuba le 1er janvier 1959. Il va faire de Che Guevara, qu’il a nommé Commandant de la révolution, son bras-droit Chloé Maurel, op. cit, p. 137-170.

Au cours de la période qui suit, durant laquelle le Che contribue comme ministre à la mise en place du régime cubain, puis durant ses tentatives de guérilla au Congo en 1965 puis en Bolivie en 1967, le révolutionnaire aura toujours à coeur l’enjeu de la santé collective, comme l’a montré l’écrivain Jean Cormier dans son dernier livre : ainsi, en 1962, le Che créera la ferme agro-médicinale de Jovellanos à Cuba, faisant venir 1962 guérilleros d’origine paysanne dans cette ferme située entre La Havane et Santa Clara, afin de leur apprendre à lire et à écrire mais aussi à mieux travailler la terre et de leur inculquer des rudiments de médecin [Jean Cormier, Docteur Che Guevara, Paris, éditions du Rocher, 2012.

Source : wikicommons
A Cuba, en mars 1960, lorsque, en tant que président de la Banque nationale et directeur du Département industriel de l’INRA (Institut national de la réforme agraire), il reçoit les intellectuels français Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Sartre, frappé par l’humanisme du Che, le qualifiera d’« être humain le plus complet de notre époque ».

Plus tard, lors de sa guérilla en Afrique en 1965, le Che se liera d’amitié avec un jeune Congolais, Freddy Ilanga, qui lui sert de traducteur pour la langue swahili. A la suite de l’échec de cette guérilla africaine, le jeune Freddy sera envoyé à Cuba, où ce jeune homme qui n’était qu’un pauvre vendeur de journaux d’une région misérable du Congo bénéficiera d’une formation médicale gratuite et deviendra un médecin spécialiste reconnu en neurchirurgie Chloé Maurel, op. cit, p. 469-470.

Ainsi, cette partie de la vie de Che Guevara, sa jeunesse durant les années 1950 Cette partie de la vie de Che Guevara est retracée dans le film Carnets de voyage de Walter Salles, 2003., au cours de laquelle il enchaîne les pérégrinations à travers l’Amérique latine, est révélatrice de son caractère profondément généreux et humaniste. En effet, il n’hésite pas à soigner bénévolement les plus démunis, et même d’aller au contact des lépreux, pourtant réputés très contagieux, et que personne ne voulait approcher alors.


Si la suite de sa vie, notamment ses périodes de guérilla (à Cuba en 1957, au Congo en 1965 puis en Bolivie en 1967) ont pu le faire apparaître sous un jour plus dur, il est important de bien souligner ce trait essentiel et indéfectible de sa personnalité qu’est son attention à l’être humain et son dévouement sans faille pour soigner ceux qui souffrent.

Le Che soigne des enfants malades en Bolivie lors de sa guérilla en 1967.

Source : wikicommons

A Cuba, le mausolée de Che Guevara, à Santa Clara, perpétue aujourd’hui la mémoire du Che, de même que les nombreux films qui lui ont été consacrés[[Ex : Che, film en deux parties, de Steven Soderbergh, 2008.

De plus, dans certains pays, comme en Algérie, en hommage à ce révolutionnaire qui était aussi médecin, plusieurs hôpitaux ont reçu le nom de Che Guevara : c’est le cas notamment de l’hôpital Che-Guevara de Mostaganem, créé en 1963 au lendemain de l’indépendance avec l’aide du gouvernement cubain qui y a alors envoyé 52 médecins cubains au nom de la solidarité avec les autres pays s’engageant dans la voie du socialisme.


L’État cubain, que Che Guevara a contribué à construire, est, depuis 1959 et aujourd’hui encore, un pays très avancé en médecine, avec un excellent service public de santé, gratuit pour tous. Cuba a même développé une active politique d’internationalisme médical. Ainsi, en mars 2020, 52 médecins cubains ont débarqué en Italie du Nord pour aider à lutter contre l’épidémie de coronavirus, un acte de solidarité que Che Guevara aurait chaleureusement approuvé…

Sources : oeuvres de Che Guevara sur cette période

Ernesto Che Guevara et Alberto Granado, Latinoamericana. Journal de voyage. Paris, Austral, 1994.

Ernesto Che Guevara, Voyage à motocyclette, Paris, éditions Mille et une nuits, 2001.

Ernesto Che Guevara, Second voyage à travers l’Amérique latine : 1953-1956 : journal, Paris, Mille et une nuits, 2002.

Bibliographie 

Collectif, Che Guevara, lucha por la vida : des artistes et des chansons emblématiques des luttes révolutionnaires à l’époque de Che Guevara, Paris, Milan 2007.

Collectif, Viva Guevara : quarante ans après sa mort, L’Humanité, hors-série, 2007.

Alain Ammar, Che Guevara : le Christ rouge, Paris, Albin Michel, 2003.

Jon Lee Anderson, Che Guevara : A Revolutionary Life. New York, Grove Press, 1997.

Hilda Barrio, Che Guevara, Paris, éditions Autrement, 2003.

Miguel Benasayag, Che Guevara : du mythe à l’homme-aller-retour, Paris, Bayard, 2003.

Jean-Hugues Berrou et Jean-Jacques Lefrère, Che Images, Paris, Fayard, 2003.

Marie-Dominique Bertuccioli, Juan Andrés Neira Franco, Che, commandant, ami, Paris, Graphein, 2000.

Olivier Besancenot et Michael Löwy, Che Guevara : une braise qui brûle encore, Paris, Mille et une nuits, 2007.

Viviane Bouchard, Che Guevara, un héros en question, Québec Amérique, 2004.

Marcos Bravo, La Otra Cara Del Che, Bogota, Colombia, Editorial Solar, 2005.

Henry Butterfield Ryan, The Fall of Che Guevara : A Story of Soldiers, Spies, and Diplomats. New York, Oxford University Press, 1998.

Jorge G. Castañeda, Vie et mort de Che Guevara, Paris, Grasset, 1998.

Jean Cau, Une passion pour le Che, Paris, Julliard, 1978.

Jean Cormier, Che Guevara, Paris, éditions du Rocher, 2003.

Jean Cormier, Docteur Che Guevara, Paris, éditions du Rocher, 2012.

Jean Cormier, Che Guevara, compagnon de la révolution, Paris, Découverte Gallimard, 1996.

Adys Cupull Froilan González, La CIA contre le Che, Paris, EPO, 1993.

Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Jean-Louis Panné, Andrzej Paczkowski, Karel Bartošek, Jean-Louis Margolin, Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1997 (chapitre : « Che Guevara, l’envers du mythe »).

Froilán Escobar et Félix Guerra, Che : Sierra adentro, La Havane, Editora Política, 1988.

Ulises Estrada, Tania : Undercover with Che Guevara in Bolivia, Ocean Press, 2005.

William Galvez, Le rêve africain du Che, Paris, EPO, 1998.

Fernando Garcia et Oscar Sola, Che, rêve rebelle, Paris, La Mascara, 2001.

Philippe Godard, Che Guevara : fils prodigue de la révolution, Paris, Syros, 2007.

Jean-Louis Guidez, Comandante, SIC, 2001.

Michel Honorin, Les grandes énigmes de l’histoire d’aujourd’hui : la mort de Che Guevara, Paris, Famot, 1974.

Daniel James, Che Guevara : A Biography. New York : Stein and Day, 1969, 2001.

Pierre Kalfon, Che, Points, Seuil, Paris, 1997.

Jean Larteguy, Les guérilleros, Presses Pocket, 1967.

Catherine et Jacques Legrand, Che Guevara, Paris, Chronique, 1997.

Michael Löwy, La pensée de Che Guevara, Paris, Syllepse, 1997.

Jacobo Machover, La face cachée du Che, Paris, Buchet-Chastel, 2007.

Joseph Marsant, La 7e mort du Che, Paris, Albin Michel, 1976.

Chloé Maurel, Che Guevara. Entre mythe et réalité, Paris, Ellipses, 2011. 500 p.

Ana Menendez, Che Guevara mon amour (roman), Paris, Flammarion, 2004.

Roberto Mero, Moi, le Che (récit), Paris, Le temps des cerises, 1997.

Pacho O’Donnell, Che, la vida por un mundo mejor, Debolsillo, 2005.

Alessandra Riccio, Che. Félicitations commandant, c’est une fille !, Paris, Desmaret, 2004.

Spain Rodriguez, Le Che, une icone révolutionnaire (bande dessinée), Paris, éditions Hors collection, collection Bio Graphic, 2009.

Ricardo Rojo, Che Guevara, vie et mort d’un ami, Paris, Seuil, 1968.

Carlos Tablada, Che Guevara : l’économie et la politique dans la transition au socialisme, Pathfinder, 2001.

Ruben Vasquez Diza, La Bolivie à l’heure du Che, Paris, Maspero, 1968.

Philippe Videlier, L’étoile de Che Guevara, Paris, Paroles de l’Aube, 1997.

Légende des illustrations

1. Le Che discutant avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, en visite à Cuba, en mars 1960.

Jean-Paul Sartre qualifie le Che d’« être humain le plus complet de notre époque ».

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2. Le Che soigne des enfants malades en Bolivie lors de sa guérilla en 1967.

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Résumé

Le révolutionnaire argentin Ernesto Guevara (1928-1967), surnommé le « Che », a été tout à la fois intellectuel, médecin, guérillero, économiste, homme d’état… Cet homme qui a quitté son Argentine natale pour aider Fidel Castro à faire la révolution à Cuba, puis est mort en Bolivie en essayant d’y susciter une révolution paysanne, est inclassable. Dans cet article, à la lumière de l’actualité de la grave crise pandémique de 2020, nous analysons comment Che Guevara, diplômé en médecine, s’est consacré avec dévouement et passion, lors de ses pérégrinations à travers l’Amérique latine au cours des années 1950, à soigner bénévolement les malades et notamment les lépreux, ce qui révèle son caractère profondément humaniste.

Mots -clés

Amérique latine, médecine, communisme, révolution, humanisme, maladie, pauvreté.