En tant que médecin et député, j’ai dû redoubler d’efforts, mais c’est avec plaisir que je le fais

Par Déborah Aragón Abadal – Photos : Tony Hernández Mena – 31 mai 2020

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Cuba n’est pas épargné par la propagation mondiale du Covid-19. Un jeune médecin cubain, également député de l’Assemblée nationale et délégué de sa municipalité, nous fait partager son quotidien durant la pandémie dans un pays qui connaît, par ailleurs, des avancées remarquables dans le domaine de la recherche médicale et de la découverte de médicaments, au bénéfice de nombreux malades dans le monde.
Nicole Bedez

Ce n’est pas par hasard si nous publions cet entretien avec un jeune médecin dans un contexte où l’on se souvient de plusieurs évènements relatifs à la santé. Récemment, le 28 mai ont été commémorés le 40ème anniversaire de l’inauguration du Premier congrès de la société cubaine de soins infirmiers et le 39ème anniversaire du Congrès des travailleurs sociaux de la santé de notre pays. C’est aussi à cette date qu’on célèbre la Journée internationale d’action en faveur de la santé de la femme, suscitée par la préoccupation mondiale quant aux taux élevés de mortalité maternelle.

C’est précisément en mai 1981 que l’Interféron a été produit pour la première fois à Cuba, lequel fut utilisé pour des cas critiques durant l’épidémie de dengue hémorragique qui causa le décès de 101 enfants dans la Grande île.

Près de quatre décennies plus tard, ce médicament, aujourd’hui leader de la biotechnologie cubaine, est toujours un paradigme de notre niveau scientifique qui, grâce au discernement de Fidel Castro, a représenté un succès jamais atteint auparavant par un pays en voie de développement. La contribution cubaine à la connaissance mondiale des applications de l’Interféron constitue un fait de grande portée internationale.

Le prestige acquis par Cuba grâce au développement de cette substance a favorisé les échanges avec des institutions de très haut niveau scientifique international et a permis son enregistrement à Cuba et dans d’autres pays, tout en établissant des liens commerciaux pour son exportation dans des conditions avantageuses, fondée sur une large casuistique et des résultats concrets, au bénéfice de millions de malades dans le monde.

Actuellement, de nombreux systèmes de santé valident l’usage d’antiviraux comme l’Interféron dans le traitement des malades du Covid-19 car il contribue de façon significative à leur guérison.

Le jeune député Isael Alfonso Graña, médecin de profession et secrétaire de la Commission de la santé et des sports de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire (ANPP) depuis 2013, insiste sur le fait que la décision d’utiliser ce médicament dans les circonstances actuelles est fondée sur les bénéfices thérapeutiques constatés durant les épidémies du Syndrome respiratoire aigu sévère (SARS) en 2002 et 2003, lorsqu’il a permis de réduire sensiblement la durée de détection du virus dans les voies respiratoires supérieures.

Il est notoire que, depuis le début de l’actuelle pandémie, les autorités sanitaires chinoises ont choisi l’Interféron cubain Alfa 2B Recombinant parmi 30 autres médicaments pour combattre le nouveau coronavirus. Cette substance antivirale a été essentielle dans les phases les plus délicates de la lutte contre le Covid-19, et elle a démontré son efficacité pour protéger et stimuler le système immunologique. On utilise également le médicament cubain dans d’autres pays pour combattre des maladies virales comme les hépatites B et C, et des infections causées par le VIH et le Papillomavirus humain, entre autres.

Par ailleurs, à Cuba on administre le médicament par injection, sous sa forme thérapeutique, aux patients hospitalisés positifs au SARS-CoV-2, et sous forme de gouttes nasales aux personnels de santé et à certaines personnes dans des centres d’action sociale, ces deux groupes étant exposés à un risque important de contagion.

Le docteur Isael nous explique son travail durant ces jours difficiles, sans dissimuler son émotion devant ces résultats scientifiques de Cuba, obtenus malgré l’aggravation du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis qui empêche l’accès aux produits et aux matières premières indispensables à la santé.

Quelle est l’importance du rôle de la Commission de la santé et des sports dans le scénario actuel ?

L’action de notre commission dans la lutte contre la pandémie a une importance vitale pour contribuer, aux côtés du ministère de la Santé publique (MINSAP), de l’Institut national du sport et des loisirs, et avec les institutions et organisations sociales et les organisations de masse, à neutraliser les dommages humains qu’elle peut occasionner dans la population, à partir des tâches qui nous ont été assignées par les plus hautes instances du pays.

De quelle façon les députés contribuent-ils aujourd’hui, et particulièrement ceux qui font partie du secteur de la santé, à ce que Cuba sorte de la situation actuelle dans les meilleures conditions ?

Parmi les travaux effectués, il y a les études et les rapports sur le Covid-19 qui, en raison de leur nature et de leur intérêt national, doivent être connus car ils reflètent la façon dont on travaille dans les instances provinciales et municipales, et dans les quartiers.

En tant que députés, nous participons à partir de la base, et ce d’autant plus en tant que travailleurs de la santé, à la lutte contre le Covid-19 ; nous sommes insérés dans un système de travail qui répond aux consignes du président de la République et du MINSAP.

Les personnes qui travaillent dans le secteur ont le transport assuré pour se rendre sur leurs lieux de travail sans aucune difficulté ; elles contribuent à la mise en œuvre des procédures de désinfection générale dans les établissements hospitaliers et dans les autres institutions où elles ont été affectées, et elles poursuivent parallèlement les activités de la profession qui guident l’action de la commission, dans un souci de contribuer au respect des mesures de sécurité prévues par les protocoles des situations de pandémie, tel aujourd’hui le nouveau coronavirus.

De même, les soins médicaux aux patients sont maintenus ainsi que les gardes programmées. Chaque mission est fondamentale en cette période, à un moment où une grande discipline est exigée de la part de la population pour pouvoir affronter avec succès cette urgence sanitaire, dans l’unité et l’organisation sociale, et en respectant le confinement pour éviter la contagion par la maladie et sa propagation.

En tant que jeune médecin dévoué à votre travail, et par ailleurs délégué de la circonscription, comment avez-vous affronté dans votre communauté l’expérience de Cuba face au nouveau coronavirus, et quel message transmettriez-vous à vos électeurs et à notre peuple ?

Étant membre de l’Assemblée municipale du Pouvoir populaire (AMPP) de la Vieille Havane, je suis chargé en tant que délégué de donner suite aux actions de dépistage dans les cabinets médicaux du Conseil populaire de la Plaza Vieja et de contrôler la qualité de cette tâche.

En collaboration avec l’ensemble du personnel de santé de la 14ème circonscription, je vérifie que la prise en charge prioritaire des personnes âgées est correctement effectuée. Celles-ci ne pouvant demeurer sans visite et sans bénéficier des attentions voulues car elles forment un groupe vulnérable, ce contrôle comporte l’enquête quotidienne qui veille à ce que soient appliquées les mesures nécessaires leur évitant de sortir dans la rue et à ce qu’elles reçoivent l’alimentation ou les médicaments dans leur logement, ainsi que le recouvrement des chèques lorsqu’il s’agit de retraités.

Il y a aussi une autre activité prioritaire, celle de faire en sorte que les infections respiratoires aiguës détectées soient traitées par le médecin de la famille et par la commission d’évaluation de la zone de santé.

Je participe également aux réunions qui ont lieu dans le centre de commandement de la santé, où l’on débat des problèmes détectés lors du dépistage dans la municipalité et où l’on prend les décisions spécifiques pour les résoudre. En outre, je transmets de façon systématique à la AMPP ces situations pouvant perturber le bon fonctionnement du schéma de travail qui a été élaboré.

La municipalité dispose des moyens nécessaires au travail effectué dans les centres d’isolement et dans les unités de santé ; les mesures relatives à la vente de produits de toilette et de denrées alimentaires ont été prises en compte, et nous demeurons aux côtés de la population avec la volonté d’aller de l’avant.

Bien que j’aie dû, de par mon statut de médecin et de délégué, redoubler d’efforts, c’est avec plaisir que je le fais, car ainsi les électeurs nous voient comme de véritables représentants de leurs intérêts.

La capacité du modèle socialiste cubain à monter en puissance et à surmonter les épreuves a, à nouveau, été mise en évidence, tout en menant des actions de solidarité auprès d’autres peuples dans le monde. À Cuba, où l’accès à la santé est garanti à égalité pour tous sans distinction d’aucune sorte, nous réussirons à arrêter la propagation de ce virus grâce au travail coordonné et efficace de tous ceux qui interviennent à chaque étape du processus.

Nous exhortons les électeurs et le peuple en général à parvenir jour après jour à une plus grande organisation et une plus grande discipline en réponse à l’appel du gouvernement et du Parti pour faire face avec succès à cette pandémie. Je suis certain qu’en étant unis, comme l’a dit le camarade Díaz-Canel, nous vivrons et nous vaincrons !