Des sportifs des États-Unis font entendre leur voix au CIO

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L’ancien sprinter John Carlos, passé à la postérité pour avoir levé le poing, avec son compatriote Tommie Smith, sur le podium du 200 m aux Jeux de Mexico en 1968, figure parmi les signataires d’une lettre adressée au Comité international olympique (CIO), demandant la suppression de la Règle 50 de cet organisme

Francesca Solleville, les as chantés sur un texte et une musique de JM Brua https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiw6Pa0mtzqAhVPKBoKHXpoBzUQtwIwCHoECAQQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3De7aHtWBQruo&usg=AOvVaw1HgBy3fv2mhpJZrBauPwqB

« Les athlètes ne seront plus réduits au silence. Nous sommes maintenant à la croisée des chemins. Le CIO et l’IPC (Comité paralympiqueinternational) ne peuvent pas continuer à punir ou à éliminer les athlètes qui défendent leurs convictions, surtout lorsque ces convictions illustrent les objectifs de l’Olympisme. Le mouvement olympique et paralympique honore simultanément des athlètes comme John Carlos et Tommie Smith, tout en interdisant aux athlètes actuels de suivre leurs traces », peut-on lire dans le document.

La Règle 50 de la Charte olympique stipule qu’ « aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ».

Les sportifs qui enfreignent ces règles sont passibles de sanctions, comme celles subies par les coureurs John Carlos et Tommie Smith, lorsque lors de la cérémonie de remise des prix de la course de 200 m aux Jeux de Mexico de 1968. Rappelons que les deux vainqueurs des médailles de bronze et d’or, avaient baissé la tête et levé le poing ganté de noir pour protester contre la ségrégation raciale dans leur pays. Après ce geste, ils avaient été exclus de la délégation et expulsés du Village olympique.

Le CIO avait publié des lignes directrices en janvier précisant que les manifestations interdites comprennent la pose d’un genou à terre, comme l’avait fait Colin Kaepernick en 2016, qui a été banni des terrains de football américain.

Ce signe de protestation contre le racisme a gagné en force dans les stades aux États-Unis, ce qui a poussé Donald Trump à faire des commentaires désobligeants, appelant à l’expulsion des sportifs qui suivraient l’exemple de Kaepernick. Ainsi, l’ex-quarterback des 49ers, qui a ouvert un débat national aux États-Unis, va faire l’objet d’un documentaire.

CONTRE LE RACISME, MAIS…

À la suite de l’assassinat de George Floyd le 25 mai, le président du CIO, Thomas Bach, a déclaré qu’il soutenait la lutte contre le racisme et la discrimination, à condition que les principes de l’organisation qu’il dirigeait soient respectés.

Bach a appelé les sportifs à manifester dignement contre le racisme, mais il estime que la pose d’un genou à terre durant l’hymne national est un symbole de la lutte antiraciste formellement interdit par la Charte olympique.

« Nous avons totalement soutenu l’initiative de la commission des athlètes (du CIO) de dialoguer avec ses homologues du monde entier pour explorer les différentes façons dont les athlètes olympiques peuvent exprimer leur soutien aux principes contenus dans la Charte olympique de façon digne », a-t-il déclaré le 10 juin lors d’une conférence de presse téléphonique à la suite d’une réunion de la Commission exécutive du CIO, tenue par visioconférence, a rapporté l’agence Prensa Latina.

Comment interpréter l’expression « manifester de manière digne » à laquelle se réfère l’organe directeur du sport olympique ?

Il est clair que cette réponse n’a pas convaincu les sportifs et les militants noirs étasuniens, qui continuent donc à exiger l’abrogation de la Règle 50.

« Le mouvement olympique et paralympique honore simultanément des athlètes comme John Carlos et Tommie Smith, tout en interdisant aux athlètes actuels de suivre leurs traces », souligne la lettre du Conseil consultatif des athlètes du Comité olympique et paralympique des États-Unis (USOPC AAC) adressée au CIO.

Si l’on sait que le football et le football américain, sous la pression sociale provoquée par l’assassinat de George Floyd, ont reconnu le droit des joueurs de ces disciplines à manifester contre le racisme aux États-Unis, le Comité international olympique changera-t-il de position ?