L’égalité des sexes est encore loin d’être une réalité dans le sport professionnel

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Même si l’inclusion de la CBF dans la liste des fédérations qui prônent l’équité salariale a constitué un nouveau pas en avant, le chemin à parcourir est encore long et le succès dépendra dans une large mesure de la cohérence des politiques gouvernementales et de la pression accrue des médias

Auteur : Iris de la Cruz Sabori | informacion@granmai.cu

Marta Vieira Da Silva, avec 17 buts en cinq Coupes du monde, est considérée comme la meilleure buteuse de tous les temps dans ces compétitions. Photo : Reuters

Récemment, la Confédération brésilienne de football (CBF) a annoncé que les hommes et les femmes de l’équipe nationale senior recevront le même montant pour les primes et les indemnités journalières pendant les périodes de préparation et les matches.

Rogério Caboclo, président de la CBF, a expliqué lors d’une conférence de presse que cette égalité de rémunération a été adoptée lors de la première convocation de l’équipe féminine en mars 2020. La fédération brésilienne a souligné que « lors de la prochaine Coupe du monde (en 2023), les primes seront les mêmes, proportionnellement à ce qui est attribué par la FIFA. Ainsi, les joueuses vont gagner autant que les joueurs, il n’y a plus de différence de genre, la CBF traite hommes et femmes de façon égalitaire ».

En réponse à cette annonce, la footballeuse Marta Vieira Da Silva, élue six fois meilleure joueuse du monde, a déclaré à CNN Brésil que « nous sommes très heureuses de cette décision. Qu’elle intervienne tôt ou tard, mieux vaut tard que jamais ».

Elle a ajouté que « les préjugés et le machisme finissent par entraver le développement de ce sport, comme l’investissement dans le football féminin afin qu’il puisse fournir la structure nécessaire pour que le sportif puisse consacrer 24 heures en tant que professionnel, comme c’est le cas pour les équipes masculines. Il est important de profiter de ce moment pour poursuivre le travail que de nombreux sportifs, anciens en activité, ont commencé il y a quelque temps et dont nous commençons maintenant à récolter les fruits ».

Ainsi, le Brésil rejoint la petite liste des pays qui ont établi une telle parité. Les fédérations de Norvège, de Nouvelle-Zélande et d’Australie ont convenu en 2017, 2018 et 2019, respectivement, de garantir l’égalité des salaires, des primes et du parrainage de leurs équipes nationales.

Toutefois, l’écart salarial continue de se creuser. Le sport féminin a tendance à avoir des salaires plus bas, moins de sponsors et une présence moindre dans les médias. Pour ne citer qu’un exemple, le Brésilien Neymar, du Paris Saint-Germain, a reçu 36,5 millions d’euros lors de la saison précédente, soit le même montant que 1 693 joueurs des ligues française, allemande, anglaise, étasunienne, suédoise, australienne et mexicaine réunies.

En 2019, les mieux payés des deux sexes ont été Alex Morgan et Lionel Messi : la Nord-américaine a gagné 408 000 euros, contre 112 millions pour l’Argentin, selon le magazine L.Football.

L’équipe féminine des États-Unis, championne de la Coupe du monde Canada-2015, a remporté 1,6 million d’euros, tandis que les Bleus de Didier Deschamps, vainqueurs de Russie 2018, ont empoché 30 millions. En 2015, la Coupe du monde féminine a été le deuxième événement sportif le plus suivi aux États-Unis, après le Super Bowl, la finale de la ligue de football américain.

Ce phénomène ne touche pas seulement le football, mais il s’étend au sport en général, à la seule exception du ski. D’autres disciplines comme le basket-ball affichent des différences encore plus marquées. La ligue professionnelle étasunienne de basket-ball féminin (WNBA) est la mieux payée ; cependant, la basketteuse la mieux payée gagne un cinquième du salaire le plus bas de la NBA, la ligue masculine.

Quant au tennis, il a atteint la parité en ce qui concerne les prix des quatre tournois du Grand Chelem, mais pas dans toutes ses compétitions. En fait, deux joueuses de tennis figurent parmi les 100 sportifs les mieux payés en 2020, selon Forbes : Naomi Osaka, récente gagnante de l’U.S. Open, et Serena Williams, respectivement 29e et 33e.

Certains propos ont suscité des réactions : Frank de Boer, ancien footballeur et actuel entraîneur d’Atlanta United, de la MLS, estime qu’ « il est ridicule de penser à égaliser les salaires des hommes et des femmes dans le football, étant donné qu’ils ne génèrent pas le même montant de droits et de sponsoring ». Quant au tennisman espagnol Rafael Nadal, il plaide pour un salaire en fonction de que l’on génère.

L’ancien sprinter Carl Lewis s’est quant à lui prononcé en faveur du droit des femmes à percevoir le même salaire. Lewis est allé jusqu’à qualifier Donald Trump de « misogyne et raciste pour avoir évité les questions d’égalité dans le sport ».

Si l’inclusion de la CBF dans la liste des fédérations qui prônent l’équité salariale a constitué un nouveau pas en avant, le chemin à parcourir est encore long et le succès dépendra dans une large mesure de la cohérence des politiques gouvernementales et de la pression accrue des médias.