Adios Muchachos

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Seize ans après le roman, d’une écriture « cinématographique », la BD. Une BD à ne pas mettre entre toutes les mains !… Plus de trois lustres ont passé, il fallait peut être bien ça. D’après Adiós Muchachos de Daniel Chavarría (1) + un scénar de Matz + des dessins de Paolo Bacilieri, le produit fini est à la hauteur. Le trio a fonctionné. Il suffisait de réunir les talents d’un Cubano-Uruguayen de Cuba, d’un Français de Rouen et d’un Italien de Bologne.

Adiós Muchachos de Daniel Chavarria : 16 ans après le roman, la BD
Par Raph Daniel

Seize ans après le roman, d’une écriture « cinématographique », la BD. Une BD à ne pas mettre entre toutes les mains !… Plus de trois lustres ont passé, il fallait peut être bien ça. D’après Adiós Muchachos de Daniel Chavarría (1) + un scénar de Matz + des dessins de Paolo Bacilieri, le produit fini est à la hauteur. Le trio a fonctionné. Il suffisait de réunir les talents d’un Cubano-Uruguayen de Cuba, d’un Français de Rouen et d’un Italien de Bologne.

Figurer dans une collection tendance de BD (BD, roman graphique ou… one shot ?) quand, à la veille de vos 80 ans (1) comme Daniel Chavarría, vous êtes (resté) un jeune homme en dépit de votre opulente tignasse blanchie sous le harnois, idem pour votre barbe, voilà un nouveau témoignage d’approbation de votre talent, comme une consécration de plus. El Chava doit en rire encore.

[Le « í » accentué espagnol de Chavarría doit inciter à prononcer avec l’accent d’intensité sur cette lettre, même en français]

Et quand à se retrouver, sans avoir rien demandé, dans le catalogue de Rivages/Casterman/Noir (2) en compagnie de Donald Westlake, Jim Thomson, Dennis Lehane, Marc Behm, Elmore Leonard, Marc Villard, James Lee Burke… que du gratin, c’est trouver la fève à la galette des Rois.

L’exemplaire original (1995, Letras Cubanas) à la couverture palie, au format de poche, un peu perdu sur le rayonnage « Romans cubains » n’avait qu’une seule couleur, celle des pages jaunies. Aujourd’hui, les couleurs de Romain Trystram, le quatrième des mousquetaires, relèvent de la pyrotechnie.

Cet Adiós Muchachos (18,50 cm x 26, 124 pages, 18 euros) sera présent (avec Matz et Bacilieri) hors-compétition au 39 e Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (23-26 janvier), rampe de lancement mondial bien connue du 9 e Art. Cette année, le Président du jury sera un protagoniste essentiel de l’histoire contemporaine de la BD mondiale, notamment pour son monumental Maus, Art Spiegelman qui se voit consacrer une vaste exposition rétrospective, riche de plus de 200 pièces originales.

Voir : http://www.bdangouleme.com/
A partir du 9 février, le dernier livre de Daniel Chavarría fera évènement à La Feria Internacional del Libro 2012 de Cuba (où l’Uruguayen réside depuis 1966). Pour la première fois, après quelques décennies de « carrière », il s’est lancé dans les nouvelles. Juguete nuevo (littéralement Jouet neuf) réunira en effet 16 nouvelles, accompagnées d’un CD où l’auteur lit huit nouvelles inédites…

Adiós Muchachos c’est l’histoire d’Alicia qui n’a pas froid …aux yeux
« A Cuba, les « Jineteras » sont des jeunes filles qui chassent le riche touriste étranger dans l’espoir qu’il les entretiendra pour un temps, ou mieux, leur proposera le mariage. Alicia a une méthode bien à elle qui consiste à porter un short court et très étudié, à monter sur une bicyclette traficotée, et à parcourir les rues de La Havane...

C’est ainsi qu’un jour elle ramène dans ses filets le beau Juanito, cadre mexicano-canadien expatrié. Ils vont former une sorte de couple idéal, jusqu’à ce que le conte de fées vire au cauchemar... Le plus escroc des deux n’est pas forcément celui qu’on croit ! » (présentation de l’éditeur)

Adiós Muchachos, la BD, Fiche technique
Daniel Chavarría en 100 mots (3) : Né en 1933 en Uruguay, Daniel Chavarría a fait ses universités en Europe avant de retourner en Amérique latine. Soutien logistique aux guérilleros colombiens, il trouve refuge à Cuba en 1966, où il réside depuis lors. Traducteur, professeur, grand érudit, il est devenu une des voix majeures du roman policier "latino" avec La Sixième Île, Un thé en Amazonie (Prix Hammett 1992), L’Œil de Cybèle (Prix Planeta 1993).

Publié à Cuba en 1995, Adiós Muchachos lui a valu en 2002 la reconnaissance des Mystery Writers of America (États-Unis) qui lui ont décerné l’Edgar du meilleur roman édité en poche.
Matz pour le scénario

Matz, alias Alexis Noient, né à Rouen en 1967, a grandi sous le soleil de La Martinique. Il crée chez Casterman les séries Le Tueur (9 tomes parus) et Cyclopes (4 tomes) avec Jacamon, la trilogie Du plomb dans la tête avec Colin Wilson, Nuit de fureur avec Miles Hyman et la série Shandy (2 albums parus) chez Delcourt, avec Bertail.

Il a également créé et co-dirige la collection Rivages/Casterman/Noir. Par ailleurs, il a publié un roman, La Nuit du vigile et traduit Pierre qui roule de Donald Westlake, Quand tout se fait la malle de Mike Hodges et Anesthésie générale de Jerry Stahl. Il a aussi participé aux scénarios de nombreux jeux vidéo édités par Ubisoft.
Paolo Bacilieri pour les dessins
Paolo Bacilieri étudie à l’Académie des beaux-arts de Bologne avant de faire son entrée dans le monde de la bande dessinée en 1982. Il dessine dans plusieurs magazines européens : Blue, Comic Art, Corto Maltese (Italie), À Suivre et L’Écho des savanes (France). Il crée deux albums pour Casterman : Le Trésor des Imbalas et Barokko. En Italie, il publie Durasagra, Venezia über Alles, The Supermaso Attitude et Zeno Porno. Il travaille aussi pour Sergio Bonelli Editore dans les séries Napoleone et Jan Dix.

Les familiers de La Havane y trouveront leur compte dans cet Adiós Muchachos, version 2011. Les mêmes décors que ceux du roman, inspiré de près ou de loin de certaines facettes de la société cubaine du début des années 90. Si Daniel Chavarría devait réécrire aujourd’hui son roman, écrirait-il quelque chose de plus hard ou autre chose, inspirée de près ou de loin du début des années 2000 ? La question – qui relève d’une spéculation abstraite- restera sans réponse.


NOTES :
(1)- Daniel Chavarría avait …45 ans quand il publia à Cuba son premier roman « Joy » et...63 ans quand il fut traduit pour la première fois en français (1996). Sept de ces livres sont disponibles en France, chez Rivages : Un thé en Amazonie (1996, traduction de Jacques François Bonaldi) / Adios Muchachos (1997, JFB)/ L’oeil de Cybèle ( 1997, René Solis et Mara Hernandez)/ Boomerang ( avec Justo Vasco, 1999, JFB (7), Madrid, cette année-là (2001, Hélène Gisbert, premier livre autobiographique)/ Le rouge sur la plume du perroquet (2003, JFB)/et La sixième île ( 2004, René Solis).

(2)- Lancée conjointement par Payot/Rivages et Casterman, cette nouvelle collection de « one shots » prolonge en bande dessinée les grands romans noirs publiés sous la jaquette des éditions Rivages Noir. Cette collection propose aussi bien des récits en couleur qu’en noir et blanc, dans des formats variables allant de 80 à 128 pages.

(3)- Sans comparaison avec les 589 pages (à peine) de Daniel Chavarría lui-même quand il raconte sa vie dans Y el mundo sigue andando, Memorias (Ed.Letras Cubanas, La Habana, 2008) non traduit en français. Pour les francophones hispanophones, à lire d’urgence. 589 pages jubilatoires. Traducteurs à vos claviers
Suivra : « Les « vagabondages » de Daniel Chavarría » (r.g.b)