FAUTE D’ALIMENTS COMPLETS , DES PLANTES PROTEAGINEUSES

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Auteur : Freddy Pérez Cabrera
Publié dans Granma le 1er octobre 2020

Si le programme des plantes protéagineuses se développait, le cheptel augmenterait et par conséquent, il en serait de même pour les productions de lait et de viande .
Irenaldo Delgado Mora, Directeur de l’Etica Centro, souligne le travail de cet organisme scientifique, dont l’objectif est de pouvoir obtenir des banques de semences de plantes protéagineuses.

VILLA CLARA- La culture de l’importation qui a primé ces dernières années, qui nous a habitués à recevoir, comme nous disons en bon cubain, « por la canalita », les aliments pour les animaux nécessaires pour promouvoir la production bovine et porcine à Cuba a fait que le programme de développement des plantes protéagineuses n’ait pas avancé dans les délais requis.

Conçue par Fidel depuis une décade environ, la proposition comprend plusieurs projets : un dédié a la Moringa comme complément alimentaire pour les humains, l’autre destiné à la production de semence agamique et botanique pour les plantes protéagineuses ; un troisième orienté sur le développement des prairies et fourrages pour l’alimentation animale, et le dernier destiné à l’obtention d’aliments complets à partir de ces plantes, pour animaux monogastriques et polygastriques.

Un coup d’oeil sur ce sujet à Villa Clara, montre tout ce qui reste à faire dans une affaire qui s’est avérée extrêmement efficace comme alternative pour augmenter la production de protéines animales, encore plus maintenant que redoublent les difficultés internes pour obtenir les matières premières permettant de fabriquer les aliments complets, au milieu d’un contexte de crise internationale auquel s’ajoute la politique d’étranglement des Etats Unis contre Cuba avec son maintien de l’embargo et sa traque financière.

Parfois le manque de volonté et de méthode de quelques-uns pour la mise en œuvre, d’autres fois la méconnaissance ou le manque de semences nécessaires, et aussi les entraves burocratiques, qui empêchent l’attribution opportune des terres en friche aux producteurs, s’avèrent être les principales causes de cette lente avancée particulière à ce programme sur le territoire.

Ainsi, par exemple, alors que pour cette année il était prévu de semer 425,8 ha, il se trouve que, en réalité, on en a planté seulement 223,5, c’est à dire un peu plus de la moitié, d’après les explications données par Fausto Vega Herrera, spécialiste des techniques agricoles à la tête de ce programme à la Délégation Provinciale de l’Agriculture.

« Le manque de combustible une bonne partie de l’année et les pluies intenses des derniers mois ont empêché de semer les quantités prévues », précise Vega Herrera, qui souligne que les exploitations de Corralillo et Macún, où étaient prévues les plantations les plus importantes, ont à peine avancé pour ces raisons-là.

Il déclare qu’à Villa Clara, comme dans tout le pays, cela a été problématique d’obtenir la quantité de semence nécessaire pour cette entreprise, surtout pour la moringa et le mûrier, semences qu’ils pourront avoir, pour une certaine quantité, à partir de novembre. Il reconnaît également que les plantations doivent être développées en fonction du type de sol.

En ce qui concerne les structures les plus avancées dans la plantation de plantes protéagineuses, il mentionne La Vitrina, à Manicaragua, qui a planté 200 ha, tandis que dans les autres exploitations d’élevage bovin et porcin les chiffres sont dérisoires.

Un tel panorama contribue aussi à la situation critique de l’élevage sur le territoire, qui présente un taux de natalité bas et une mortalité élevée chez les bovins à cause du manque d’eau et de nourriture, ce à quoi s’ajoute l’absence de livraison de lait à l’industrie ; tout ceci aurait pu être différent si le programme des plantes protéagineuses avait marché cette dernière décade.

APPORT DE LA SCIENCE
Même si on reconnaît que les aliments traditionnels, à base de maïs et soja, font que les animaux grandissent plus vite. Il est certain aussi que les plantes protéagineuses comme la Moringa, le Mûrier, la Tithonia et la Cratylia, en raison de la haute valeur nutritionnelle de leurs feuilles, peuvent contribuer aussi à soutenir la production de l’élevage bovin et porcin à Cuba.

Dans des contextes comme celui que vit notre pays actuellement, il est insoutenable de continuer à dépenser plus de 800 millions de dollars dans l’achat de blé, soja, et maïs , destinés à l’alimentation animale, d’où l’importance d’encourager des programmes, comme celui des protéagineux, menés aujourd’hui par l’ Institut des Sciences, Technologie et Innovation ( ECTI) Sierra Maestra, qui relève du Conseil des Ministres.

Dans ce sens-là, l’apport de la science à la réussite de cet objectif est vital dans les meilleurs délais possibles, d’où l’effort réalisé aujourd’hui par des instituts scientifiques comme la Station des Prairies et Fourrages Indio Hatuey, l’Institut des Sciences Animales (ICA), le Centre National pour la Production des Animaux de Laboratoire ( Cenpalab), et la Station Territoriale des Recherches sur la Canne à Sucre ( Etica Centro Villa Clara), entre autres institutions.

A ce sujet, le master en Sciences Irenaldo Delgado Mora, directeur de l’Etica Centro, entité située dans la municipalité de Ranchuelo, fait remarquer que, comme leur objectif est de pouvoir disposer de banques de semences pour la vente de matériau de plantation aux producteurs, ils développent aujourd’hui dans ce centre plusieurs protocoles de reproduction par des « estacas » piquets et des plantes in vitro de trois sortes de variétés protéagineuses ( Mûrier , Cratylla et Tithonia).

Il mentionne que pour réaliser ce travail, ils ont pu compter sur l’appui de plusieurs institutions, également associées à ce projet, et qui leur ont fourni des plants de Mûrier, des semences botaniques de la famille des Cratylia et des pousses de l’espèce Tithonia, matériau utilisé là – bas pour la mise en place d’une banque de plantes mères cultivées dans des conditions semi contrôlées.

D’après le spécialiste, dans le cas spécifique du Mûrier, on a développé une méthodologie autochtone pour la reproduction par piquets de deux des cultures de cette espèce et on a obtenu des pourcentages élevés de germination et d’enracinement, suite à quoi on installera une pépinière pour augmenter la production du matériau de base à 5 000 plantes mères en tout.

«  Ce projet permettra la production tous les trois mois de 40 000 nouvelles plantes", mentionne Irenaldo Delgado Mora, qui ajoute aussi qu’est mis au point un protocole pour la reproduction in vitro des deux cultures.

Afin de faciliter la plantation des plantes protéagineuses, l’Etica Centro Villa Clara a, entre autres, le projet de livrer l’année prochaine 200 000 plants de ces espèces aux Banques de Semences Déposées (BSR), appartenant à l’Entreprise Sucrière de la province.

Conjointement à l’étude du Mûrier, là-bas, on travaille aussi avec l’espèce Cratylia, qui a une faible capacité de germination de ses semences après 15 jours de récolte, d’où l’importance de développer des protocoles ou des méthodes alternatives comme la reproduction in vitro, qui donne 100% de germination, reconnaît le directeur.

En plus de l’Etica Centro, l’Université Centrale « Marta Abreu » de Las Villas et sa faculté de Sciences Agronomiques, travaillent aussi sur divers projets scientifiques destinés à assurer l’alimentation animale par l’emploi de plantes protéagineuses.

Informations du Président

Le Président Miguel Diaz -Canel Bermudez a mis l’accent sur la généralisation de l’utilisation des protéagineux, car « il est nécessaire que dans tous les territoires, on s’attache à développer ces plantations, car cela nous permettra, entre autres avantages, de disposer d’aliments pour les animaux, en les utilisant comme fourrage, et de matières premières pour la fabrication des aliments complets".

Il a précisé que, même si des solutions comme celles- là ne résolvent pas le problème dans son ensemble, elles constituent un complément important qui a fait ses preuves plus d’une fois.

Il nous a aussi engagé à étendre ce programme si nécessaire de Sierra Maestra, dont la finalité est d’obtenir du lait et de la viande seulement avec du fourrage et des plantes protéagineuses, sur de plus grandes superficies dans la « Mayor de las Antillas ».

En particulier, à propos de ce programme, il a fait valoir qu’il faut tenir compte des avantages des plantes protéagineuses pour l’alimentation animale, éprouvés déjà dans différents scénarios, et qui constituent des alternatives offrant des réponses, mais « il faut un plan concret de plantation des surfaces, d’entretien et d’utilisation de chacune d’entre elle.